A chacun son sommet

Me voilà à Quiberon, dans une ambiance des plus dépaysantes. Je monte à bord du bateau et 50 mn plus tard, me voilà dans le charmant Port du Palais. C’est la première fois que je viens à Belle Ile en Mer, la plus grande des îles bretonnes. Le temps est radieux, véritablement estival. Si je suis là, c’est un peu grâce à ce blog. Dans ma liste des trails et l’ultras préférés figuraient déjà en bonne place plusieurs épreuves bretonnes. Mais point de Belle Ile. Tout simplement parce que je n’avais pas eu cette chance d’y participer. C’est chose faite grâce à Marion et Claude que je remercie très sincèrement.

Belle Ile en Trail réunit plusieurs épreuves : l’Ultra des Vagues (83 km), le Trail du Ponant (45 km), la Palantine (13 km) et la Sauzonnaise (14 km). Et ce, tous les deux ans. 2014 est donc la bonne pour moi. Pour découvrir une si belle île, quoi de mieux que d’en faire tout le tour. Départ du Palais dans le sens des aiguilles de la montre, pour longer au plus près l’océan. Le premier ravitaillement est à Locmaria (km 17), le second à Bangor (km 9), le troisième à l’Apothicairerie (km 58) et le dernier à Sauzon (70 km). Un parcours magnifique et très exigeant, à l’image de beaucoup de trails bretons. Des sections tout en relief, de la relance. Bref, il faut être particulièrement en forme pour pouvoir profiter pleinement de cet itinéraire.

Le Port du Palais

Le départ fut donné à 7h, sous un ciel encore bien noir. Les deux premières heures nous ont offert des passages entre rochers et sables tout à fait magiques. Ce cheminement à la lueur des frontales est toujours si particulier. La température déjà assez élevée va beaucoup solliciter les organismes et il faudra être particulièrement vigilant. Point de beau lever de soleil malheureusement, car le temps est couvert. Arrivé à Locmaria, je découvre un beau petit village avec une église romane assez imposante. Les bénévoles et supporters sont particulièrement généreux en encouragements. Je repars en forme sur de très beaux sentiers longeant la côte, avec le passage par de nombreuses pointes (Arzic, Skeul, Saint Marc…). Superbe environnement.

Nous faisons ensuite une incursion dans les terres pour rejoindre Banghor. Encore un beau ravitaillement. La chaleur devient par moment assez étouffante. Après m’être bien ravitaillé, je reprends ma progression. De l'autre côté de la baie, je peux voir tous les participants emprunter le chemin par lequel je viens de passer, une demi-heure plus tôt. Comme en montagne, à l'image des lacets des cols. L'analogie entre le profil montagnard de certaines épreuves de bord de mer et la vraie montagne se retrouve dans le piège dans lequel tombent certains : tout semble si proche (et pourtant si loin). De col en col, ou de pointe en pointe. Il s’agit désormais d’aller au pied de ce Grand Phare, bien visible depuis un moment. Ce Phare de Goulphar domine Belle Ile de ses 52 m.

Départ matinal

Cap sur Locmaria

Je dégouline de sueur tant il fait chaud. Dans le Hameau de Bédex, une charmante vieille dame a eu la gentillesse de mettre à disposition une bassine d’eau fraîche et de petites bouteilles d’eau. Quelle bénédiction. Ça me fait un bien fou. La partie suivante est un peu monotone, avec de larges pistes. Mais finalement, ça passe bien. Surtout que j’en profite pour discuter un peu avec un participant breton sur la beauté de l’Ile. Le paysage a bien changé. Nous sommes désormais dans des landes assez pelées. Avec toujours, une vue inouïe sur la mer. Beaucoup de petits îlots rocheux. Au point d’eau de l’Apothicaire, je me rafraîchis à nouveau. 58 km dans les jambes. Et devant moi, certainement un des plus beaux endroits de Belle Ile : la Pointe des Poulains. Je profite amplement de ce cadre. Puis c’est bientôt Sauzon qui se profile. Quel magnifique village de bord de mer. Toutes ces maisons aux couleurs chatoyantes. Ces bateaux et voiles.

Encore une fois, je savoure cet Ultra des Vagues. Il me restera 13 km pour rejoindre la Citadelle Vauban et l’arrivée au Palais. Et je vais vraiment prendre le temps pour m’imprégner pleinement de cette île. En face, nous voyons le continent. Les oiseaux marins jouent entre la ligne d’eau et le ciel. L'écume au pied des rochers. La végétation odorante. L'eau des criques entre bleu indigo et vert turquoise. Bref, c’est angélique. A tel point que j’en oublie ma méforme du jour. En effet, depuis le début, je n’ai pas des sensations très bonnes et des courbatures inhabituelles. Et pourtant, une semaine auparavant, j’étais vraiment bien aux Foulées du Saumur Champigny. Deux jours après cet Ultra des Vagues, on me diagnostiquera une nouvelle infection d’un staphylocoque dans la jambe droite (comme en début d’année). Et cette fatigue ressentie tout au long de l’épreuve en était tout simplement les premiers signes.

Les côtes de l'Ile

Site naturel protégé de la Pointe des Poulains

La maison de Sarah Bernhardt

Le Village de Sauzon

La Côte Sauvage

Une biodiversité saisissante

Le passage dans la Citadelle Vauban est majestueux. Nous avons droit ensuite à une dernière surprise, une sacrée côte pour atteindre les hauteurs du Palais et ensuite un final sous les encouragements pour rejoindre l’arche d’arrivée. Je la passe en un peu plus de 10 heures. Très heureux du périple accompli. Cet Ultra des Vagues est vraiment une très belle épreuve, qui mérite sa réputation. Beaucoup de caractère et de charme associés à un accueil vraiment exceptionnel de la part des belliloises et bellilois. L’occasion aussi de passer un beau weekend entre amis, de partager et vivre pleinement notre passion autour d’un sport simple et authentique : la course à pied en pleine nature. A l'image de ces joëlettes sur le Trail du Ponant. Dans l'esprit de ce dîner sur la terrasse du Poisson Rouge en encourageant les derniers arrivants. Encore toutes mes félicitations à l’équipe d’organisation et à l'ensemble des bénévoles. Au plaisir de revenir à Belle Ile, une île qui porte si bien son nom.