A chacun son sommet

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TRAIL DE LA SAINTE VICTOIRE 09 : Y’a d’la joie

 

 

Y'a d'la joie, bonjour, bonjour les hirondelles. Y'a d'la joie, dans le ciel par-dessus le toit. Y'a d'la joie et du soleil dans les ruelles. Y'a d'la joie, partout y'a d'la joie. Ce refrain de Charles Trenet a rythmé ce premier week-end d'Avril. Deux jours en Provence, où comme d'habitude, j'ai profité au maximum de tout ce qu'offre un trail : les paysages, les parcours, les rencontres, l'ambiance, les amis…  

 

 

Et pour tout dire, j'ai franchement été gâté. Moi qui ne connaissais la Sainte Victoire que par les peintures de Cézanne, j'ai pu en fouler ses chemins rocailleux, ses crêtes acérées comme des lames. Du haut de ses 1 011 mètres d'altitude, nous avons eu un panorama grandiose sur tout le Pays d'Aix. Nous avons pu – grâce à un circuit magnifique – arpenter cette "petite" montagne de 18 km de long et 5 km de large. 

 

 

Le Trail de la Sainte Victoire, c'est une épreuve à laquelle je songeais depuis un bon bout de temps. Il faut être vraiment bien en forme pour pouvoir donner le meilleur de soi. Ce ne fut pas mon cas. J'étais fatigué et inquiet par une douleur au mollet gauche. En effet, suite à un « incident de la circulation » en fauteuil roulant lors de notre arrivée à l'aéroport au retour de La Piste des Oasis, mon talon d'Achille droit a eu de grosses frayeurs. Du coup, j'ai surcompensé sur la jambe gauche pour me préserver… et cela a provoqué une légère contracture au mollet. 

 

 

Richard, un copain de Pierre, qui outre sa gentillesse, a la qualité d'être ostéo, a fait des miracles sur mon mollet le samedi soir. Nous passons une belle soirée chez Pierre et Cath (des Duneurs), à parler du Maroc et de cette formidable semaine. Encore merci pour l'accueil que vous nous avez réservés. La nuit me portera conseil. Je suis résigné à ne pas prendre le départ si la douleur au mollet reste trop vive, pour ne pas prendre le risque d'être privé de trail pendant 6 mois (les mots choisis de Richard résonnent dans ma tête). 

 

 

Réveil 6h00. Un bon petit déjeuner. Toute la petite troupe prend la direction de Rousset. Nous y retrouvons Niko. Il a l'air en forme. J'ai plaisir à rencontrer « en vrai » Yanshkov et Romain, des passionnés, comme nous, de sports nature. Petite séance d'échauffement avec le lémurien... Et puis, nous prenons le départ… et tout s'est bien passé. J'ai décidé de faire le Trail en rando-course, et je suis attentif aux sensations. 

 

 

La première heure, mon mollet m'inquiétait. D'autant que je ne courais pas « normalement ». Puis la douleur s'est faite oubliée… et j'en ai conclu que je pouvais poursuivre la ballade. Bien sûr, ça m'a handicapé pour courir, car je posais la totalité du pied au sol, alors que je suis plutôt habitué à ne poser que l'avant du pied (surtout en descente). 

 

 

Dans tous les cas, je me suis adapté à cette situation. J'ai certes manqué de prudence, en prenant le départ, mais j'ai aussi su m'écouter en me modérant. Et même sans ce souci au mollet, en toute sincérité, je ressentais encore la fatigue du voyage marocain. Nos organismes ont été pas mal sollicités... et j'ai vécu cette Piste des Oasis en joëlettes à 200%. Du coup, lorsque c'était un peu pénible (ne pas pouvoir sauter de rochers en rochers, comme j'aime tant…), la petite musique de Charles Trenet « Y'a d'la joie » trottait dans ma tête. 

 

 

Je ne sais pourquoi. Tellement adaptée à la situation : les bénévoles qui sourient tout le temps, les nombreux randonneurs pas avares en encouragements, Lolo qui a gagné une Sunto au tirage au sort du TEBA, Niko qui semble vraiment en forme, le plaisir de revoir les Duneurs : Pierre et Cath, Samira et Alain, la beauté du Massif de la Sainte Victoire… 

 

 

Pour en revenir au Trail en lui-même, le parcours est absolument superbe et nous fait faire tout le tour de la Montagne de la Sainte Victoire. Sur le profil, ça semblait roulant… mais sur le terrain… ça l'est moins ! Les senteurs de romarin embaument l'air et les couleurs de la roche sont magnifiques. Vu mon rythme de progression… j'ai pu profiter à loisir du paysage… et quel paysage ! La Sainte Beaume, le Massif de l'Étoile…  

 

 

Les premiers km sont roulants, nous passons ensuite le Collet du Suberoque pour atteindre l'Antenne du Plateau de Cengle et ensuite, droit dans la belle montée. Et une sacrée belle montée. A un moment, c'est pratiquement de la varappe. C'est la première fois que je fais cela sur un trail. Un très bon moment. Et encore merci aux organisateurs de nous proposer un tel tracé. Du trail authentique, technique et rugueux. Toutes les crêtes sont difficiles à courir. Une succession de lames rocheuses sur cette épine dorsale. Nous voilà à la Croix de Provence, et le Prieuré de la Sainte Victoire. Pause photo obligatoire. 

 

 

Ensuite, c'est une descente qui nous conduit à Cabassel, premier ravitaillement. Et quel ravito ! Je me laisse tenter par un petit sandwich au saucisson. Jacquot m'a écrit de bien m'alimenter… j'applique ses conseils. Je repars avec un gars sur une partie plate, un peu monotone. Il me parle de son beau pays et de ses terrains d'entraînement. Puis c'est à nouveau un beau single. J'ai ensuite droit à un encouragement qui me fait méditer : « C'est le début de la semaine Sainte… chemin de Croix assuré… et vous allez être servi ! ». Original, non ? 

 

 

Je suis toujours très surpris par tous ces traileurs qui courent avec des MP3 (ou des I-Pod, j'ai pas d'action). Moi, j'ai besoin d'écouter, de discuter, de partager… avec les autres coureurs, avec les bénévoles, avec les supporters… Cela me semble presque une ineptie de courir en musique dans un tel environnement. Mes pensées font partie intégrantes de chaque trail et je me nourrie des échanges pour renforcer mon mental. 

 

 

La deuxième section se passe bien. Nous partons pour le Pic des Mouches. A la Table d'Orientation, je fais encore quelques photos. Je m'imprègne du paysage. Puis j'entreprends la descente. A aucun moment, je ne laisse aller la machine. Je sais que mon principal défaut, c'est l'excès d'enthousiasme. Mais là, je suis extrêmement vigilant, tant je crains de réveiller la douleur. 

 

 

Arrivé au ravito de Puyloubier, j'ai la surprise de retrouver Lolo le Sanglier. Il semble mal en point. Physiquement, mais surtout mentalement. Je l'encourage à venir avec moi, ce serait sympa de terminer ensemble. Il reste 18 km. Mais Lolo n'a plus envie. Il a déjà rendu les armes. Dommage. Je me rafraichis à la fontaine… et je repars. 

 

 

J'ai retrouvé mon compagnon de route de tout à l'heure. Il me détaille le dernier morceau de choix que nous offre ce Trail : la remontée au Refuge Baudino. Nous avons un bon petit rythme. Il commence à faire chaud. A ce moment là, j'ai l'impression de rentrer dans le cadre d'un tableau de Cézanne : la Sainte Victoire est devant nous, elle semble sortir des vignes, avec même un petit cabanon si typique. Je reconnais ce passage. Nous sommes venu la veille avec Lolo, Marie et Pierre, pour une petite ballade jusqu'à la Chapelle. 

 

 

Un petit air frais me fait le plus grand bien… la montée devient plus raide, passage de blocs, d'une faille. Je remonte plusieurs gars qui sont oxys. Une fois atteint le Refuge Baudino, nous prenons le chemin du retour pour boucler la boucle. Traversée des champs, une dernière petite bosse (je l'avais oubliée celle-là…). Je suis surpris par ma forme. Je ne sens plus mon mollet, mais je reste très prudent. Je sais que le cerveau agit certaines fois pour masquer certains signes, mais qu'après, le retour aux réalités est douloureux. 

 

 

Ces derniers km sont un peu monotones, mais il faut bien rejoindre Rousset. J'ai la surprise de voir Guillaume sur le bas côté. Il m'encourage vivement. Encore une petite demi-heure me dit-il. Venant de lui, je le crois sur parole. Je m'enquière de savoir si tout s'est bien passé. Dans un large sourire, il me dit être très satisfait de sa septième place. Très content pour lui, d'autant que le plateau cette année était extrêmement relevé. 

 

 

Je franchis la ligne d'arrivée en un peu moins de 8h00, pour 50 km et 2800 d+. Une magnifique sortie longue pendant laquelle j'ai pu profiter de tout ce qu'offre ce Grand Site de la Sainte Victoire. Je me ravitaille, puis je vais voir les résultats. J'apprends que Niko est second. Je suis super heureux pour lui et ses proches (son récit "de l'intérieur" ici). 

 

 

La beauté de la Sainte Victoire 

 

Merci aux organisateurs, aux bénévoles, et bravo à tous.

Y'a d'la joie en ces terres de trail… et c'est un bonheur de le partager.



06/04/2009
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