A chacun son sommet

A chacun son sommet

GRAND RAID DE LA REUNION 2010 : des Fous et des Chimères

 

 

Jeudi 21 octobre. 22h00. Cap Méchant. H-2. Me voilà dans mon sac de couchage, allongé, à contempler le ciel étoilé de cette belle soirée. Dans peu de temps, je serai un des 2550 raideurs à prendre part à cette 18ème édition de la Diagonale des Fous. Une épreuve qui mérite bien son nom, tant elle est unique et démesurée. 163 km et près de 10 000 md+ pour faire toute la traversée de cette magnifique Ile de la Réunion, l’Ile Intense. Mon ami Niko, alias le Lémurien, est à mes côtés. Nous scrutons les constellations, cherchant à identifier quelques étoiles. C’est un moment de calme et de repos. Je songe à ce proverbe indien : « si tu veux aller loin, accroche ton char à une étoile ». Je suis serein. Je sais que je me suis très bien préparé pour cet ultra. Je me sens prêt pour vivre un grand et beau voyage. Une étoile filante, puis une deuxième… je vais bien l’accrocher mon char. Bientôt le départ… je suis impatient.

 

Samedi 23 octobre. 10h15. La Redoute. J’entre sur le stade par un beau soleil. Peu de monde. Me voilà pratiquement arrivé au terme d’un périple d’un peu plus de 36 heures. Entre temps, j’ai vécu une aventure superbe. La Réunion offre une variété de paysages unique : un volcan, des zones désertiques, des cirques grandioses : Salazie, Cilaos et Mafate… Le Grand Raid de la Réunion est un ultra trail mythique. Un de ces ultras dont on ne ressort pas indemne. L’édition 2010 s’est révélée extrêmement difficile. Je me suis surpris moi-même par mes capacités d’adaptation, repoussant certaines de mes limites. J’en termine 86ème avec ce sentiment si simple d’avoir réussi l’objectif que je m’étais fixé. 

 

 

 

Il est sage de feindre la folie

 

La décision de participer au Grand Raid de la Réunion fut prise rapidement, sur un coup de cœur, au mois de mars de cette année 2010. Niko y retournait et je me suis dit que ce serait sympa d’y aller entre potes. Et Jean-Marc, « le roi carotte », s’est joint à nous. La Lemur Team à la Réunion… en voilà un beau programme. Comme la Diagonale des Fous n’est pas une fin en soi, il s’agissait avant tout de passer de belles vacances sur cette Ile de l’Océan Indien. Car outre le Grand Raid, nous voulions profiter du lagon, de randonnées au Maido ou à la Roche Ecrite, de canyoning… et de bons repas créoles.

 

Ainsi, pour gérer au mieux ma course, j’ai fait miennes les pratiques de Niko : à savoir, faire un découpage du parcours du Grand Raid en plusieurs sections. J’ai suivi le « road book du Lémurien », pour pouvoir « mentaliser » l’épreuve, et surtout, me fixer plusieurs objectifs qui me semblaient réalistes, plutôt que de me projeter sur la totalité de l’épreuve. Les 5 sections étaient donc : Cap Méchant – Foc-Foc Crête de l’enclos : 24km – D+2494, Foc-Foc Crête de l’enclos – Gîte de Belouve : 43km – D+1080, Gîte de Belouve – Marla : 36km – D+2900, Marla – Deux-Bras : 24km – D+1050 et Deux-Bras – Stade de la Redoute : 36km – d+2100.

 

Réussir un tel ultra nécessite quelques prédispositions, c’est certain, un entrainement adapté, c’est sûr, mais surtout, la capacité à surmonter les difficultés, la lassitude et l’envie de se surpasser. Pour la Diagonale des Fous, encore plus que sur d’autres ultras, le mental est déterminant. Et la raison en est simple : les changements de température et la technicité du terrain mettent à mal les organismes les mieux entrainés. La progression de nuit est rendue difficile par un balisage minimaliste. La pose de pied est parfois hasardeuse parmi les blocs et les racines. Et avec la fatigue, la perte de lucidité laisse place à certaines chimères.

 

Ce qui rend ce Grand Raid de la Réunion unique, c’est cette communion qui existe entre l’épreuve elle-même et tous les Réunionnais. C’est un évènement comme nous n’en connaissons pas en métropole. On ne peut même pas le comparer à l’Ultra Trail du Mont Blanc. Ici, l’accueil est généreux et spontané. C’est une fête de tous les instants. Et cette édition 2010 nous a offert des moments qui restent gravés dans ma mémoire : l’éruption du Piton de la Fournaise, la petite musique d’Hell Bourg, le fameux Cap des Anglais, la traversée de Mafate, le final par la Possession. Le tee-shirt de finisher porte l’inscription : j’ai survécu. Il faut avoir fait le Grand Raid de la Réunion pour en saisir pleinement le sens.

 

 

Du départ à Belouve, un seul mot d’ordre : la prudence

 

Minuit. L’ambiance est électrique dans le stade de Saint Philippe. Tous les participants sont là, portant le même tee-shirt aux couleurs du Grand Raid. Un jeune garçon chante un hymne à la gloire des raideurs, pour leur donner du courage face à l’épreuve qui les attend. Le départ est donné après le deuxième coup de canon. Nous sommes compressés les uns contre les autres. L’essentiel est de ne pas tomber au risque de se faire piétiner. La foule est nombreuse, une clameur monte tout le long de ces premiers kilomètres. Il faut être vigilent à ne pas trop s’emballer. Avec Jean-Marc, nous sommes assez loin, même pas dans les 500 premiers. Mais il ne faut pas s’alarmer, nous avons 12 km avant d’entamer la réelle montée du Volcan. Un peu de route, puis une longue piste forestière parmi les champs de canne à sucre. J’aime ces départs nocturnes avec toutes ces frontales semblables à des lucioles.

 

Nous remontons tranquillement pas mal de monde. Certains sont vraiment partis trop vite et commencent déjà à marcher. Je dis à Jean-Marc que nous allons courir ainsi pendant 1h30 environ, jusqu’à Mare Longue. Au niveau du ravito justement, nous retrouvons Cathy Dubois, du Team Asics. C’est sympa de voir des têtes connues. Nous nous encourageons mutuellement. Ensuite, commence réellement la montée vers Foc Foc. Et voilà la forêt tropicale. L’ascension se fait en deux temps, avec deux rampes assez sévères. Racines, marches, rochers… nous voilà tout de suite dans le grand bain. Je me laisse doubler par plusieurs concurrents… qui semblent faire la course au Volcan. Nous voilà désormais dans une zone plus dégagée. J’aperçois bientôt les rougeurs du volcan. C’est magique. J’en profite pour mettre ma veste gore tex, car une pluie fine tombe désormais et ma respiration fait un halo autour de ma frontale : la température a sacrément baissé.

 

Désormais, je peux à nouveau courir. Mais Jean-Marc n’est plus avec moi. Je l’ai distancé sans le vouloir dans cette montée. On se reverra peut-être plus tard… ou peut-être pas. De toute façon, faire course commune sur un tel ultra est proprement illusoire. C’est une fausse bonne idée. Chacun gère sa course comme il le sent. Me voilà au ravitaillement de Foc-Foc, à proximité du Volcan. Deux jours auparavant, nous sommes venus à cet endroit même pour contempler l’éruption en cours. Je me ravitaille bien, puis je poursuis mon chemin. J’ai un bon rythme, d’excellentes sensations. La première section s’est super bien passée… désormais, direction le Gite de Belouve. Je traverse la Plaine des sables, puis j’atteins bien vite l’Oratoire Sainte Thérèse et enfin le Piton Textor. Dans la descente vers la Plaine des Cafres, je redouble d’attention, car le terrain est instable. Et pourtant, je me foule une cheville… heureusement sans conséquence. Mare à boue m’accueille avec les lueurs du jour. Il est 5h30 du matin, une première nuit de faite… et 50 km dans les jambes.

 

La portion Mare à Boue – Gite de Belouve va révéler quelques surprises. Tout d’abord, c’est loin d’être aussi roulant que le laissait supposer le road book (assez lapidaire il est vrai). Les chemins des Forêts de Bébour et Belouve sont superbes… mais piégeux à souhait. Lors de ma première participation en 2005, nous rejoignons directement le Cirque de Ciloas par le Coteau Kervegen. Là, nous passons par le Cirque de Salazie, le troisième Cirque de la Réunion. Moins connu que ceux de Cilaos et de Mafate, celui de Salazie offre une végétation luxuriante et abondante, notamment en fougères arborescentes. A proximité du Gite de Belouve, je remonte Cathy. Elle accuse un petit coup de moins bien, je l’encourage. Place désormais à la descente sur Hell Bourg. 

 

 

 

Chaud bouillant entre Hell Bourg et Marla

 

Je descends vers Hell Bourg avec un peu trop d’enthousiasme… et j’y laisserai bêtement de l’énergie. Il est évident que sur un tel ultra, on fait des erreurs d’appréciation. On se laisse pousser des ailes… et pourtant, il reste tant à faire. A Hell Bourg, km 71, l’accueil est particulièrement chaleureux. Les cases créoles sont magnifiques. Au stade, je me ravitaille correctement. Pour autant, j’en oubli de faire le plein d’eau, pensant avoir ce qu’il fallait jusqu’en haut du cap des Anglais… grossière erreur. Ah, ce fameux cap des Anglais ! Une nouveauté de ce dantesque parcours 2010. L’amorce du chemin, dans la forêt, propose déjà multiples racines où il est facile de perdre pied. Je suis béni d’avoir des chevilles si costauds. Bientôt, c’est la véritable montée. Je suis avec trois autres gars. Et finalement, ça passe plutôt bien. J’arrive à bout de cette difficulté… il me reste à rejoindre le Gite du Piton des Neiges. Par contre, me voilà à court d’eau.

 

Et sur cette courte portion, je vais rapidement dessécher. Heureusement, un concurrent me donnera un peu d’eau. Au Gite, je refais un peu le plein… puis je bascule dans le cirque de Cilaos par une grosse descente de près de 1600 md+. C’est du raide bien pentu. En fait, nous descendons tout le rempart de Cilaos pour atteindre le lieu dit « Le Bloc ». Retenant la leçon de ma descente trop rapide sur Hell Bourg, je me modère. L’arrivée sur Cilaos se fait par une longue portion de route. A l’entrée du stade, je retrouve avec un immense plaisir Kim, Patrice et Jacky qui me font l’assistance. Que c’est plaisant de retrouver des têtes connues. Je resterais une bonne demi-heure pour me ravitailler et changer de chaussures. C’est comme un sou neuf que je parts à l’assaut du Col du Taïbit.

 

Nous descendons jusqu’aux anciens termes de Bras Rouge. Je ne le sais pas encore à ce moment là… mais j’aurais l’occasion de faire une superbe sortie de canyoning avec Niko et Fabrice, une semaine plus tard, dans ce magnifique canyon de Bras Rouge. Je me sens vraiment bien. Je croise une nouvelle fois les joëllettes des pompiers, que j’encourage, puis j’entame la montée du Petit Frère du Taïbit. Je remonte à ce moment là Danou Séroc, qui m’a passé pendant mon arrêt à Cilaos. Sympa de retrouver une amie à ce stade de la course. Danou est super concentrée et gère sa course comme un métronome. D’ailleurs, elle me repassera après la Taïbit… et je ne la reverrai que beaucoup plus tard, lors d’un dîner entre amis, chez elle au Tampon. C’est une sacrée championne cette fille. Et tellement généreuse.

 

La montée du Col du Taïbit est régulière. Je la gère plutôt bien. L’atmosphère devient cependant assez lourde. Par moment, j’ai cette sensation de manquer un peu d’air. Pas forcément agréable. Je sens aussi mon estomac un peu chargé. J’ai mangé des coquillettes et du poulet à Cilaos, et je réalise que ça ne passe pas vraiment. J’aurais peut-être dû me contenter d’une soupe aux vermicelles. Décidément, c’est difficile de gérer l’alimentation. En haut du Taïbit, je me couvre un peu, car nous sommes dans le brouillard. J’ai d’ailleurs un peu tardé et je pense avoir pris froid au ventre. Je descends tranquillement vers Marla. Me voilà dans le Cirque de Mafate ! Un cirque tout à la fois magnifique et monstrueux. Magnifique de part ses remparts et sa végétation. Monstreux par ce qu’il représente de nuit : un cheminement hasardeux parmi les blocs, les marches et les racines. 

 

 

 

Un état second dans les montagnes mafataises

 

Il existe paraît-il un sorcier à Mafate. M’aurait-il jeté un sort ? Dans tous les cas, j’ai connu un gros coup de bambou. Une fois à Marla, je me suis bien ravitaillé. Mais un grand verre de thé a eu raison de ma digestion. J’ai vomi tout ce que contenait mon estomac. Pauvre organe que nous, traileur, maltraitons en permanence sur ces épreuves. Après une bonne rasade de coca, le Pilou se sent déjà beaucoup mieux. En fait, le poulet de Cilaos me restait sur l’estomac. Il fallait définitivement régler ce souci. Déglutir est la solution radicale. Et voilà que je reprends mon bonhomme de chemin.

 

De Marla à Deux-Bras, il n’y a « que » 24 km. Et le profil ne semble pas bien difficile… sur le papier du moins. Car Mafate est fidèle à sa réputation. Même quand ça descend… ça monte. Et l’inverse est vrai. Jusqu’à la tombée de la nuit, j’avance plutôt bien. Mais à partir de Roche Plate (km 111), les choses se gâtent un peu. Je commence réellement à avoir sommeil. Et ça tombe vraiment mal. En plus, ne supportant plus la boisson énergétique, je carbure désormais à l’eau plate. Et ma poche à eau a un vilain goût de plastique (elle est neuve… erreur de débutant). Du coup, j’exècre à boire ce liquide. Je commence à m’en écœurer. Et je ne supporte plus le goût sucré. Je recrache ma pate de fruit. Bon, ça devient problématique tout cela, car il faut absolument manger et boire sur un ultra.

 

Me voilà à l’Ilet des Orangers. Je me dirige vers le ravito où je crois reconnaître Cathy… Et ce n’est pas elle. Je décèle rapidement une perte de lucidité. Je bois une soupe… que je vomis aussitôt. Il me reste « seulement » 50 km et pourtant, je me sens fatigué. J’ai de bonnes jambes, mais j’ai cette sensation de vide, de manque de carburant. Va falloir se remobiliser. Je me décide donc pour une micro-sieste de 15 mn. D’habitude efficace, celle-ci n’aura aucun effet. Ma conscience me dit de prolonger ma pause, mais ma volonté m’ordonne de repartir… pour ne pas perdre plus de temps. C’est la plus mauvaise des décisions. Je le sais, et pourtant, je repars.

 

Je vais ainsi longer la canalisation des orangers en progressant à un rythme d’endormi, comme le bestiaux local. Pour autant, ce n’est pas sans danger. Je me prends deux belles gamelles parmi les rochers. Les descentes en ces lieux sont très difficiles. Et comme je le dis, à l’UTMB, tu peux marcher en dormant. A la Diagonale des Fous, c’est inconcevable, sauf si tu veux finir sur une civière. Du coup, dès que je suis arrivé au PC secours de la passerelle des Orangers, j’ai demandé à dormir trois quarts d’heure. Et ce repos fut récupérateur. Bien sur, j’ai perdu des places… mais j’ai regagné de l’énergie.

 

 

 

Un final énorme pour rejoindre la délivrance

 

Une fois remis d’aplomb, me voilà à la conquête de la rivière des galets… que nous traversons trois fois. Je progresse assez vite et je remonte de nombreux coureurs. La pause m’a fait le plus grand bien. Elle m’a tout simplement régénéré. Je me sens reposé et en forme. Me voilà bien vite à Deux Bras. Je me ravitaille d’un bon YOP. J’apprécie ces laitages sur les ultras. C’est rafraichissant et énergisant. Pour passer le goût du plastique de ma poche à eau, un bénévole me mélange de l’eau avec du coca. Et l’effet est immédiat. Dommage que je n’y aie pas pensé avant. Désormais, il me reste à atteindre Dos d’Ane. Et ce n’est pas une formalité. La montée est assez raide. D’autant que, comme à l’habitude, il faut quand même descendre pour remonter !!! Mais j’ai les jambes et j’avance plutôt bien avec deux autres gars créoles. Sur toute cette portion, il n’y a aucun balisage. Normal diront certains... puisqu’il n’y a qu’un chemin. Pour autant, une rubalise de temps à autre viendrait bien rassurer ceux qui ne connaissent pas bien le parcours.

 

Me voilà à Dos d’Ane, km 131. Il reste 32 km. Et pas des moindres. Je suis content d’avoir fait cette pause dans Mafate, car je me sens relativement frais pour terminer cette Diagonale. Car le nouveau final est une vraie tuerie. Nous avons fait une reconnaissance avec Niko, Cathy et Julien le lundi précédent le Grand Raid. Le parcours nous fait rejoindre la Possession, sur la Côte, pour ensuite remonter dans les terres direction la Fenêtre, en passant par le Chemin des Anglais. Ce tracé est très technique. Pour rejoindre la Possession, je me mets en mode diesel. Cela me permet d’avancer à un bon petit rythme de sénateur… qui porte rapidement ses fruits. Je remonte dans le classement. Au dessus de la Possession, nous faisons tout le tour par les hauteurs, pour déboucher directement sur le stade. Robert Chicot est là pour nous accueillir. Je le verrai également à Grande Chaloupe. Nous discutons un peu et il me félicite pour ma course. Il me dit qu’être dans les 100 premiers sur un tel parcours, pour un métro, c’est superbe. Ça me fait plaisir.

 

Je poursuis sur le Chemin des Anglais, où je remonte, pour une dernière fois, Cathy Dubois. Je l’encourage. Cette fille a du chien et garde toujours son moral. Quelle sacrée course de fous. Je progresse toujours. Même la longue portion de route avant d’atteindre la Fenêtre n’a pas raison de mon enthousiasme. Je me surprends même à courir certaines portions. Un vent chaud nous dessèche littéralement. Des gamins me donnent un verre d’eau bien fraîche. Me voilà à l’amorce du chemin conduisant à la Fenêtre. Il reste 8 km. J’avance toujours aussi bien. Je remonte encore des coureurs. A la Fenêtre, c’est la bascule vers Colorado. Un verre de coca et c’est le final vers la Redoute. 5 km d’une descente assez technique. Et évidement, des sections où il faut remonter ! Je cours avec un gars réunionnais. Je l’attends même par endroit. Je pense que nous allons finir ensemble, main dans la main…

 

Au dernier virage, il coupe le chemin et file… il finira quelques secondes devant moi. C’est ça aussi le Grand Raid de la Réunion. Une compétition assez forte en tête de course, où tous les coups sont permis… même les moins fair play. Mais je n’en tiens pas ombrage, cela fait partie de cette course. Je franchis cette ligne d’arrivée. Me voilà finisher de cette Diagonale des Fous pour la deuxième fois. J’arrive heureux, mais fatigué. J’ai puisé loin pour mener à bien cet ultra. Je me suis même surpris. C’est certes le fruit de l’expérience. Mais c’est surtout la récompense d’un entrainement de nombreux mois et surtout, l’écoute de conseils avisés. 

 

 

  

Songes d’un traileur passionné

 

Depuis 7 ans désormais que je pratique le trail, je suis passé par tous états du traileur. De l’envie du débutant, à la boulimie du passionné. Désormais, j’ai trouvé un équilibre certain. Entre le désir de performance inhérent à tout sport pratiqué en compétition, et le respect de son corps, de ses proches et de ses amis. Le trail, et encore plus l’ultra trail, est un sport absolu. Il procure un sentiment d’accomplissement réel, proche d’une drogue, comme une addiction. D’ailleurs, notre corps produit à cet effet l’endomorphine qui nous met dans un état second et nous permet de réaliser de telles performances… que certains jugent surhumaines. Pour autant, il faut être vigilant, car le trail peut être un poison. Certains d’ailleurs ne s’en remettent pas.

 

Faut-il être fou pour prendre part à une telle épreuve ? Ma réponse est clairement non. Il faut seulement être sincère avec soi-même et ses aspirations. Les miennes sont intrinsèquement liées à ma pratique sportive : je participe à de tels ultras pour vivre une expérience de dépassement de soi, de découverte et de partage. Se faire mal ou endurer le mal, ce n’est pas ce qui me motive. Par contre, accepter les passages à vide, surmonter les doutes… pour finalement réussir, procure une grande satisfaction. Comme celle d’atteindre un sommet en montagne, cette sensation d'une grande maîtrise de soi. Partager cet état avec les amis, avec les proches, est essentiel. Se savoir encouragé à distance, suivi grâce à internet… est un formidable sentiment. Ma passion pour le trail, pour les courses nature d’endurance, se traduit par le sourire qui quitte rarement mon visage, lorsque je croise tous ces bénévoles sur les ravitaillements, tous ces gamins qui vous encouragent… même dans les ilets les plus reculés de Mafate.

 

La réussite de « ma » Diagonale des Fous 2010 est celle d’une vraie équipe. Je me suis senti pousser des ailes grâce à l’accueil exceptionnel d’Annick, Patrice, Jacky et Kim. Je termine ainsi une saison 2010 qui m’a fait grandir dans ma passion. Et c’est un plaisir d’avoir partagé ce Grand Raid de la Réunion avec toi, Niko, avec toi, Jean-Marc, et avec toi Alain. Parce que quelque soit la réussite de chacun sur cette épreuve, nous avons vécu un grand moment de sport et d’amitié. 

 

 

Merci à tous ceux qui m’ont encouragé pendant ce Grand Raid de la Réunion, à ma famille et à mes amis. Merci aux organisateurs et aux bénévoles. C’est sûr, je n’attendrai pas 5 ans pour revenir partager ce périple de fous.   

Le site du Grand Raid

Galerie Photos La Réunion



02/11/2010
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