A chacun son sommet

A chacun son sommet

ZEGAMA-AÏZKORRI 2011 : la Montagne en Apesanteur

 

 

Des images et des sons, voilà ce qu’il me reste à l’esprit lorsque je songe à Zegama-Aïzkorri. Jamais je n’ai pris part à une telle épreuve jusqu’alors. Ce fut pour moi une magnifique journée passée à courir la montagne, à profiter de chaque instant et à échanger avec tous. Et pourtant, je ne parle, ni ne comprends l’espagnol ! Zegama-Aïzkorri, c’est véritablement la culture montagne.

 

 

 

Une ambiance de fête

 

Dès le départ, on comprend bien vite que Zegama est une course « à part ». Dans ce petit village des pyrénées espagnoles, une concentration exceptionnelle de coureurs de haut niveau, des supporteurs, des bénévoles… j’ai l’impression de me retrouver au Cameroun, à Buéa, pour ce départ de la Course de l’Espoir. La foule est impressionnante et les encouragements sont généreux.

 

Pour cette 10ème édition, nous sommes une poignée de français, dont Thomas Lorblanchet, Greg Vollet, Michel Rabat, Corine Favre... et bient sûr la Lemur Team avec Niko, Fifi et moi. Et nous avons cette chance de prendre part à cette épreuve ! L'année dernière, la neige s'était invitée sur les sommets d'Aïzkorri et d'Aitxuri. Cette année, c'est la chaleur qui est au rendez-vous. Des conditions superbes !



Sur tout le parcours, il y aura du public, parfois des familles entières, pour nous encourager, pour nous communiquer leur joie d’être là. C’est quelque chose d’exceptionnel, qui démontre bien la ferveur des espagnols pour le sport et l’accomplissement personnel. Je ne manquerai pas, tant que possible, de taper dans la main des enfants.

 

Après une petite boucle de 800 m dans la ville, nous partons directement droit dans la pente. Et c'est déjà bien costaud. Ensuite, le tracé se calme quelque peu... ce qui permet de récupérer avant la suite ! La vue sur la Sierra de Aizkorri est magnifique. Dire que c'est cette montagne que les 500 heureux participants vont bientôt fouler !
 


 

Des sourires illuminent les visages. Nos noms sont scandés par des supporteurs qui scrutent les numéros de dossards dans le journal du jour. Sur les 42 km de ce très beau parcours, nous avons tout simplement vécu une vraie communion avec des passionnés de montagne. L'épreuve est retransmise en direct sur la télévision espagnole, c'est dire l'ampleur du phénomène.

 

 

La foulée des crêtes

 

Le parcours de Zegama alterne des passages en forêt, des beaux petits singles… et surtout une belle portion tout en crêtes, aérienne à souhait, proposant un magnifique panorama sur le Pays Basque Espagnol. C’est technique et engagé, sur une roche que me fait penser au Massif de la Sainte Victoire. Cette alternance de difficulté et de passages de relance permet à chacun de s’exprimer.

 

 

Le premier pic, Aratz, à 1445 m, donne déjà une petite idée du terrain : il y a du rocher ! La descente est un vrai bonheur. Attention à ne pas trop s'emballer. On se rapproche de la montagne, comme dans un petit canyon... en se demandant où on peut bien passer ? La réponse vient bien vite : on passe sous la montagne, dans la grotte de Sancti Spiriti. C'est magique !

 

Je n’ai jamais aimé la difficulté pour la difficulté. En revanche, j’aime les tracés qui me font découvrir des endroits magiques, qui alimentent mon imaginaire. Sur ces crêtes d’Aïzkorri, j’ai aimé ces roches acérées, cette technicité où l’erreur n’est pas permise. Il faut être précis et agile.  



Ce sont sur de tels passages que les qualités de pieds sont indispensables, que la prise de risque est à bien gérer, que l’adrénaline est à son maximum. C’est une sensation toute particulière de se sentir au plus près des sommets, de flirter avec l’altitude et jouer avec l’apesanteur. Et la présence de toute cette foule donne encore un caractère exceptionnel à cette course vraiment hors normes.

 

 

Les champions d’un jour

 

Sur cette épreuve, on se sent comme le champion d’un jour. Chacun est encouragé, soutenu. Bien sûr, le risque, c’est de se brûler les ailes, de laisser trop d’énergie face à cette profusion d’encouragements. Aussi, il faut savoir se gérer et être modeste dans son effort, car autant les premiers 25 km sont vraiment montagnards, autant la suite nécessite de courir véritablement.



Zegama-Aïzkorri est digne d’un championnat du monde de Skyrunning. Toutes les qualités sont requises pour franchir la ligne d’arrivée. Et pour profiter pleinement de cette épreuve, il faut être costaud physiquement et mentalement. C’est véritablement, pour moi, l’âme même de la course de montagne.



Ayant participé plusieurs fois à la Sierre-Zinal, « l’autre » grande référence des courses de montagne, je peux vous dire que Zegama-Aïzkorri remporte la victoire. Car même si les « cinq 4000 » du Valais Suisse sont exceptionnels, la ferveur populaire de la course espagnole me tient encore chaud au cœur.



 

Toute ma considération aux organisateurs, aux bénévoles et aux partenaires. Un grand merci à Stéphane Salerno de m’avoir permis de prendre part à cette 10ème édition de Zegama-Aïzkorri, ses photos iciUn grand bravo au Lémurien pour sa superbe 22ème place, ainsi que pour sa vidéo et son reportage "Lo Hicimos", à voir sur son blog.



07/06/2011
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