A chacun son sommet

Ce Géant de Provence, le Ventoux, déjà aperçu à plusieurs reprises lors de mes périples alpins, je me faisais une joie d'en atteindre le sommet. Pour admirer le panorama grandiose qu'il offre, pour traverser ce fantastique belvédère face aux montagnes des Alpes. Alors disons le tout net, j'ai été déçu par ce Trail du Ventoux 2010. Pourtant, l'organisation et les bénévoles furent aux petits soins. Un excellent accueil, beaucoup d'attention, un balisage précis, des ravitos gargantuesques, un parcours technique à souhait, une belle bouteille de vin.

J'ai été déçu pour une simple raison : ne pas avoir atteint ce fameux sommet du Ventoux. Et par la même, d'avoir loupé ce magnifique point de vue à 360°. Le parcours proposé fut varié avec ses balcons, ses monotraces, ses pierriers, ses pistes… dans les flancs du Ventoux. Nous avons fait 40 km et plus de 2200 m de dénivelé, mais nous sommes restés sous les 1500 m d'altitude, bien loin des 1912 m du point culminant. Si j'ai apprécié cette montée de près de 15 km, moi qui aime profiter de la beauté des paysages, je me suis retrouvé fort dépourvu. Tout comme la cigale qui chante par beau temps, le Pilou, en ces jours gris, a perdu un peu de son envie.

Venir jusque là pour ne rien voir, c'est frustrant. Mais heureusement, je ne suis pas venu seul. C'est tout l'intérêt de ces sorties trails. J'étais en compagnie d'une bonne petite équipe, « Esprit Trail Anjou ». Christine, Michel, Manu, Nico et moi sommes membres de cette toute jeune association née en terre angevine. Puis nous avons retrouvé les amis à Bédoin : Kiki et Martxel, Enriqué, Remi, Steph, Yann et Muriel. Et cela fait toute la différence : nous avons passé un super week-end tous ensemble. Un bon pastis chez Gaël et Christine (merci à vous), les retrouvailles avec Bruno du TBM, un bon apéro et une sacrée pasta partie dans un magnifique gite perdu dans la Provence profonde, une bonne bière à Fontaine de Vaucluse.

« Quand lo Ventor a son capèu se plòu pas ara, plourá lèu » : Quand le Ventoux a son chapeau, s'il ne pleut maintenant, il pleuvra bientôt ! Fort heureusement, la pluie nous a laissé tranquille pendant toute l'épreuve et s'est juste invitée au moment du repas d'après course. Dans tous les cas, ce fut une bonne rando-course sur un parcours plus difficile qu'escompté. De la relance, des pierriers… et finalement très peu de neige. L'option des Yatrack n'était pas la bonne pour ce Ventoux 2010. J'ai partagé un long moment la foulée de Rémi, puis nos chemins se sont séparés. J'ai trouvé des compagnons de route bien sympas et les kilomètres se sont enchainés, jusqu'au passage dans une fabuleuse grotte, signe que la ligne d'arrivée est là. Dommage seulement que le Géant de Provence ait mis son bonnet. Surtout le lendemain du jour du printemps !

Un grand merci aux organisateurs et aux bénévoles d'avoir su nous proposer un tel parcours de repli. Le brouillard et la faible portance de la neige furent les invités bien malheureux de ce grand rendez vous du trail en Provence. Reste donc ce léger goût d'inachevé, comme l'arrière goût d'un vin éventé. Le Mont Ventoux, j'y reviendrai à coup sûr. Mais certainement pas sur ce Trail, pas à cette époque (trop précoce) de l'année. Je ne reprendrai pas le risque de traverser la France pour ne pas l'atteindre. D'autres occasions se présenteront certainement : le Trail de Beaume de Venise par exemple, ou celui des Dentelles de Montmirail, dont les réputations me sont parvenues jusqu'aux écoutilles.

Voilà les quelques sensations mi-figue, mi-raisin suite à ce Trail du Ventoux. Qu'ajouter de plus ? Qu'on a bien failli rester planté à l'Aéroport de Marseille Provence, faute d'avion. Que j'ai été impressionné par la quantité de pates que notre Rémi est capable d'ingurgiter. Que Nico (Président d'Esprit Trail Anjou) a un sacré potentiel… sans parler de celui de Manu. Que Cri-Cri cours plus vite que son ombre... même quand ça monte. Que Muriel, en plus d'être une accompagnatrice adorable, fait une compote de pommes excellente. Et enfin, que les basques sont vraiment des gens bien. La preuve en lisant la belle plume de Michel : ETA et la Mission Ventoux.