A chacun son sommet

A chacun son sommet

SIERRE-ZINAL 2013 : La Ballade des Gens Heureux

 

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La mélodie ne quittera pas mon esprit pendant toute la course… et encore bien longtemps pendant mes pérégrinations sur les chemins helvétiques dans les vallées de Zinal puis de Zermatt la semaine suivante. « Notre vieille Terre est une étoile. Où toi aussi et tu brilles un peu. Je viens te chanter la ballade. La ballade des gens heureux. Je viens te chanter la ballade. La ballade des gens heureux ». C’est avec cette chanson de Gérard Lenormand que le Barfly Jazz Band de Bordeaux a honoré le départ de la quarantième édition de Sierre-Zinal. Une course de montagne mythique qui a déjà marqué plusieurs générations de coureuses et de coureurs, soit des familles entières… à mon image. J’y suis venu tout petit encourager mon père sur ces beaux chemins de montagne. Je me souviens encore des cloches et des « hop hop hop… » qui sont toujours là.

 

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Ce 11 août 2013, j’ai pris part, pour la quatrième fois, à la « Course des Cinq 4000 », dans le Val d’Anniviers. Une vraie course de montagne… qui existe donc depuis bien longtemps et qui démontre combien le trail running n’a rien de récent. La Course de Sierre Zinal est un vrai challenge pour les Suisses (et aussi une fierté nationale). Près de 75 % des participants ont d’ailleurs la nationalité suisse. Pour autant, les étrangers sont nombreux à vouloir participer à cette épreuve. Deux modalités sont possibles avec deux départs successifs. L’un à 5h00 (les touristes), l’autre à 9h30 (les coureurs). Ce qui n’empêche pas les touristes de courir également. Ne me demandez pas d’explications… on est en Suisse. La distance et le dénivelé sont identiques. 31 km entre Sierre et Zinal, pour 2100 m positifs et 800 m négatifs, avec un point culminant à 2400 m.

 

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Toute la difficulté de l’épreuve consiste à bien doser son effort. Et d’ailleurs, c’est amusant de voir qu’au fil du parcours on trouve des petits panneaux jaunes indiquant le pourcentage de temps effectué. L’ambiance est à l’unisson, avec tout le long des 31 km, de nombreux spectateurs et randonneurs et des groupes de musique pour les encouragements : accordéon, fifres et tambours, Cors des Alpes, violon celte, fanfare… Bref, Sierre-Zinal, c’est une fête. Mais aussi une compétition. Je suis toujours très impressionné par l’instinct de compétition des participants. Malgré la beauté du parcours, certains ne sont décidemment pas là pour flâner. Mais comme je l’écrivais, on sent une certaine fierté de participer à cette course historique, et un peu comme à Zegama-Aïzkorri-Mendi, on retrouve cette esprit fédérateur de la course de montagne.

 

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585 m, Sierre. Nous voilà tous regroupés pour le départ. Auparavant, j’ai pris le temps de monter une bonne demi-heure sur le chemin de la Chapelle St Antoine (l’itinéraire des premières éditions) pour prendre un peu de hauteur. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette aire de départ est tout sauf attrayante. Nous voilà en bord d’autoroute, à côté de la zone industrielle. On pourrait s’attendre à mieux. Je n’ai jamais compris pourquoi on ne partait pas du centre de Sierre. Quelques kilomètres de plat permettraient de se chauffer. A oui, mais nous sommes en Suisse. Et les courses de montagnes, ici, c’est direct dans le pentu. Du coup, au décompte du top départ, après le premier virage, ça monte déjà ! Et je suis impressionné par la vitesse de certains (et certaines). Je me cale plutôt bien. Et au bout d’un km, nous bifurquons sur la gauche pour emprunter un chemin.

 

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Je sourie intérieurement lorsque j’entends un participant dire à son acolyte : « tu peux marcher si tu veux ». Bien j’y compte bien, moi en tout cas ! Dès lors, je suis dans mon élément et je profite. Bien vite, nous voilà au Hameau de Niouc (800 m), puis ensuite au premier ravito à Beauregard (1146 m). Encore une bonne montée sèche pour rejoindre Ponchette (1870 m). Là, le fameux panneau indique « 34 % du temps réalisé ». Et nous en sommes au km 7. Cela signifie donc que je suis sur des bases de 4 heures. Très bien pour moi. Entre Ponchette et Chandolain, le terrain m’est beaucoup moins favorable. Il s’agit d’une longue et large piste en faux plat montant. Je me fais dépasser par une bonne vingtaine de participants qui relancent à tout va. Ouh là, je suis en Suisse… rien ne presse. Tout vient à qui sait attendre.

 

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Puis un papy m’annonce : « super mon gars. A 30 secondes, c’est Chandolin… et la bouffe !!! ». Vraiment une Ballade pour Gens Heureux cette course. A Chandolin, accueillis par les cloches et les hop hop hop, je me régale de bananes, carrés de chocolats et un peu de coca. Il fait vraiment un temps radieux. Beau soleil et pas trop chaud. Je repars sous les encouragements en direction de Tignousa (2180 m, km 15,5). Toute cette portion est beaucoup plus agréable. Je profite de ce sentier dans les alpages puis les sous-bois. Arrivé à Tignousa, les spectateurs sont à nouveau très nombreux. Il faut dire que le site est accessible en funiculaire depuis Saint Luc. A partir de là, je vais me régaler. Les 4,5 km à venir vont me conduire à l’Hôtel Weisshorn (2337 m). Un lieu emblématique du Val d’Anniviers. Je cours vraiment bien, en prenant le temps de guetter, tout le long, les fameuses planètes du parcours astronomique. Un dernier lacet me conduit à l’Hôtel Weisshorn (km 20).

 

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Il reste donc 11 km pour rejoindre Zinal. Le point culminant de la course est à l’Alpage de Nava à 2425 m. Et tout ce final se déroule sur un beau sentier de montagne. Bref, un vrai bonheur. Surtout que ces fameux cinq 4000, qui donnent le nom de course, se dévoilent les uns après les autres : Weisshorn (4506 m), Zinalrothorn (4221 m), Ober Gabelhorn (4073 m), Cervin (4478 m) et Dent Blanche (4357 m) pour finalement proposer la fameuse Couronne Impériale du Val d’Anniviers. Le dernier ravito se trouve à l’Alpage de Barneuza (2210 m). Des bénévoles sont habillées de costumes traditionnels. J’accepte le thé qui m’est offert. Je prends toujours le temps de faire des photos… ce dont me félicite un Monsieur du cru qui apprécie mon geste. Et me voilà en route pour les derniers kilomètres. Zinal semble si proche… mais la réalité est tout autre. Il reste encore plus de 6 km… et je commence à remonter de nombreux participants qui ont un peu surestimé leurs capacités.

 

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La descente, d’abord assez légère, va peu à peu s’accentuer vers le final. Les deux derniers km offrant un très beau profil conduisant à l’entrée du village. La foule est nombreuse pour accueillir tout le monde. J’entends le speaker, la musique… j’accélère pour terminer en trombe. Les 500 derniers mètres sont marqués au sol, les 400, les 300… Dans le dernier virage, je me fais doubler par un boulet de canon qui veut à tout prix gagner une place. Mais ça ne me fait rien. Je termine en un peu moins de 4h. J’ai droit avec ma médaille millésimée d’un 4000, la Dent Blanche. Et je suis heureux. Comme la majorité des personnes, je pense, qui ont pris part, de près ou de loin, à cette très belle organisation, fidèle à sa légende et à la hauteur de sa réputation. L’organisation logistique est parfaite. Après une bonne douche, j’ai droit à un bon repas sous le grand chapiteau de Zinal au son des cornemuses du Sierre Pipe Band. Et nous terminerons cette belle journée par une raclette au feu de bois à Grimentz. Un grand merci à tous et à toutes pour cette superbe ballade dans le Valais Suisse.

 

Le site de la Course des Cinq 4000 - Sierre-Zinal



27/08/2013
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