SARAKORRIKA TRAIL 2012 : Segment de Montagne
Certaines montagnes sont emblématiques d’un massif ou d’une région. Les exemples foisonnent. Le Cervin, la Meije, la Sainte Victoire, le Mont Viso, le Vignemale, le Ventoux… et bien sûr la Rhune. Des sommets qui témoignent de la richesse d’un pays, d’une culture et d'un peuple. J’ai une affection certaine pour tout ce qui me permet de prendre de l’altitude. La Rhune offre cette accessibilité au plus grand nombre. C’est une belle montagne qui se dessine parfaitement à l’horizon. Depuis les plages landaises, on peut voir son profil si particulier. La Rhune, cette montagne qui a les pieds dans la mer.
La Rhune, c’est un terrain de jeu somptueux pour les sports nature en général, et la course à pied en particulier. Ses flancs comptent de multiples traces. Des plus simples aux plus techniques. Et en son sommet, le panorama est particulièrement généreux… à l’image du Pays Basque. Une terre d’hospitalité et de partage. J’aime venir courir sur cette montagne. J’y ai fait certaines de mes plus belles sorties entre amis (dont la mythique HardRhune du Lémurien). Et j’ai plaisir à fouler ses chemins et ses singles si variés. Sur l’herbe rase, dans les sous-bois, dans les blocs, dans les chachis, dans les ruisseaux.
La Rhune est une montagne qui respire. Une montagne riche de traditions ancestrales qui perdurent. On y rencontre des pottocks, ces petits chevaux endémiques au Pays Basque. Son petit train en crémaillère l’agrémente d’un certain cachet. D’ailleurs, chaque traileur rêve de faire une course contre la montre pour atteindre le sommet avant lui. Bref, la Rhune est le site idéal pour qui apprécie le droit dans le pentu, les crêtes et les horizons lointains. Et pour ceux qui ne le savent pas, le Club de Sare organise, chaque fin de mois de mars, une très belle épreuve : la SaraKorrika. Et j’y étais pour la seconde fois.
Sur la Place du Village de Sare, c’est déjà tout le Pays Basque qui s’offre à toi. Il y a bien sûr le Fronton, la bonne boulangerie, la boucherie, les restaurants avec de grandes tablées… et ces larges maisons basques. Le sommet de la Rhune, avec son antenne blanche et rouge, est droit devant. Et déjà, les coureurs sont nombreux à se bousculer au niveau du stand du retrait des dossards. J’y retrouve pas mal d’amis et de connaissances… qu’ils soient basques ou nom. Au fil des ans et de ma pratique du trail, j’ai fait beaucoup de rencontres et c’est toujours si agréable de se revoir.
Le Trail de SaraKorrika est une épreuve typiquement montagne. Il s’agit de passer par deux fois à Atekaléun (710 m), un col en contrebas de la ligne de crête de la Rhune. 25 km pour 1450 m de dénivelé positif. Une véritable course de montagne, où toutes les qualités sont requises pour pouvoir réellement se faire plaisir. Des portions très roulantes alternent avec des sections plus raides (même s’il n’y a pas de passages réellement techniques). La difficulté de SaraKorrika, et qui en fait son principal attrait, c’est sa capacité à bien gérer son effort sur cette distance relativement courte.
Le départ est extrêmement rapide. Et comme il y a une chicane à gauche dès les premiers mètres, c’est très facile de se laisser enfermer. On descend bien rapidement par un chemin empierré pour rejoindre un des hameaux du village… ensuite, c’est un passage légèrement plat, puis l’amorce de la première montée. Le rythme effréné de la tête de course est impressionnant. Beaucoup d’espagnols se donnent rendez-vous ici pour le début de saison. Cette année, ils m’ont semblé moins nombreux, car une autre épreuve se déroule le jour même du côté du Jaizkibel (Donostia-Hondarrabia).
Un incendie récent offre au regard des chachis calcinés. Plus haut, l’herbe est moins verte que d’habitude. Est-ce l’effet d’un hiver rigoureux et de la neige tardive. En tout cas, le terrain est vraiment très sec. On passe la voie ferrée et devant moi, la côte atlantique et tous ces beaux villages basques. Un magnifique paysage qui risque hélas d'être défiguré par le projet de LGV. Mais le combat continue. Bientôt, c’est le Col des Trois Fontaines, signe que la grosse montée approche avec Atekaléun. On entend d’en bas les encouragements. Les aupa aupa. J’aime ces ambiances de course de montagne. Désormais, c’est de la marche rapide qui alterne avec la course. Je toise les contreforts de la Rhune.
Bientôt, j’entends des encouragements à mon attention. Les Darmaillacq Père & Fils sont là, en mode rando-reporteurs. C’est très sympa et plaisant de leur part. Bien sûr, ça me peine un peu que Niko ne soit pas de la partie. Je sais combien il affectionne ce genre d’épreuve. Et surtout cette épreuve. La Rhune, c’est sa montagne. Enfin, c’est toujours le corps qui décide. Il faut savoir s’écouter et renoncer lorsque les signaux ne sont pas au vert. La saison n’est qu’à son début et les occasions de parcourir la montagne sont nombreuses. Je passe le Col pour basculer dans une superbe descente. Les sommets du Pays Basques sont très dégagés. Vraiment magnifique.
Je savoure ces moments. Je peux vraiment tester à nouveau mes qualités de descendeur, mes sensations. Bref, en ce mois de mars, c’est plutôt bon. J’ai déjà une bonne forme, ce qui s’annonce bien pour la suite de mes aventures. Car sur cette épreuve, qui sert de support aux premiers Championnats Régionaux de Skyrunning, je songe à mes deux prochains grands rendez-vous de skyrunning : Zegama-Aïzkorri-Mendi en mai (Skyrunner World Series) et l’Olympus Marathon en juin (Mountain Running Cup). Et ça me donne des ailes. Avec ces images dans la tête, je me sens tout simplement heureux d’être là.
La longue piste nous conduit à un nouveau point bas. Les passages en sous bois offrent une ombre bienvenue. Il fait très beau en cette journée dominicale. Il fait même plutôt chaud. Mais on ne va pas se plaindre, c’est si agréable de courir dans de telles conditions. J’entends bientôt les cloches… signe que le début de la seconde montée approche. Je passe en mode marche rapide. C’est le km 15. Je monte plutôt bien, même si je suis loin encore de mes capacités habituelles. Ce chemin, je le connais très bien à la descente. C’est un formidable single que nous adorons descendre à fond depuis Atekaléun.
A monter, c’est un peu moins euphorisant… mais ça reste somme toute une bien belle trace. Droit devant, ce sont les Trois Couronnes en Espagne et le Massif du Jaizkibel. Je peux bien courir sur toute cette portion et je remonte pas mal de participants qui ne sont pas au mieux. Dans une combe, sur la droite, le chemin tout sec, droit dans le pentu. C’est du bien raide pour rejoindre Atekaléun. Me voilà dans mon élément. La ligne de crête de la Rhune est sous mes yeux. Juste à la sortie de cette grosse pente, un ravito. Comme je suis uniquement à l'eau, ça me fait du bien de prendre un peu de sucré.
Ensuite, dernière petite portion facile pour filer sur le col. La vue sur la baie de Saint Jean de Luz est somptueuse. L’amorce de la descente est assez raide… puis la trace file en direction de Sare. On reprend l’itinéraire de l’aller en sens inverse. Passage de la voie du chemin de fer. Il reste 5 km de descente. Si on a bien géré son effort (facteur clé de cette épreuve), c’est vraiment grisant. Je profite de ces belles portions. C’est pour moi le meilleur des entrainements venant de ma plaine. Me voilà dans le petit hameau quitté au départ, ces premières maisons, ces encouragements encore si chaleureux.
Il reste une petite remontée bien sèche, par le chemin empierré, pour rejoindre la Place de Sare et franchir la ligne d’arrivée. J’y arrive assez vite, en compagnie de Jean-Baptiste, un raider périgourdin, ami de Caillou. Nous avons fait la course pratiquement ensemble, chacun se gérant suivant son allure et ses capacités. A l’arrivée, je retrouve avec plaisir quelques amis. Une bonne bière et quelques taloas viennent étancher ma soif et satisfaire mon appétit en bonne compagnie. Bref, SaraKorrika allie parfaitement le sport, la nature et la convivialité. Une épreuve à recommander.
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