A chacun son sommet

A chaque fin d'été, le voilà qui revient, ce Tour du Mont Blanc. Et comme en 2004, puis toutes les années suivantes, le Pilou est de la partie. Pourquoi ? Difficile de trouver les mots adéquats. Disons simplement que cette épreuve est pour moi une véritable aventure, en osmose parfaite avec la montagne.

Qui plus est, autour de ce magnifique Massif du Mont Blanc. 3 pays traversés : la France, l'Italie et la Suisse. 7 vallées et le franchissement de nombreux cols, dans un univers fait de forêts, d'alpages, de roches et de glaces. Des panoramas à couper le souffle… aux lueurs du crépuscule… ou du petit matin. En pleine fraicheur… ou en plein cagnard.

Plus de 400 sommets, dont les mythiques Grandes Jorasses et l'Aiguille Verte, la Noire de Peuterey, la Face Italienne du Mont Blanc, les Drus, le Mont Dolent, la Dent du Géant… Des ambiances magiques à Saint Gervais, le vin chaud de la Balme, la clameur aux Chapieux, le vieux village de Dolonne, le Grand Col Ferret, Champex et son Lac, Bovine et Catogne, cette fameuse Tête aux Vents… et le final après la Floria. Une aventure sportive et humaine. Un cheminement intérieur. Un partage de tous les instants.

Pour préparer cette édition 2009, j'ai essayé de trouver un équilibre entre des trails que je souhaitais faire, des week ends chocs, mon engagement avec les Dunes d'Espoir, le partage avec les amis et la famille. Et ce qui fera certainement la différence, j'ai rejoint un sacré bon groupe de potes, « les euskal runners », des basques, des bretons, des landais, des périgourdins, des béarnais… Une ménagerie où la bonne humeur, l'engagement, le dépassement, le respect et le plaisir sont les bases même de notre amitié.

Bien sûr, lors de cette préparation, tout ne s'est pas déroulé comme je le voulais. De la méforme, une blessure… mais aussi de sacrés bons moments dans l'Anti-Atlas Marocain, l'Euskal Runner Camp et la "fameuse" Lémur Cup, la Petite Trotte à Pilou… Et tous ces magnifiques trails auxquels j'ai pris part, avec notamment le Trail de la Sainte Victoire et le Grand Raid du Mercantour, deux épisodes clés pour me forger un mental – et surtout – beaucoup apprendre sur moi-même et la pratique de ce sport.

En tant que multiple finisher de l'UTMB, je n'ai pas de conseil particulier à donner. Je peux juste dire que l'UTMB est une aventure qui se construit mentalement et physiquement. Ce n'est ni un voyage organisé, ni une ballade. C'est une course de 166 km et 9400 md+ dans un univers montagnard, avec tous les aléas qui y sont liés. Toujours garder à l'esprit que l'on fait cela pour le plaisir avant tout. Je me permettrai de reprendre ici les 25 conseils – forts avisés – transmis par les organisateurs de l'Ultra Trail du Mont Blanc.

5 conseils logistiques

• Essayer dans la mesure du possible de dormir sur place la veille de la course (ainsi que le lendemain).
• Porter des chaussures et éventuellement des semelles adaptées, à la bonne pointure.
• Avoir éprouvé tout son matériel à l'entraînement pour ne pas avoir de mauvaise surprise.
• Ne pas prendre trop de matériel dans son sac, qui serait un poids inutile à porter.
• Respecter le matériel obligatoire, et ne pas hésiter à l'adapter aux conditions météo.

5 conseils stratégiques

• Programmer la bonne course au bon moment, avec le bon objectif.
• S'entraîner adéquatement à l'objectif visé.
• Ne pas partir trop vite !
• Quand ça va moins bien, ralentir et attendre que ça revienne.
• Ne jamais rendre son dossard sur un coup de tête.

5 conseils médicaux

• Ne forcez pas trop sur l'automédication, en particulier les anti-inflammatoires.
• Préférez du Paracétamol pour les douleurs, mais n'en prenez surtout pas trop.
• Ne pas attendre qu'un « bobo » (ampoule, échauffement) dégénère avant de s'en occuper.
• S'adresser aux médecins de la course si vous avez un problème que vous n'arrivez pas à identifier, ou que vous ne pouvez pas soigner vous-même.
• Acceptez l'avis des médecins, qui ne sont pas là pour vous frustrer, mais pour vous aider à préserver votre intégrité physique.

5 conseils mentaux

• Arriver frais et ressourcé le jour de l'épreuve.
• Avoir bien visualisé la course dans son ensemble.
• Découper le parcours en petits tronçons afin de rendre la tâche plus abordable.
• Quand ça va moins bien, essayer de se focaliser sur le paysage, les autres coureurs…
• Ne pas hésiter à évoquer des images positives, comme votre franchissement de l'arrivée, comme moyen de se relancer.

5 conseils alimentaires

• Essayez de faire une recharge glucidique les jours précédant l'épreuve.
• Ne pas se présenter au départ déshydraté.
• Éviter ou du moins limiter les nouveautés (boissons énergétiques par exemple) pendant la course.
• Boire très régulièrement par petites gorgées. Par exemple deux gorgées tous les quarts d'heure.
• S'alimenter très régulièrement également, en n'oubliant pas des apports salés.

Pour cette sixième participation, que je ne sous estime pas, tant cette épreuve est difficile physiquement et moralement, je souhaite – déjà - la terminer, puis passer sous la barre des 30 heures serait un réel accomplissement. Certains pensent qu'en courant, on ne voit rien des paysages. Ils se trompent. Nous avons simplement d'autres sensations.

Face à de telles épreuves (jugées déraisonnables il y a quelques années), certains nous comprennent, d'autres pas… « Mais qu'avez-vous fait pour mériter ça ? » « Et vous payez en plus ? ». Le trail, et l'Ultra Trail encore plus, c'est une aventure intérieure qui a d'autant plus de valeur, lorsqu'elle est partagée.

D'avance, je remercie tous ceux qui me soutiennent et m'encouragent. Et je souhaite une belle course à toutes et à tous ! Que ce soit sur l'Ultra Trail du Mont Blanc, le Courmayeur-Champex-Chamonix, la Petite Trotte à Léon, la Trace des Ducs de Savoie et aussi le Grand Raid des Pyrénées (Pilou aime – aussi – les Pyrénées !!!).

Coureurs, bénévoles, supporteurs, organisateurs… beaucoup d'étoiles vont briller dans les yeux et le ciel de ce dernier week-end d'août. Là où il y a une volonté, il y a un chemin.

Et alors cet UTMB 2009, ce fut comment ? Un long voyage, à lire ici