ZEGAMA-AIZKORRI 2012 : Un peu trop près du Ciel
D’habitude, lorsqu’il fait mauvais en montagne, je ne sors pas. Une réminiscence des temps anciens ? Non. Plutôt un principe de précaution. Je n'aime pas me mettre en danger inutilement. Ma passion pour la montagne est - et doit rester - un plaisir. Mais quand il s'agit de s'aligner au départ de Zegama-Aïzkorri, on y réfléchit à deux fois avant d'y renoncer. C’est une telle chance d’avoir un dossard. Bref, j’ai participé à cette édition 2012 marquée par une météo désastreuse. De la pluie, toujours de la pluie, et même parfois la neige. Un terrain rendu extrêmement boueux par 72 heures de pluies incessantes. Des roches acérées très glissantes pour une progression parfois dangereuse. Et contrairement à l’an passé, nous n’avons rien vu des magnifiques paysages. Je dois dire que je regardais chaque panneau de kilométrage en me disant : en voilà un de fait. Je n'aspirais qu'à arriver, ce qui n'est pas mon habitude.
Mon cheminement s’est plutôt fait en mode rando-course. Je n’ai que rarement pu courir comme j’aime. Certains étaient particulièrement à l’aise et c’était impressionnant à voir. Il faut s’avoir s’engager sur un tel parcours et dans de telles conditions. Le skyrunning, autant j’y prends plaisir quand le terrain est sec, autant là, ça parfois été galère. Je n'aime pas ce manque d'assurance sur le rocher humide. En plus, j’ai fait un mauvais choix de chaussures. Les miennes, très légères, ont manqué d'accroche faute à des crampons trop lisses. Et dans la première descente, j'ai fait une bonne chute qui ne m'a pas rassuré. Mes soucis de cervicales et de vertèbres ne sont toujours pas réglés depuis ce stupide accident de luge dans les Pyrénées fin 2010. La douleur revient assez régulièrement, c'est insidieux et ça m'inquiète pour l'avenir. Du coup, je crains la chute et je manque de confiance dans ce genre de conditions extrêmes.
Mais comme dans chaque expérience, j’en garde toujours de bons moments. C'est ma ligne de conduite de vouloir toujours ressortir le positif. Et sincèrement, cette présence des bénévoles et des spectateurs, dans de si mauvaises conditions, est quelque chose d’exceptionnel. Les espagnols aiment la course en montagne. J’ai vu des petites familles sur les chemins. Des petits enfants qui crapahutent et sont là pour scander des « Aupa, Aupa, Amigo ». Une ambiance de montagne inhérente à une épreuve aussi engagée que l’est Zegama. Que ce soit dans les sous-bois au vert tendre ou au sommet d'Aitxuri, par une neige battante et glaciale. J’ai eu des frissons au passage de la grotte de Sancti Spiriti avec la clameur des encouragements. J’ai apprécié cette présentation en 3D de l’épreuve, avec ces organisateurs animés de leur passion pour la course de montagne. J'ai été impressionné par ce plateau de très haut niveau.
Même sans parler l'espagnol, on saisit l'enthousiasme des spectateurs, ainsi que leur générosité. Je n'ai jamais vu ça sur des épreuves françaises, c'est vraiment quelque chose à vivre. Et sans ce mauvais temps, l'ambiance aurait encore une fois été grandiose, comme l'année passée. Et puis c’était sympa d'être encouragé par Mireia Mirò Varela, qui a dû terminer la journée sans voix. Retrouver Samuel Sanchez, l’espagnol de la Course du Mont Cameroun, fut une très agréable surprise, c'était vraiment inattendu, car Samuel n'avait pas de dossard cette fois-ci. L'occasion de se remémorer cette aventure africaine, où nous avions eu des conditions difficiles, avec de la neige fondue à l'approche du sommet (mon reportage). Etre accueilli à l'arrivée par Marc et Michel et discuter de l’Olympus Marathon, cette prochaine aventure grecque qui m'inspire depuis si longtemps : fouler les flancs de la montagne de Zeus.
Alors voilà, je suis passé à côté de ma course sur ce Marathon de Zegama. C'est dommage. Je n’avais malheureusement pas la tête à courir. Il y a des jours comme ça. Tout est lié. Mais je remercie France Skyrunning de m’avoir accordé ce dossard, car ce fut une nouvelle occasion de vivre des sensations que peu d'épreuves sont capables de produire. Bien sûr, j'ai pris la place d'un coureur ou d'une coureuse qui aurait pu s'exprimer totalement. Je m'en excuse auprès des 1500 qui n'ont pas eu de dossard. Mais voilà, nous ne sommes (fort heureusement) pas des machines. Nous avons tous notre sensibilité. J'exprime ici tout mon respect et mon admiration aux coureuses et coureurs qui ont entrepris cette édition 2012, qu'ils aient ou non franchi la ligne d'arrivée. En année olympique, ne dit-on pas que l'essentiel est de participer ? Tant que le ciel ne nous tombe pas sur la tête, il suffit de savoir rester debout.
International Skyrunning Federation - Zegama-Aïzkorri-Mendi - France Skyrunning
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