SPAGHETTI TOUR : Les 4000 du Mont Rose
Le Massif du Mont Rose, entre Italie et Suisse, m’attire depuis de nombreuses années. Déjà, en 2008, j’avais envisagé de faire ce « Spaghetti Tour », ce tour des sommets du Mont Rose. J’avais choisi finalement de faire le Tour du Cervin, en randonnée itinérante avec mon père. Un très grand moment de montagne et d’échanges (« La plus belle randonnée des Alpes »). Puis lors de mes trois participations au Tor des Géants, en 2011, 2012 et 2013, j’ai à chaque fois approché ce magnifique massif. Après l’Alpage d’Alpenzu, en remontant vers le Col Pinter, je voyais ces lueurs sur les sommets du Mont Rose.
J’avais eu l’occasion de faire le Breithorn et l’un des jumeaux, le Castor, par deux fois. J’ai pu les contempler à maintes reprises depuis le Gornergratt et Zermatt en Suisse. Bref, ces sommets du Mont Rose me faisaient rêver depuis un bon moment déjà. Il faut savoir attendre parfois. Pour pouvoir encore plus savourer. Attendre le bon moment. Le Massif du Mont Rose est revenu d’actualité lors d’une soirée bien sympathique au Refuge d’Argentière, à l’été 2014. En discutant avec une cordée lors du dîner, nous nous sommes immergés dans le Mont Rose, le « massif des glaciers » selon le patois valdôtain « rouésa ».
Et ce fut décidé. Avec Jeanfi, mon compagnon de cordée depuis ce stage d’autonomie à l’alpinisme en 2003 à Ailefroide (merci à toi), nous avons programmé pour cette première semaine d’août 2015, les sommets du Mont Rose. Un itinéraire avec beaucoup de sens entre Breuil Cervinia (au pied du Cervin) et Gressonney. Au gré de la frontière entre deux grands pays alpins, l'Italie et la Suisse. Au total, pas moins de 13 sommets à plus de 4000 mètres d’altitude. Un vrai périple en haute altitude. Bien au-dessus de toutes les contingences habituelles de nos sociétés formatées. Avec de très belles rencontres… et un certain « idéal » de la montagne.
Bref, des moments toujours très précieux. Toujours difficiles à expliquer avec de simples mots. Mais si on pouvait résumer simplement, il s’agit de journées intemporelles et lumineuses. Au plus près des sommets. Avec une simple corde qui nous relie à l’autre, à la vie. Et tous les horizons pour vivre notre liberté la plus totale. J’avais choisi un itinéraire atypique – et certainement plus exigeant – pour nous sortir des lieux communs et de la foule. Pour s’immerger pleinement dans ces montagnes. Tout en n’oubliant pas les échanges avec les autres… et la rencontre – essentielle - avec l’Alpe.
Partis le dimanche 2 août 2015 en fin d’après-midi depuis la Vallée de Valtournenche, nous avons rejoint Staffal en Vallée de Gressoney le jeudi 6 août vers 13h30. Au total, près de 4 jours à plus de 3500 mètres d’altitude. En grande partie dans ces neiges éternelles du Massif du Mont Rose. Un bivouac au Chalet de l’Etoile, face au Matherhorn (Cervin), à 2700 m, juste en dessous du Col du Théodule. Trois nuits en refuge. Guide della Val d'Ayas (3420 m), Quintino Sella (3585 m) et Cabane Margherita. A chaque fois, de beaux moments. Pour terminer dans ce magnifique et dernier refuge à plus de 4500 m.
Dire que j’ai la montagne dans la peau est un pléonasme. Depuis l’âge de mes trois ans, j’ai l’habitude de venir en altitude. Pour prendre de la hauteur, comme je l’ai déjà écrit. Pour prendre du plaisir et pour découvrir. Mais aussi pour prendre du recul. Pour atteindre cette sérénité propre aux hautes altitudes. Où on oublie l’heure et le jour. Où on sent battre son cœur intensément. Où on ressent au plus profond de soi la vie. La haute montagne offre des sensations que l’on a – malheureusement - de moins en moins d’occasion de vivre « normalement ».
De ces jours, je me souviendrai de la Vierge à l’Enfant du Pollux, de cette traversée fantomatique de l’Arête du Castor, du mur de glace du Naso du Lyskamm, des crevasses béantes et sublimes du Glacier du Lys. Et surtout, de cette formidable sensation sur les crêtes aériennes de Parotspitze et de ce coucher de soleil à Signalkuppe dominant pratiquement toutes les Alpes, à l’exception de la Pointe Dufour et du Mont Blanc. La Pointe Zumstein à 4563 m, le point culminant italien du Mont Rose. Et puis bien sûr, ce repas au Refuge Regina Margherita. Digne d’un restaurant. Avec la meilleure des compagnies. Des amitiés sincères et pures. Dire que nous étions à plus de 4500 m. Pas simple d’y revenir tous les jours… quoique les souvenirs (et les photos) peuvent y aider.
Le Spaghetti Tour : 4 jours en haute montagne
1 bivouac - 3 refuges - 13 sommets à plus de 4000 m
(Notre trace en vert. Cliquer pour zoomer)
J 1 - Traversée du Breithorn Ouest (4164 m) / Breithorn Central (4159 m) - J 2 - Pollux (4092m) - Castor (4223 m) / Felikhorn (4088 m) - J 3 - Naso du Lyskamm (4272 m) / Balmenhorn (4167 m) / Ludwigshöhe (4341 m) / Parrotspitze (4432 m) / Signalkuppe (4554 m) - J 4 - Pointe Zumstein (4563 m) / Corno Nero (4322 m) / Pyramide Vincent (4215 m)
Site sur les refuges et fonds de cartes pour préparer ce Spaghetti Tour : www.refuges.info
Base de données de refuges, abris, gîtes, sommets et divers points en montagne
avec cartes satellite, descriptions et coordonnées GPS
Et mon coup de coeur pour le Trophée "Mezzalama", une épreuve de ski-alpinisme
qui emprunte une partie de cet itinéraire (sans les sommets à l'exception de Castor)
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