L’ECHAPPEE BELLE 2015 : Aux Murmures de Belledonne
Le crépitement du feu de bois et cette lune rousse dans un ciel étoilé. La fraîcheur de l’air et la chaleur de ce foyer. A 4h30 du matin, je suis allongé pas loin du premier chalet de la Grande Valloire. Et je me sens plutôt bien et serein. Cela fait bientôt 24h que nous sommes partis de Vizille. Et voilà 65 km de parcourus pour environ 5000 md+. Très vite, sur cette Ultra Traversée du Massif de Belledonne, j’ai compris que j’allais devoir prendre mon temps. La rudesse et l’exigence du terrain ne permettent pas de véritablement courir. Il faut constamment être vigilant et sur ses gardes. Plus fatiguant mentalement que physiquement. J’ai donc décidé de renoncer pour ne pas abandonner.
De traileur, je suis devenu un randonneur. Dès lors, j’ai pu profiter de ces très beaux paysages. Des nombreux lacs et cascades. Le Massif de Belledonne est .particulièrement sauvage. Un peu moins de 50 heures pour arriver à Aiguebelle. 144 km et près de 11 000 md+. Des sentiments très variés allant de la joie à une certaine mélancolie. D’une vraie lassitude à un enthousiasme montagnard. Bref, cette épreuve est très particulière. Elle donne envie de revenir dans ce Massif de Belledonne pour profiter de certains secteurs magnifiques. L’organisation est exemplaire, tout comme la générosité des bénévoles. Et pour autant, c’est une épreuve que je ne souhaite pas refaire. Un véritable paradoxe.
Soit l’Echappée Belle n’est pas faite pour moi. Soit je suis passé à côté. Soit la conjonction des deux. C’est vrai que je suis arrivé avec un fort déficit de sommeil, dû à une semaine de travail très chargée. D’où mon sentiment exacerbé (en tout cas sur la première partie) d’un tracé assez périlleux et acrobatique. C’est vrai également qu’après le Spaghetti Tour et ces superbes sommets du Massif du Mont Rose, j’avais une véritable envie de courir dans les montagnes… et j’ai donc très vite été frustré. Du coup, je me suis résigné à cette réalité. J’ai poursuivi mon chemin, comme on roule sa bosse. Une véritable introspection. Et une attention à tous les signes et bruits de la montagne.
Ces murmures de Belledonne m’ont nourri. Les chants des cailloux dans l’eau, les bruissements de l’air, les discussions avec les autres participants et les bénévoles. Et j’ai finalement vécu deux belles journées (et deux nuits) à parcourir les montagnes. Que ce soit lors de l’ascension de la Croix de Belledonne ou sur les crêtes du Grand Chat, le large horizon offert au regard est particulièrement grisant. Pas à pas, on vit avec la montagne. Et on partage. C’est essentiel pour moi et c’est toujours ce que j’ai recherché en prenant part à de telles épreuves. Aussi, je suis particulièrement heureux d’avoir accompli cette traversée dans son intégralité.
Je l’ai en effet échappé belle. Si j’avais arrêté pour quelle que raison que ce soit (et elles sont nombreuses sur cette épreuve), j’aurai ressenti cette peine que j’ai pu lire dans le regard de beaucoup de participants qui ont (dû) abandonner. Ce crève-cœur, mélange de tristesse et de remord. Finalement, beaucoup de mes connaissances et amis ont franchi, comme moi, cette arche d’arrivée. Ils ont pu faire tinter la cloche et ont savouré ce sentiment d’avoir réussi. Pendant ces près de 50 heures, j’ai parfois vacillé dans ma motivation à poursuivre. A trouver du sens à ce que je faisais. Alors, je me persuadais de ces trois mots de Florent Ubert lors du briefing : gestion, gestion, gestion. Faute de mieux.
J’avais tant entendu parler de l’Echappée Belle depuis sa première édition. Cette épreuve m’attirait et je ne regrette pas d’y avoir participé. Ce fut l’occasion de découvrir tout un Massif que je ne connaissais pas. Pourtant, je suis passé à maintes reprises à proximité. Mais venant de mon Anjou, à chaque fois, j’entrais plus profondément dans l'Alpe, pour aller vers les « grandes montagnes ». Et grâce à l’Echappée Belle, j’ai découvert un massif unique. Je ne pensais pas que Belledonne recelait de telles pépites. Un grand bravo aux organisateurs et merci de tout cœur aux bénévoles, partenaires et aux amis venus m'encourager.
A découvrir aussi
- De retour des CEVENNES... et des ETOILES 2008
- EUSKAL TRAILS 08 : Toutes les saveurs du Pays Basque
- GRAND RAID DE LA REUNION 2010 : des Fous et des Chimères
Retour aux articles de la catégorie + Trails et ultras -