A chacun son sommet

Les terres débordent d’eau en cet hiver 2013. Que ce soit en Bretagne ou ailleurs, le ciel est généreux en précipitations en tout genre. Du coup, le terrain se fait boueux et glissant. La progression sur les chemins est plus exigeante, plus hasardeuse. On déploie plus d’effort pour simplement rester débout. Pour autant, dans la plus pure tradition bretonne, l’esprit est sauf et le Trail Glazig reste un très beau trail, qui nous a encore une fois marqué par sa difficulté. Après quatre participations avec les Dunes d'Espoir, j’ai choisi de revenir pour plusieurs raisons : la découverte de nouveaux parcours, les retrouvailles avec les amis et les connaissances acquises au fil des années, et surtout, pour le partage.

L’équipe d’organisation et les nombreux bénévoles sont très investis pour nous faire découvrir leur pays. Participer à un trail est pour moi l’occasion de satisfaire mon envie de découverte, de voyage et d’introspection. Le Noz Trail nous a proposé un beau circuit de 18 km dans les contrées bretonnes pour venir jusqu’en bord de mer. Un parcours pas forcément très pentu, mais qui a déjà entamé les organismes. Il fallait être prudent et ne pas trop s’engager… pour pouvoir affronter les 43 km du lendemain matin. Un itinéraire assez physique, avec des grèves, des passages de corde, du sable et des rochers. Le tout avec des bénévoles très généreux en encouragements.

Les fumigènes rouges ouvrent le Noz Trail. Plus de 700 participants sont au rendez vous pour cette sortie nocturne. La première portion, dans les terres, nous conduit à Saint Marc, sur la Commune de Tréveneuc. Nous alternons entre de petites portions de route, des pistes et des sentiers. L’eau est partout, alors que nous n’avons pas encore atteint la mer. Nous traversons ainsi quelques hameaux. Le Moulin de Merlet tout en lumières est magnifique. Le premier ravitaillement annonce l’arrivée à Saint-Marc et le GR 34 le long de la mer. Nous sommes tous à la file indienne sur ce sentier parfois escarpé. Direction Saint Quay Portrieux et son port. En chemin, nous longeons la Grève et la Pointe de l’Isnain, puis la Pointe du Sémaphore. Le balisage est parfait.

J’aime toujours autant courir de nuit, avec ces lumières qui s’entremêlent. Nous voilà désormais au Petit Carihuel, signe que la portion en bord de mer va bientôt se terminer. Que ça passe vite. Au niveau du Port, les encouragements sont nombreux. Beaucoup d’enfants sont venus et leur joie est communicative. La dernière partie du trail va s’annoncer épique, avec des sections très boueuses dans les sous-bois. Les cordes mises en place furent bien utiles. Aussi bien dans les côtes, que dans les descentes. Et le passage d’un tunnel à Etables sur Mer va constituer une bonne séance de cryothérapie. A l’approche du stade de Plourhan, la foulée s’allonge un peu pour franchir l’arche d’arrivée. Et au final, un carpaccio de Saint Jacques constituera un ravitaillement de gourmets.

Entre Plourhan, Lantic, Binic, Etables sur Mer et Saint Portrieux, voilà le parcours du trail de 43 km. La portion entre Plourhan et Binic fut très campagnarde. De beaux passages en forêts, à travers un arboretum, le long d’étangs, mais aussi dans des vallons très humides. Les 15 premiers km furent assez piégeux en réalité. Et une fois la Plage de la Blanche atteinte, nous avons droit à un beau morceau face à la mer. En prenant de la hauteur sur les falaises, au niveau de la Pointe de Bréhin, un beau panorama sur la baie de Binic s’offre au regard. Puis nous rejoignons le chemin côtier jusqu’au Petit Havre. Pour s’y rendre, la traversée au pied des falaises est difficile. Les roches sont glissantes. Prudence et vigilance. Toute la difficulté du Glazig réside dans cette hétérogénéité des terrains rencontrés.

Cela va du plus roulant, où il faut savoir relancer. Au assez technique, où la qualité de pied fait la différence. Et l’eau complique les choses. On comprend ainsi pourquoi les bretons sont si bons en trail. La remontée vers le Vau Madec puise dans les organismes. Et le ravitaillement est véritablement le bienvenu. Nous poursuivons vers la Pointe de Bréhin et la Plage de la Blanche pour revenir au Port. Toute cette boucle m’a fatigué. Mais j’ai appris à gérer et ça se passe bien. Après le Port de Binic, nous reprenons le GR en direction de la Pointe du Vau Burel et de la Chapelle Notre-Dame de l’Espérance. La pluie bretonne s’est invitée. Les paysages sont assombris par ce temps maussade, mais il ne fait pas froid. Pour le retour, nous empruntons en grande partie le même itinéraire que sur le Noz Trail. 

Seule une boucle de 2 km, après le Viaduc, a été rajoutée (que certains participants n'ont pas faite. Involontairement ou pas). Ce final est épique et assez éreintant. Les 35 km déjà parcourus ont laissé des traces en ce début de saison. Les sentiers ne sont plus vraiment praticables. Par moment, c’est une ambiance « Diagonale des Fous » en forêt tropicale, avec troncs d'arbres et racines à franchir. J’alterne marche et course. J’apprécie la compagnie de Laurent sur ces derniers kilomètres. C’est ma philosophie du trail. Echanger et partager. En un peu plus de 5 heures, nous voilà de nouveau à Plourhan. Une édition 2013 physique et engagée. Du pur trail. Pas d’aseptisation. Ni dans la forme, ni dans l’esprit. En s’inscrivant au Trail Glazig, on sait à quoi s’attendre, et on en est récompensé à chaque fois. Un grand merci aux organisateurs de préserver avant tout la convivialité et la sportivité. Tout un équilibre.  

Site du Trail Glazig