TROGLO TRAIL 2014 : A la découverte du Saumur-Champigny
Les troglodytes entre Saumurois et Touraine, je les connais depuis longtemps. Le vin de l’AOC Saumur-Champigny aussi. Cette belle région du Sud-Est de la Loire, j’ai l’habitude d’y aller plutôt en promenade, histoire de profiter des panoramas et de ces maisons en tuffeau… et de déguster des fouées et des champignons. La route pittoresque le long du fleuve royal est magnifique. Je connaissais bien la réputation des Foulées du Saumur-Champigny. La joie, la convivialité et le partage, dans l'esprit des "Moments partagés". En ce dimanche 14 septembre 2014 a lieu la quatrième édition du Troglo Trail. 35 km parcourant les 9 communes de l’Appellation Saumur-Champigny : Varrains, Saumur, Dampierre-sur-Loire, Souzay-Champigny, Parnay, Turquant, Montsoreau, Saint-Cyr-en-Bourg et Chacé.
Ce n’est pas très loin de la maison et le beau temps était annoncé. Je me suis inscrit au dernier moment… et je dois dire que j’ai bien fait. Moi qui souhaitais faire une dernière sortie bien rythmée avant l'Ultra des Vagues à Belle Ile, j’ai pleinement profité de ce beau parcours, varié à souhait. Dans le vignoble, dans les villages, dans les bois et forêts, dans les châteaux et dans les caves, dans les campagnes… le circuit nous a permis de faire une boucle complète au départ du Varrains, au cœur de l'AOC Saumur-Champigny. En 2h54, j’ai bouclé ma première participation à ce très sympathique trail. Et même si je n’ai pas pris le temps de m’arrêter aux multiples dégustations de vins, les bouteilles de la « Cuvées des 100 » qui m’ont été offertes à la remise des prix me permettront de me rattraper et de partager entre amis !
Un magnifique parcours dominant le fleuve royal
Un peu après 8h30, nous sommes 180 à partir sur les chemins du Troglo Trail. Nous arrivons bien vite au Hameau de Chaintre, son château et sa croix. Je me suis calé dans les 25 premiers. Non pas pour performer, mais pour savourer. Je n’aime pas être à la file indienne et en plus, j’ai vraiment envie de courir ce matin. J’ai quand même l’appareil photo pour saisir quelques instants et avoir des clichés au retour. Au Petit Puy, c’est déjà un premier ravito. Je ne prends rien. En revanche, je contemple le beau panorama sur tout le Val de Loire. Un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO pour sa grande beauté et sa nature préservée. Puis nous filons vers le Château de Beaulieu, nous parcourons le Coteau Bizeau. Nous sommes juste au-dessus d’habitations troglodytes. Des cheminées sortent de la tuffe. Les terrasses sont sur les toits. L'habitat troglodytique est vraiment exceptionnel.
Et voilà une succession de châteaux sur les communes de Dampierre sur Loire, de Souzay-Champigny et de Parnay. Château de Morains, Château de Villeneuve, Château Targé, dont nous visitons les belles caves… Ce trail est un pur plaisir, alliant sport et patrimoine. Des groupes de musique sont présents pour mettre de l’ambiance. Nous rejoignons Turquant en descendant dans le Val Hulin. Turquant est vraiment un beau petit village, avec une véritable âme. On songe à l’époque où les perreyeux, les bateliers, les mariniers, les tonneliers et les meuniers donnaient de la vie à cette cité. Les anciennes carrières de tuffeau (pierre utilisée pour la construction des Châteaux de la Loire) sont utilisées pour la culture du champignon et la conservation du vin. En tout cas, cet endroit a beaucoup de charme et mérite vraiment d’être visité… avant ou après un petit tour dans une des nombreuses caves.
Les troglodytes, l'habitat des "mousseux"
Le parcours nous fait ensuite quitter ces bords de Loire pour revenir plus dans les terres. Nous n'irons donc pas jusqu'au village de Montsoreau, bien connu des lecteurs d'Alexandre Dumas (une idée à soumettre aux traceurs). Nous passons devant le Moulin de la Herpinière pour ensuite entrer dans la Forêt de Fontevraud. Nous filons sous les arbres jusqu’au carrefour du Bois de la Roche. 25 km depuis le départ. Je suis dans les 10 premiers. Et les sensations sont excellentes. C’est la première fois que je reprends un dossard depuis Un Tour en Terre du Jura au mois de juillet, une belle épreuve que je recommande. Voilà désormais la commune de Saint Cyr en Bourg. Et c’est le clou de ce parcours : un long passage dans la cave viticole troglodytique de la Perrière. Une très bonne idée pour un bon moment. Plus d’1 km dans les caves pour une sortie par un escalier en colimaçon. Mémorable.
Et toujours des bénévoles très chaleureux tout au long de ce parcours tout en rythme. Il reste ensuite à rejoindre le Terrain des Ifs en passant par Chacé et les multiples vignobles alentours. Je remonte encore deux gars. J’aurais bien aimé terminer avec eux, mais nous n’avons pas la même allure. Il faut dire que la distance est un peu « courte » pour moi et je me sens encore vraiment bien frais. Bref, c’est un vrai plaisir. Et c'est ma philosophie de la course nature. Je remonte des participants des foulées du Saumur-Champigny, dont des bretons venus en nombre ; et me voilà arrivé au terme de ce Troglo Trail. Ravi d’avoir partagé ce parcours et cette belle ambiance. Un grand merci aux organisateurs et aux bénévoles. Bravo à toutes et à tous. J'ai passé une excellente journée dans cette belle région du Saumur-Champigny.
Un parcours entre vignobles, caves, troglos et châteaux
Depuis les romains à nos jours,
la grande histoire du vignoble Saumur-Champigny
En 1025, Foulques Nerra, fondateur du Comté d'Anjou, arrache à celui de Blois le Château de Saumur et le vignoble environnant qui demeura angevin sur le plan féodal puis administratif. Dès leur arrivée, les moines de l’Abbaye de Fontevraud développent la culture de la vigne dans tout le saumurois. Lorsque Henri Plantagenêt, comte d’Anjou, monte sur le Trône d’Angleterre en 1154, la vigne connaît un nouvel essor propulsé par la forte demande de la noblesse anglaise. Tout au long du moyen âge, malgré la guerre de Cent-Ans, sous l’influence des ducs d’Anjou, et en particulier du célèbre Roi René (1434-1480), la culture de la vigne connaît une large expansion.
Au XVIIème siècle, Richelieu confie à l’Abbé Breton, officiant à Fontevraud, la mission de replanter la région en Cabernet. Il acquiert en Guyenne des plants de Cabernet Franc qu’il replante autour de l’Abbaye. Depuis lors, ce cépage s’est fait localement appelé “Breton” (cette dénomination est peut-être aussi liée à la transition de ce cépage par Nantes). Cet âge d’or se perpétue jusqu’à la révolution où les guerres de Vendée ravagent le vignoble.
Au tout début du XIXè, “La Topographie de tous les vignobles connus” par A. Jullien référence Champigny en tête de son classement des vins rouges d’Anjou et du Maine : “Champigny, près de Saumur, fournit des vins corsés d’une couleur foncée, de bon goût et très généreux ; ils n’acquièrent leur maturité qu’après quatre ou cinq ans de garde, et sont alors fort agréables.” En 1925, le Docteur Pierre Maisonneuve, dans son ouvrage, “L’Anjou, ses vignes, ses vins” écrit : “ Le Cabernet Franc réussit particulièrement bien dans les calcaires du Saumurois et y donne les grands vins de Champigny”.
La tradition du Breton restera confidentielle, réservée à quelques initiés, appréciée des vignerons du pays jusqu’à l’arrivée d’un homme exceptionnel : le Père Cristal. Fortune faite, il acquît le Château de Parnay, au coeur de l’appellation. A sa mort, en 1931, il avait porté la renommée de Champigny hors de nos frontières. Son vin toujours authentique faisait dire à son ami George Clémenceau : “Un pays qui produit ce vin est un grand pays, car il n’y a pas de grand pays sans histoire et sans grande civilisation”.
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