A chacun son sommet

A chacun son sommet

TEMPLIERS 08 : A la Croisée des Chemins

 

Sauclières, Saint Guiral, Dourbies, Saint Sulpice, Cantobre, Nant… l'évocation de ces noms suggère immédiatement une épreuve mythique du trail : la Grande Course des Templiers. Un grand rendez vous pour tous les amoureux de la course nature. Et cette année, avec de nombreux amis, j'y étais une nouvelle fois. Et comme d'habitude, ce fut un week end formidable.


 

Bien sûr, on vient aux Templiers pour faire la course, pour tenter de donner le meilleur de soi. Mais on vient surtout pour partager sa passion des sports nature avec le plus grand nombre. Et cette année, ils furent nombreux. Le plaisir de revoir Danou, rencontrée lors de l'UTMB 2006, et avec laquelle j'ai noué une belle amitié. Et Jean-Marc, compagnon d'aventure lors du Pyrénées Expé Trail en juillet dernier. Et tous les autres : Stéphane, Philippe, Olivier, Marie… et leurs supporters : Cathy, Céline, Anne…


 

Samedi matin, je parcours les allées du Salon des Courses Nature de ce Festival des Templiers, une concentration des plus belles épreuves organisées en France et de part le monde. L'occasion de revoir Stef d'Allibert-Trail, Samuel l'organisateur du superbe Trail Glazig (auquel je participerai à nouveau en 2009 avec les Dunes d'Espoir), Michel Hortala pour le Gruisan Phoebus Trail, les gars de l'Euskal Raid Association, Michel l'organisateur du Trail des Citadelles…


 

La journée avance bien vite et à 13h00, c'est le départ du Marathon des Causses. Une nouvelle épreuve à laquelle prend part mon père. Nous le suivons sur le parcours et je me mets dans la peau du supporter. Et bien, il faut en faire de la route ! Mais les paysages sont magnifiques. Causse Bégon, Cantobre... En attendant les coureurs, j'en profite pour appeler Niko pour le féliciter de sa superbe course à la Diagonale des Fous. Il est toujours sur son nuage, c'est génial. J'en discute avec Thomas, un de ses équipiers du Team Asics, qui joue une place au TTN 08. Et mon père continue son bonhomme de chemin... et terminera premier V3 de ce Marathon des Causses, un grand bravo !


 

Soirée dans notre superbe gîte de Castelnau à Saint-Jean du Bruel. Pasta party maison, fou rires, souvenirs et superbe ambiance à la veille du départ de la course. Après une courte nuit, vers 4h00, nous nous retrouvons tous au niveau de la ligne de départ. Autant l'année dernière, il y avait un monde fou. Autant cette année, étrange, Nant est désert. Personne. On prend le temps de discuter, de prendre des photos et un thé bien chaud.


 

5h00. Briefing de Gilles Bertrand, toujours chargé d'émotion. Un court petit texte humaniste qui résume bien l'état d'esprit de cette épreuve. 14ème édition des Templiers. Cinquième participation quant à moi. Et toujours le même aura. A 5h15, c'est le top départ. Toujours un grand moment. Pour leur première, Danou et Jean Marc apprécient. La musique, les fumigènes rouges, le coup de fusil, les encouragements…


 

Nous partons d'une bonne foulée. Pendant 4km environ, je suis avec Jean-Marc. On se retourne pour regarder derrière nous le fleuve de lumières. C'est toujours aussi magique. La température est clémente. Je suis dans un état de plénitude et de sérénité totale. Cette édition 2008 s'annonce vraiment bien pour moi. J'ai reçu tous ces messages d'encouragement de la part de Francky, Jean Laurent, Niko, Martxel, Marie-France, Didier, Thierry… c'est si sympa de savoir que tous ces proches pensent à toi à distance.


 

La progression se passe vraiment bien. Bientôt, les premières montées en chemin, puis le faux plat et les tunnels. Je réalise que j'arrive bientôt à Sauclières. J'y serai en moins d'1h20. C'est trop rapide. Je me suis emballé dans cette partie. Dommage, car je sais que je vais le payer plus tard. Mon enthousiasme, c'est une de mes qualités, mais aussi un de mes défauts. Je ne me modère pas assez. Pourtant, avec l'expérience, je sais que je suis plutôt un diesel et pas un turbo ! Si j'en garde sous le pied, je termine toujours bien sur la deuxième portion du parcours. Si je m'emballe un peu trop, comme cela m'arrive certaines fois, c'est une autre histoire… et là, je pense bien m'être laissé un peu emporté. Mais ce n'est pas bien grave.


 

Passage à Sauclières, puis c'est l'entame de la montée vers le Saint Guiral. J'ai les mollets un peu durs, je bois bien et ça passe. Les premières lueurs du jour dévoilent un magnifique panorama. Que cette région est belle. Reste le Col de la Guéritte, puis une belle descente vers le Menhir. Là, je me dis d'y aller molo et de ne surtout pas descendre trop vite.


 

Ensuite, c'est la dernière section vers le Saint Guiral, que j'atteins rapidement, en moins de 3 heures. Je suis dans le temps que je m'étais fixé, mais comme le parcours a été modifié – il est d'ailleurs superbe – je réalise bien que j'étais en sur régime pendant un bon moment. La nouvelle descente du Saint Guiral est magnifique. Fini la piste désagréable, place à un très beau sentier. Les traceurs de ce parcours 2008 ont fait un sacré beau travail.


 

A mi parcours de la descente, Philippe me double et m'encourage. Je viens juste de me ravitailler et il s'enquiert de ma forme. Je le rassure en lui disant que ça va bien, mais je sais que j'ai déjà laissé trop de jus. Phil semble en grande forme, je suis ravi pour lui. Bientôt, c'est Dourbies, premier gros ravito de l'épreuve. Anne, Cathy, Céline, mes parents… tous les supporters sont là pour nous encourager. Je m'enquière de savoir où en sont Jean-Marc et Stéphane : ça se passe super bien pour eux. Génial. 9h15. Grand soleil. Je ne reste pas très longtemps à Dourbies. Et je repars une tranche de pain tartinée de Roquefort à la main. Beaucoup, beaucoup d'encouragements.


 

La Crête du Suquet… pas très longue… mais trop longue pour moi cette fois. Je ne suis pas dans le rythme. A défaut d'être un lémurien, je suis plutôt un paresseux. Je me traîne un peu. Est ce la digestion ? Un coup de fatigue ? Je ne sais pas. Beaucoup de gars me remontent. Je laisse filer. De toute façon, il y a toujours un passage à vide sur ce genre d'épreuve. Sauf que là, c'est un peu tôt. Arrivé au sommet, je réoriente les deux gars devant moi qui se trompaient de direction. Et oui, on monte encore un peu sur la gauche… passage en forêt avec pas mal de cailloux et pierres sous les feuilles. Attention aux chevilles.


 

Ensuite, superbe descente sur Trèves. Et là, je me fais à nouveau vraiment plaisir. Les sensations sont bonnes. J'avance bien. La dernière partie de la descente est périlleuse. Roches humides et mousses rendent la progression hasardeuse. Prudence et vigilance sont de rigueur. J'arrive à Trêves sous de nombreux encouragements. Le temps est magnifique. Là, un nouveau changement de parcours. Nous ne traversons plus Trêves (et son habituel ravito), pour tout de suite monter sur le Causse à gauche. Et ça monte… raide ! Et je remarche à nouveau. La partie sur le Causse est monotone. Je cours à un petit rythme sur le plat. Bientôt, je rencontre des randonneurs et supporters… c'est Causse Bégon qui s'annonce. Super. Bientôt 6h de course. Km 53.


 

Un sacré morceau de fait, c'est sûr, mais il en reste encore à faire ! Et la partie qui s'annonce, je la visionne bien. Une alternance de descentes et montées raides, et des parties où il faut relancer. Et pour lesquelles il faut absolument avoir des jambes, du carburant et de la fraîcheur. Ce que je n'ai plus, j'en suis bien conscient. J'ai voulu jouer la montre… et décidément ce n'est pas pour moi. Mais je ne regrette aucunement d'avoir tenté ce pari d'un départ rapide. C'est par ses erreurs qu'on apprend le plus. Et je ne suis pas fait pour partir vite... d'autant que le profil des Templiers n'est pas très montagnard et ne m'avantage pas. Je songe à ce moment là à Martxel et Niko qui partagent cet avis.


 

Après Causse Bégon, il reste quelques km de faux plats, puis c'est la descente sur Saint Sulpice. Une nouvelle descente, un nouveau tracé magnifique, mais glissant. Attention à la chute. J'ai d'ailleurs un petit mot de soutien à Béatrice Fanget, jusqu'alors en tête de l'épreuve, qui a chuté gravement et attend les secours en bord de chemin. Le trail n'est pas à proprement parlé un sport dangereux, mais comme toute activité en pleine nature, il présente des risques. Et malheureusement, je suis témoin du désespoir d'une championne de coeur.


 

L'odeur des buis, la beauté des arbres… je passe le pont de Saint Sulpice, puis c'est une nouvelle remontée. On m'annonce dans les 200 premiers. Je suis content, même si je me dis que ça va être difficile à maintenir. Mais l'objectif, c'est de bien terminer cette course et d'en profiter. Je savoure les paysages que nous font découvrir les organisateurs... ça monte bien pour atteindre le haut des falaises que nous longeons. Le panorama sur le Larzac et les Cévennes est superbe. J'avance à un petit rythme. Je me fais doubler et je remonte également.


 

Bientôt, nous voilà au dessus de Cantobre, ce superbe village niché sur les rochers. Là, je sais qu'une sacrée descente nous attend. Du coup, je descends tranquillement en profitant de la vue sur l'ensemble des Gorges de Trévezel. De toute façon, j'ai pas trop le choix, j'ai plus des jambes de chamoix à ce moment là !!! Au niveau des falaises, des gars font de la varappe… et nous passons juste en dessous d'eux. Franchissement d'un ruisseau, encore quelques mètres et me voilà au Moulin de Cantobre. km 64,5.


 

Un bon ravito et de nombreux encouragements sont les bienvenus… ça me fait le plus grand bien. Mon père trottine à mes côtés et c'est bien sympa. La pugnacité, c'est une des ressources fondamentales du traileur. Et elle est mise à rude épreuve sur un tel parcours. Ensuite, j'entame la dernière grande montée, en direction du Roc Nantais. Le chemin est agréable, j'alterne marche et course quand je peux. Les minutes s'égrènent et les mètres aussi... fort heureusement. Des enfants nous annoncent le Roc Nantais, ça fait plaisir.


 

Et j'y arrive en effet ! J'entends les acclamations qui viennent du site de l'arrivée. Il reste une belle descente, dont la première partie est équipée de cordes… peu utiles finalement. Puis le chemin en balcon, le muret… le passage du pont… la dernière petite remontée et l'aire d'arrivée. Je franchis l'arche d'arrivée. 72 km de parcourus et 3100 m d+ avalés depuis ce départ matinal. Michel me demande mes sensations. Je lui dis que le parcours est superbe. Le plus beau depuis ma première participation en 2003. Le plus difficile également. Il m'annonce ma place : 228 en 9h03. Je savoure. Je retrouve Jean-Marc, Stéphane, Jean-Pierre…


 

Une bonne bière me fait le plus grand bien. Puis Danou arrive. Superbe course pour sa première participation. Danou termine dans le TOP 10 féminin et 4ème V1. Encore un beau titre pour La Réunion. La gelée royale a fait le bonheur d'une reine ! Philippe et Olivier terminent également. On se retrouve tous et tout le monde a le sourire.

 

Voilà la formule magique des Templiers : une épreuve magnifique et exigeante, un cadre somptueux, une organisation très bien rodée et des amis pour partager ces grands moments. Tout ce que j'aime ! Même si je préfère les organisations à taille plus humaine, où il y a moins de monde et où je me retrouve plus en harmonie avec la nature, je reconnais que seuls des évènements tels que les Templiers, l'Utmb ou la Diagonale des Fous te font vivre de tels instants.


 

Un grand merci à mes supporters, aux organisateurs et aux bénévoles, sans qui, rien ne serait possible. Une mention spéciale pour le très beau tee shirt finisher, ainsi que le judicieux cadeau remis à chaque participant, un termos sérigraphié aux couleurs du Festival des Templiers.



28/10/2008
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