TEMPLIERS 09 : Chercher Bonheur
Fin octobre, c'est une tradition pour de nombreux traileurs : rendez-vous dans les terres des Templiers, pour de petites ballades en ces belles régions d'Aveyron. Moi, j'ai pris un abonnement pour la grande distance, le 70 km. Ma sixième participation à cette fête du trail.
Pourtant, le profil des Templiers est loin de m'être favorable. Ce n'est pas véritablement montagnard et de nombreuses portions exigent des qualités de coureur à pied. Vu que je suis plutôt orienté sur les trails à fort dénivelé, les sentiers techniques, le pentu en somme… je pourrai bien ne pas y trouver mon compte.
Moi qui aime le calme, l'harmonie avec la nature, les émotions vraies… je pourrai bien prendre mes distances avec cette grande fête du trail, certes, mais qui concentre tant de monde dans un petit village. Avec tout ce marketing autour du trail, cette multitude d'offres qui frise parfois l'overdose.
Et bien non, j'aime cette épreuve. Tout simplement parce que l'alchimie fonctionne. Tous semblent être heureux d'être là. C'est chaleureux et convivial. Et l'organisation est irréprochable. Cerise sur le gâteau : j'ai trouvé le nouveau parcours (remanié à 30 %) absolument magnifique.
Notre camp de base est situé à la sortie de Nant, sur la route de Saint Jean du Bruel, le Domaine de Castelnau. Un superbe accueil de la part d'Isabelle et Dominique, les propriétaires. Nous sommes une petite dizaine à prendre part aux différentes épreuves du Festival des Templiers. Jean-Marc, Fred, Romain et Yann participent comme moi au 70 km.
Entre le Salon des Trails et les discussions avec Valérie et Gérard de l'Andorra Ultra Trail et Samuel du Trail Glazig (pour la participation à ces deux épreuves en 2010 de jeunes handicapés grâce aux joëlettes de Dunes d'Espoir), le retrait du dossard, les encouragements sur le Marathon des Causses (bravo à mon père, 1er V3 !), nous arriverons bien vite à ce dimanche matin. Et je me sens très bien.
En forme même. Pourtant, je sais que la saison a été fort chargée. Je ne suis plus très frais ("la mémoire du corps", théorie du Lémurien). Je n'ai aucun objectif de temps. Je souhaite seulement me faire plaisir pendant toute cette épreuve. Je ne veux surtout pas que mon dernier trail de l'année ne se transforme en galère.
A 4h45, nous sommes sur la ligne de départ, avec Jean-Marc, le Roi Carotte. Nous essayons de trouver Romain et Yann, mais il y a déjà beaucoup de monde. 2800 participants à cette quinzième édition ! En arrivant, j'ai revu avec plaisir Michel Hortala, un grand monsieur de la course à pied. Il commente avec talent ces épreuves. Et ce festival fut un véritable ultra-trail pour lui : l'Endurance Trail, la Kinder Trail, la Templière, le Marathon des Causses, les Templiers. Quel courage !
A 5h00, la pression monte un peu. Il fait curieusement très doux. On se marre bien avec Jean-Marc. Les dernières minutes s'égrènent et je suis toujours très calme et serein. Faut dire que ce parcours, je commence à le connaître. Et je suis content que l'on repasse à nouveau par Trèves.
A 5h10, Gilles Bertrand introduit avec poésie la 15ème édition des Templiers, puis c'est le départ en musique et avec les fumigènes rouges. L'émotion est intacte. Je me laisse porter par la foule dans ces rues de Nant. Il y a un monde fou, c'est impressionnant. Et ces notes d'ERA, ça donne toujours des frissons ! Le Roi Carotte a gardé le bouchon de la bouteille de Pécharmant de la Bergerie de la Rhune (voir l'Euskal Runner Camp II), je suis sûr que ça va lui porter bonheur.
La première partie du parcours, jusqu'à Sauclières, est très piégeuse. C'est très roulant par endroit et certains se laissent emballer. Je reste quant à moi très prudent. Je veux arriver en forme à Dourbies (km 39), pour pouvoir aborder dans les meilleures conditions la Crète du Suquet.
Au bout de 20 mn, nous quittons la route goudronnée pour prendre un chemin. Tout le reste du parcours sera sur des sentiers, des pistes ou des mono-traces. Une petite bavante au km 7 en fait ralentir plus d'un, puis c'est le passage dans les tunnels de l'ancienne voie ferrée. Toujours si grisant.
A Sauclières, Sam du Glazig m'encourage chaleureusement. Ensuite, c'est la longue montée vers le Saint Guiral. Les premières lueurs du jour laissent leurs places à un magnifique lever du soleil. J'en profite pour faire des photos. C'est vraiment grandiose.
Lors de cette montée, je sympathise avec un gars nommé Didier Cornu, un raideur, dont c'est la première expérience de trail long. Il me demande si ça ne me dérange pas qu'il court avec moi. Bien évidement que non ! C'est le principe même du trail. Très sympa. Nous ferons un bon bout de route ensemble. je lui donne des indications sur le parcours, les difficultés à venir... et aussi les panoramas que nous allons découvrir.
A l'approche du sommet du Saint Guiral, le temps se couvre. Le vent se lève. Il fait même plutôt frais. Nous sommes dans les nuages... et nous basculons rapidement dans la descente. Encore un très beau passage en sous-bois. Nous nous dirigeons vers Dourbies. J'ai prévenu Didier qu'il y avait une belle remontée avant ce ravitaillement.
Je me modère dans la descente pour ne pas y laisser trop d'énergie. A Dourbies, les encouragements sont très chaleureux. Nous avons droit à une vraie haie d'honneur. Cette clameur fait vraiment chaud au cœur. Je me ravitaille bien. Les ravitaillements sur les Templiers sont exceptionnels. Profusions de gâteaux sucrés, salés, pâtes de fruit, pain au roquefort, chocolats… et de boissons.
Les bénévoles sont sympas et attentifs. Certains participants, partis un peu vite, semblent y retrouver du réconfort. Mais attention, il ne faut jamais s'éterniser en ces lieux ! Je fais le plein d'eau, et à la sortie, tous les supporters sont là pour m'encourager. Je retrouve avec plaisir Boîte à Tuc (Phil), un ami angevin.
Nous repartons ensemble pour la Crète du Suquet. C'est toujours annoncé comme une grosse difficulté des Templiers. Pourtant, il s'agit d'une belle montée, sans accro majeur. Il suffit (juste) d'y arriver frais. Et moi, je me sens vraiment très bien. En remontant quelques gars, j'arrive derrière un ND2BR, que j'interpelle. Il se retourne : c'est JP, un pote de Didier l'Elastic. Sympa, on fait un bout de chemin ensemble.
Arrivés en haut de la Crète du Suquet, ça remonte encore un peu sur la gauche. Déstabilisant pour ceux qui ne s'y attendent pas. Mais la remontée est brève. Ensuite, c'est une belle descente. Mais attention aux chevilles ! Les pierres se cachent sous les feuilles… et les chevilles fragiles peuvent déguster.
La descente se poursuit par une belle section dans une forêt de buis… annonciatrice de l'arrivée sur Trèves, km 48,5. Trèves est vraiment un beau village – et en plus c'est le deuxième gros ravito. Il faut faire le plein et être en forme pour attaquer la montée sur le Causse… et pouvoir le courir tout du long (sinon, c'est monotone et long…).
J'ai la surprise voir Yann et Romain. Ça ne va pas super bien, un jour sans. Je suis déçu pour eux. Je leur propose de venir avec moi, mais ça ne le fait pas. J'entame la montée sur le Causse. Ça va plutôt bien. Une fois en haut (c'est vite écrit, mais ça prend un peu de temps quand même...), je foule ce Causse. Je remonte pas mal de monde. C'est agréable de se sentir bien. Faut dire que j'ai fait attention jusqu'à présent.
Maintenant, je peux me lâcher un peu. Après cette traversée, nous nous dirigeons vers Saint Sulpice. Mais nous bifurquons d'un coup sur la droite, pour descendre dans une superbe gorge. En face, je vois les autres gars qui remontent déjà. Une nouveauté de ce parcours 2009, vraiment superbe.
Finalement, ça se monte bien et me voilà en haut du plateau. Nous longeons le bord pendant 900 m environ avant de basculer dans la descente de Cantobre. Le paysage est absolument somptueux. Les falaises et toutes ces couleurs automnales. Que du bonheur, c'est clair. Surtout quand on a les jambes.
La descente de Cantobre est technique à souhait. Comme j'aime. Depuis un petit bout de temps, j'ai vraiment remonté pas mal de monde. Je me fais plaisir à sauter de cailloux en rocher. Il fait beau, le soleil réchauffe cette atmosphère. Je passe sous une paroi où des gars font de l'escalade, puis j'arrive en bas. Franchissement d'un petit ruisseau… pour atteindre le ravito de Cantobre. Km 61,5. La vue sur ce village perché dans les falaises est de toute beauté.
Je me ravitaille un peu, puis je repars tranquillement. Rémi est là, mais je ne le suis pas. Je prends le temps de digérer mon coca banane. Ensuite débute la longue montée finale, pour arriver au Roc Nantais. Mais avant, nous passons au pont de Cantobre. Et là, l'accueil est génial. Que d'encouragements ! De tapes dans le dos !
Les angevins sont là pour m'encourager. Ça fait vraiment super plaisir. Je poursuis mon chemin pour rejoindre les sous bois. Dans la dernière montée, je me sens un peu faiblard. J'ai attendu trop longtemps avant de m'alimenter avant Cantobre et je le paie un peu. Du coup, je m'arrête le temps de prendre un gel (le seul de la course), je m'hydrate bien… et je repars.
Les sensations reviennent vite et j'avance bien. Il doit rester à peine 5 km. Je continue à remonter et je sens l'arrivée proche. Bientôt, c'est l'entame de la descente du Roc Nantais… une sacrée belle descente encore. Là, les ailes me poussent et je me laisse filer.
J'arrive bien vite au fameux muret, que nous longeons pour arriver au champ. Passage du pont et me voilà dans Nant. J'entends les clameurs du site d'arrivée… les encouragements sont nombreux. Je reconnais pas mal de têtes connues, croisées sur de nombreux trails.
14h07. Je franchis l'arche d'arrivée en 183è position en 8h52 Et je suis sur mon nuage. Caillou a terminé juste devant moi, Jean-Marc me félicite. Mes supporters également. Un goût pour l'effort, pour le partage et la bonne humeur.
Ces Templiers 2009 concentrent tout ce que j'aime dans ce sport. Cette édition 2009 s'est déroulée de la plus belle des façons. Je me suis régalé. Sylvain Bazin me demande mes impressions. Chercher bonheur. Voilà ce qui m'inspire dans le trail. Voilà ce que j'ai trouvé en ce beau week-end d'octobre.
Bravo à tous, que vous soyez finishers ou pas.
Merci à tous, et particulièrement aux 300 bénévoles et aux supporters.
Pour (re)vivre ces Templiers 2009, un petit détour s'impose sur le blog de Romain "The Way of my Life", de Yann "Esprit Trail" et sur celui de Michel "Sentier Libre". Les émotions de copains traileurs et celles du supporteur/organisateur des citadelles. Des incontournables, comme d'habitude.
Les Raisonnables ont duré, les Passionnés ont vécu.
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