A chacun son sommet

A chacun son sommet

ANDORRA TRAIL 2010 : Marathon de Montagne et SolidariTrail

  

Tutoyer ses limites, c'est ça l'ultra trail. Se surpasser et surmonter les difficultés. S'enivrer des altitudes et vivre cette expérience d'immersion totale dans la montagne. Et partager ces moments avec d'autres coureurs, avec des bénévoles, avec les supporters… L'Ultra Trail est tout à la fois une aventure de tous les instants et un voyage intérieur. Voilà pourquoi j'aime tant ce sport. 

 

L'Andorra Ultra Trail s'annonçait exceptionnel à tous points de vue. D'abord, la possibilité de faire tout le tour d'un Pays d'un seul tenant. Et ainsi en découvrir tous les aspects au grè du défilement du jour… et des kilomètres. L'édition 2009 m'avait laissé un très bon souvenir - et ce - malgré des orages obligeant les organisateurs à modifier sans cesse l'itinéraire. Des organisateurs aux petits soins pour élaborer le plus beau des parcours dans un Pays qui mérite un séjour prolongé, tant les paysages sont sauvages et préservés (ce qui ne me semble pas une évidence au prime abord... lorsqu'on arrive au Pas de la Case notamment !!! mdr).  

 

 

Valérie et Gérard, de Cims Magics, des amoureux de leur Pays, l'Andorre. Des passionnés de montagne qui mettent tout en oeuvre jusqu'aux moindres détails pour nous proposer un sacré périple. Un grand merci pour votre engagement tout au long de l'année ! Pour autant, il faut être en pleine forme et au maximum de ses capacités pour pouvoir songer à entreprendre et mener à bien une telle aventure. 

 

En ce mois de juin 2010, ce ne fut pas mon cas. Et inconsciemment, je le savais. Une période intense de travail au niveau professionnel, un entraînement pas encore suffisant pour un tel périple, et aussi beaucoup de projets à mener de front, dont un me tenait particulièrement à cœur : la première édition du SolidariTrail. Cette nouvelle course devait permettre de faire découvrir à tous, valides et non valides, un beau parcours sur les hauteurs d'Ordino.

 

Et avec le recul, je réalise également qu'en cette période de l'année, à chaque fois que j'ai entrepris un ultra... ce fut toujours délicat. Le Grand Trail Valigne en 2008 et le Grand Raid du Mercantour en 2009 ont quand même été de sacrées galères... Pour cet Andorra Ultra Trail, j'ai donc écouté mon corps qui me demandait le repos... et je me suis préservé pour les prochaines aventures de cet été : la Traversée des Pyrénées avec la Lemur Team, Chamonix-Zermatt et le Grand Raid des Pyrénées. 

 

D'un Ultra à un marathon de Montagne

   

Quelques minutes avant minuit, ce vendredi 25 juin 2010, me voilà avec une bande d'amis sur la place du Village d'Ordino. Musique symphonique et feu d'artifice sont là pour donner beaucoup d'ampleur à ce départ nocturne. L'ambiance est très réussie. Nos supporters sont là. Beaucoup d'espagnols et d'andorrans parmi les coureurs… et bien sûr des français. Je suis avec Sébastien, Sylvain, Niko, Claude, Willy… Tout le monde est prêt pour en découdre avec cette épreuve qui s'annonce énorme… et elle le sera. 

  

Lors du briefing de course, Gérard, le Directeur de Course,  a décrit l'itinéraire et exposé les principales difficultés. Elles sont légion en ces terres montagnardes. Valérie et Gérard, ce couple de passionnés de Cims Magics, ont élaboré une épreuve de Skyrunning XXL, à l'image de leur générosité. Tout comme l'an passé, je m'attendais à du costaud… ce fut le cas. Dès les premières foulées, je sens que la forme n'est pas là. J'ai plus envie de dormir que de courir. Je réalise déjà ma première erreur sur cet ultra : j'ai dormi plus d'une 1/2 heure vers 22h30... et j'avais donc déjà entammé un premier cycle de sommeil. Du coup, cette sensation de somnolence ne me quittera que le petit matin, après avoir bu une bonne dose de café... mais bien trop tard !  

 

 

  

 

 

  

 

Du coup, la progression fut digne d'un randonneur. Un petit rythme de 4km/h en phase de pointe ! Il faut être très lucide sur un terrain aussi technique... et j'ai tendance à trébucher par endroit... ce qui témoigne de mon manque de vigilence. Pour autant, l'environnement est magnifique. La pleine lune éclaire superbement la montagne. Un petit ravito au Refuge, puis je regarde droit en face de moi : entre le Pla de l'Estany et le Pic du Comapedrosa, c'est une sacrée montée que nous entreprenons. Dans la neige, où des marches sont creusées, sur les crêtes, où le pas est prudent. Partout, ces frontales qui se faufilent... c'est vraiment superbe. La neige est encore présente en quantité.

 

Le sommet du Comapedrosa (Point culminant de l'Andorre) reste le grand moment de cette épreuve. La cornemuse lâche ses belles notes dans une ambiance de haute montagne. Je reste une bonne dizaine de minutes à savourer ce moment. Le panorama à 360° est grandiose. Nous dominons l'ensemble des cimes de ce petit Pays. Le ciel commence à prendre des teintes rouges. Il ne fait pas très chaud. Il y a un petit village de tentes pour les bénévoles. Je ferai bien un petit somme... A la descente de la crête, je croise Jean-Luc, puis Marie. Deux amis bretons qui seront mes compagnons jusqu'à la fin.   

  

 

  

 

  

 

  

Avec le jour, le soleil vient nous réchauffer. Je prends le temps de bien de me ravitailler au refuge, puis je file. Marie est déjà partie et Jean-Luc prolonge sa pause. Je me sens beaucoup mieux et définitivement réveillé... il est temps ! En quelques laçets, je me trouve aux côtés de Marie. Et j'en suis ravi. Nous poursuivons notre chemin pour atteindre le Col de Botella, où nous retrouvons les participants du trail pour leur départ. Je discute un peu avec mon père (qui fera un podium en V3 : bravo à toi), le Xteph, Kiki et Martxel (podium en V1 !!!)... Une bonne pause, puis nous voilà en route vers Bony de la Pica. Et ses crêtes magnifiques. Ensuite, c'est l'entame d'une grande descente. Cela ne signifie pas pour autant relâchement. Passage de cordes, puis de chaînes. Et ensuite, une trace à travers tout qui nous conduit en sous bois.

 

Direction la Margineda, km 44. Et le temps passe. Je suis effaré par notre rythme. Nous n'avons pas beaucoup avancé en 2 heures. Du coup, je discute avec une bénévole, qui m'informe de la venue d'orages en milieu d'après midi. Peut-être accompagnés de grêle ! Avec Marie et Jean-Luc, notre décision est rapidement prise : nous n'irons pas voir la vallée du Madriu, pas cette fois. Ainsi l'Ultra Trail d'Andorre s'est transformé en un Marathon de Montagne, et quel marathon !   

 

 

  

  

  

  

  

Je rends mon dossard et avec mes compagnons, nous prenons un bus qui nous conduit jusqu'à Ordino. Point final de cette épreuve. Pourtant, je ne suis pas déçu. Juste un peu frustré de ne pas avoir été à la hauteur d'un tel parcours. Une trace bien élaborée qui permet de faire tout le tour d'un Pays, ce n'est pas commun !  C'est vrai qu'il s'agit plus là de Skyrunning en très grand format. A côté, l'UTMB, la Diagonale des Fous et même le Grand Raid du Mercantour, ne proposent pas de sections aussi engagées. Mais voilà, je n'étais tout simplement pas prêt pour une telle épreuve. Le Trail de 35 km m'aurait largement suffit... mais ce fut vraiment énorme d'être au Sommet du Comapedrosa pour le lever du jour.

 

Merci Gérard et Valérie de nous avoir fait vivre de tels moments, ainsi que tous les bénévoles ! Cims Magics porte bien son nom. L'Ultra Trail d'Andorre compte cette année 98 finishers (sur 495 partants). C'est peu. Mais c'est également l'illustration de la technicité de cette épreuve. Il fallait être affuté et aguerri pour être capable d'avaler tous ces kilomètres et ce dénivelé… avec des barrières horaires très serrées. Beaucoup ont rendu les armes face à un terrain ne proposant que rarement des portions réellement courables. Et les conditions météo de la montagne ont compliqué le déroulement de l'épreuve avec plusieurs neutralisations dans des refuges d'altitude. La sécurité avant tout.

   

  

   

    

 

Un grand bravo à tous, à Julien CHORIER, qui a remporté cet Ultra Trail, et tout particulièrement à mon ami Niko DARMAILLACQ, qui une fois de plus, a prouvé ses capacités à se dépasser dans des conditions ultimes. Bravo à toi le Lémurien. C'est d'excellent augure pour ton projet de Traversée des Pyrénées.

Le bonheur de « Pau » sur sa joëlette

 

Après une belle soirée partagée avec les amis rescapés de l'utra et du trail, et une bonne nuit récupératrice, me voilà au petit matin de nouveau à Ordino pour la première édition du SolidariTrail. Une course de 10 km et près de 700 m de dénivelé sur les hauteurs d'Ordino. Nous étions venus avec Pierre et Jean-Marc, en février, pour aider les organisateurs à la concevoir (à lire ici). Et c'est désormais une réalité ! C'est un projet auquel je tenais beaucoup... et qui ne fut pas facile à concrétiser. Valérie s'est beaucoup impliquée... et avec l'aide des Dunes d'Espoir, cette première édition du SolidariTrail a lieu.

 

Le petit passager de la joëlette conduite par les bénévoles de Dunes d'Espoir est un jeune andorran, prénomé "Pau". Il jubile à l'avance. Son bonheur fait plaisir à voir, tout comme celui de sa famille qui est venue l'encourager. Jean-Marc (de Perpignan), Hamid (de Paris) et Alex (de Montpellier) sont venus tout spécialement en Andorre pour faire vivre à Pau cette première expérience en joëlette.  

  

  

  

Action 12, de l'Aveyron, a également répondu présent et aligne trois joëlettes. Au total, ce sont donc 4 joëlettes et leurs passagers, qui prennent part à cette première édition du SolidariTrail. De nombreux randonneurs et coureurs ont également pris un dossard sur cette course, ainsi qu'un traileur malvoyant accompagné de son guide. Vers 9h30, le départ est donné et nous partons en direction de la Cortinada. J'emprunte le même parcours que la veille, pour les premiers kilomètres de l'Ultra Trail. Ensuite, nous bifurquons à droite pour une belle montée dans un bois. Le dénivelé positif se fera en 3 temps, avec une très grosse montée pour rejoindre les Planes de Sornàs. 

  

  

 

La vue sur la Vallée d'Ordino est de toute beauté, tout comme ce parcours assez singulier en joëlette. Un beau chemin en balcon nous offre un large panorama sur la chaîne de montagnes. Le jeune PAU apprécie cette aventure, que nous partageons tous ensemble avec l'aide d'Etienne d'Action 12, et de Nuvan, un coureur qui nous prête main forte (un grand merci à vous deux).  Une fois tout en haut, nous voilà sur une large piste pour rejoindre Segudet et entrer dans Ordino. 

 

Les encouragements sont vifs et chaleureux. PAU chante même (en français !) : Et, et 2, et Dunes d'Espoir ! La joëlette entre dans la rue piétonne d'Ordino et franchit l'arche d'arrivée sous le regard ému de sa famille et de nombreux supporters et spectateurs. Les autres joëlettes et leurs passagers arriveront les unes après les autres, avec les participants (randonneurs et coureurs) de ce SolidariTrail.   

 

   

 

Une belle course solidaire qui vient ponctuer un week-end andorran riche en émotions ! Bravo à tous ceux qui œuvrent pour la réussite de tels moments. Merci aux organisateurs, aux bénévoles, aux supporters, à Action 12 de l'Aveyron et aux porteurs d'un jour. Et un merci tout spécial à mes amis de Dunes d'Espoir, qui ont fait le déplacement en Andorre pour ce SolidariTrail : Jean-Marc, Alex et Hamid. Et aussi bien sûr Pierrot le Marseillais, qui n'a pu être physiquement des notres (tu nous aurais bien aidé), mais qui nous accompagnait par la pensée !  

 

 

Le mot de la fin

 

Trois jours qui n'ont semblé durer qu'un. Pour autant, un sentiment particulier d'être sur tous les fronts à la fois… et d'être passé à côté de certains moments. A l'image de ce chassé croisé avec Niko pour le trouver sur les derniers kilomètres de course…. Et finalement le louper à l'arrivée. De ce SolidariTail que j'aurai aimé partager avec plus de personnes… mais nombreux étaient trop fatigués de leurs épreuves respectives… Bref un bon week end entre amis, dans un magnifique pays… mais aussi un week-end un peu trop speed… où j'aurai apprécié « suspendre » un peu le temps. 

 

Et encore bravo à tous. Que vous soyez finishers ou pas. Sur l'Ultra ou sur le trail. Cette épreuve est tout à la fois magique et énorme. Il faut être un peu fou pour concevoir un tel parcours… et encore plus pour oser s'y aligner… Mais c'est bien ce que nous cherchons non ? Reste à savoir où mettre le curseur… pour trouver l'équilibre entre la difficulté et le plaisir. Dans le dictionnaire des citations du Lémurien, je retiendrai donc celle-là : l'Ultra, c'est plus fort que toi !  

 

  

 

  

A LIRE : Le superbe reportage de NIKO LE LEMURIEN, 3ème de l'Andorra Ultra Trail 2010



01/07/2010
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