GUADARUN 2012 : Toutes les Rencontres portent leurs Fruits
Archipel de la Guadeloupe, Avril 2012. Les Dunes d’Espoir et leurs joëlettes sont au cœur des Caraïbes pour participer à une épreuve en 6 étapes : la Désirade, Marie-Galante, Terre de Bas et Terre de Haut, Basse-Terre et Grande-Terre. La Guadarun, c’est à la fois du sport et du tourisme. Un séjour privilégié pour découvrir ces îles paradisiaques. Une semaine intense, éprouvante et enthousiasmante. L’occasion de partager avec quatre jeunes à mobilité réduite une belle tranche de vie, où chacun a appris de l’autre. Des moments de complicité, d’échange et d’émotion avec Inès, Morgane, Gaspard et Jonathan.
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130 km en six étapes. Des bivouacs, des transferts maritimes, de splendides plages aux eaux turquoise, une flore somptueuse, de l’effort et de la solidarité… voilà ce qu’est la Guadarun. Un dépaysement total, des rencontres en tous genres et de l’adversité. Car la Guadarun n’est pas une épreuve d’un abord facile. Le climat tropical et le terrain sont deux facteurs à ne pas sous estimer. La chaleur rend la course plus difficile et plus longue. La grande diversité du terrain se révèle piégeuse à souhait. C’est vrai pour n’importe quel traileur ou traileuse… ça l’est encore plus pour des jeunes à mobilité réduite en joëlette.
A l’Assaut des Montagnes Immergées
L’archipel de la Guadeloupe est constitué d’un chapelet d’îles. Chacune a ses spécificités, sa biodiversité, son relief, son climat. Les organisateurs ont composé, au fil de nombreuses années d’expérience, de beaux parcours sur chacune d’entre elles. C’est grâce à eux que nous avons pu découvrir, sous un regard différent, la beauté de la Guadeloupe. C’est également grâce à eux, que l’Association Dunes d’Espoir a pu s’intégrer complètement à l’épreuve. Car c’est bien là le principal objectif de Dunes d’Espoir : faire découvrir la joie de la course à pied à des jeunes à mobilité réduite.
Une semaine sportive et solidaire
Les îles guadeloupéennes sont les sommets de montagnes immergées. Un relief parfois brutal, calcaire ou volcanique. Le challenge n’est pas facile à relever. D’où une question qui se pose dès le départ. Pourquoi venir jusqu’ici pour prendre part à la Guadarun ? Le voyage est long et le budget est conséquent. Et il y a tant de belles épreuves en France. Oui, mais la Guadeloupe, c’est la France. Et j’ai pu voir l’émotion des Antillais à voir une Association comme la notre venir dans leurs belles îles. Cette Guadarun était l’occasion de véhiculer de belles valeurs d’échange, de partage et de tolérance.
La beauté de l'Archipel de la Guadeloupe
L’aboutissement ultime de notre participation aurait été de laisser sur place nos joëlettes, pour qu’elles puissent être utilisées pour des jeunes guadeloupéens. Car essaimer cet usage de la joëlette dans toutes les régions de France, c’est aussi, par l’intermédiaire des Antennes Locales, l’une des actions de Dunes d’Espoir. En effet, après avoir lancé cet usage dans les années 90, Dunes d’Espoir a généré beaucoup d’autres initiatives de ce genre. Et ça, c’est formidable. Sur de nombreuses courses désormais, il y a des joëlettes. Et il faudrait que cela devienne normal. Que chacun ait la liberté de participer et de courir.
Le partage entre coureurs
Courir, c’est un sport simple, qui ne nécessite qu’une bonne paire de baskets. Courir avec Dunes d’Espoir, avec un jeune à mobilité réduite, avec une joëlette, c’est autre chose. C’est un vrai partage, une équipe soudée. C’est une belle expérience humaine à chaque fois. C’est un équilibre fragile à trouver entre des personnalités différentes, des capacités physiques hétérogènes… pour œuvre ensemble à un bon cheminement. Sur une épreuve comme la Guadarun, c’est un exercice difficile, car la fatigue s’insinue insidieusement. Notre joëlette était conduite par un capitaine de main de maître, Bichon.
Près de 80 participants à la Guadarun
L’intégration dans une épreuve, c’est surtout l’opportunité de discuter avec les autres coureurs, de s’entre aider, de s’encourager. C’était émouvant de voir la tête de course nous doubler en pleine vitesse… et de retrouver ces coureurs sur la ligne d’arrivée pour nous encourager. De vivre pleinement une course, d'échanger avec les bénévoles, de rencontrer les habitants. La Guadarun est une épreuve à taille humaine. On apprend vite à se connaitre tous. Ce fut agréable de parler de Sierre-Zinal, du Tor des Géants, des Ecrins… bref de continuer de voyager encore plus loin avec les expériences des autres.
De belles rencontres
Inès, Morgane, Gaspard et Jonathan étaient fêtés comme les héros qu’ils sont. Leur patience, leur courage et leur enthousiasme sont remarquables et méritent tout notre respect. J’ai vraiment été impressionné par leur capacité physique. En effet, un tel raid, avec des changements de lieux pratiquement tous les jours, des conditions assez précaires, des horaires très matinaux… engendre de la fatigue physique et nerveuse. Et pourtant, le sourire a rarement quitté leurs visages. Passer 24 h sur 24 avec des jeunes à mobilité réduite élargit l'horizon des possibles et donne une belle leçon d'humilité.
Les parcours d’Inès et Jonathan
Les jeunes sont – et doivent être – au centre de l’action de Dunes d’Espoir. Pendant cette semaine, j’ai été un témoin privilégié du parcours et de l’évolution de quatre jeunes. Je connaissais Inès depuis le Trail du Bout du Monde de 2009, où elle avait fait son baptême de joëlette (récit). Jonathan et Morgane étaient venus au Marathon de Vannes 2010 (récit). Et Gaspard, je l’avais déjà rencontré à plusieurs reprises depuis le Grand Défi des Vosges 2008 (récit). Pour chaque jeune, pour leur famille, ce voyage en Guadeloupe représente beaucoup. Et il faut avoir confiance pour réaliser de tels projets.
Les joëlettes de Dunes d'Espoir
J’ai particulièrement suivi l’évolution d’Inès et Jonathan pendant cette semaine. J’ai vu combien Inès a appris, notamment avec la complicité de Gaspard, qu’accepter l’aide d’autrui n’avait rien de dévalorisant. Qu’assumer ses faiblesses peut rendre plus fort. J’ai été très ému, lorsque le matin du premier bivouac, je l’ai emmené, avec l’aide de Poussinette, dans l’océan. Et telle une petite sirène, une fois dans l’eau, elle s’est mise à nager. Elle rayonnait, elle était autonome. Lors de cette Guadarun, j'ai vu Inès grandir. Petit à petit, elle s'est ouverte à l'ensemble de l'équipe, ses éclats de rire et son bonheur d'être en Guadeloupe, pour partager une telle aventure.
Des jeunes heureux
J’ai été touché par la clairvoyance de Jonathan. Un jeune dont j’étais un des référents. Un jeune qui donne énormément de tout ce qu’il reçoit, qui remercie tout le temps, qui connaît parfaitement les contraintes de son corps et qui sait profiter de l’instant présent. Inquiet au départ de faire du camping, il s’est révélé pendant la semaine. Chaque jour lui a apporté son lot d'aventures. De la joëlette crevée, à la piscine de l'hôtel en passant par la soirée finale. A la fois filou et espiègle, il est très attachant et s’est fait bien vite de nombreux amis. A côtoyer ces jeunes, on apprend beaucoup des autres et de soi.
Le Désespoir du Singe
La végétation guadeloupéenne est particulièrement abondante. Tant d’espèces et de sous espèces… tant de couleurs à profusion. Parmi certains arbres, deux me plaisent particulièrement. Le flamboyant. Un arbre aux fleurs rouges. Et l’araucaria, dit « le désespoir du singe ». On l’appelle ainsi à cause de ses piquants. A cause d’eux, les singes ne peuvent pas grimper sur ses branches. Pas bien grave en Guadeloupe… car il n’y a pas de singes, mais des iguanes. Sauf que parfois, les singes, ça aurait bien pu être nous. L’usage de la joëlette n’est vraiment pas adapté sur certaines portions de la Guadarun.
Les îles guadeloupéennes, sommets de montagnes immergées
En tant que traileur et ultra-traileur, j’ai eu l’occasion de participer à de très nombreuses épreuves depuis plusieurs années. Je connais donc bien la difficulté de la progression en forêts humides et tropicales, parmi les racines et les roches boueuses. Lorsque je cours avec Dunes d’Espoir, j’aime faire découvrir les sensations fortes aux jeunes. Cela fait partie d’un trail. C’est une expérience à faire vivre. Pour autant, il ne faut pas aller dans certains excès. A l’impossible, nul n’est tenu. Aussi, il faut savoir s’adapter à la situation. Il faut savoir renoncer. Il faut savoir composer avec le terrain.
Au coeur de la forêt tropicale
Nous avons fait une partie de l’étape de Basse Terre, dans les flancs de la Soufrière. Cette étape 5, nous ne devions pas la faire à l’origine. C'était normalement impratiquable en joëlette. Elle a été rajoutée au dernier moment, je ne sais pour quelle raison. Jonathan a fait les 4 km de piste. Inès a aimé entrer dans cette forêt tropicale, dans cette ambiance d’Arthur et des Minimoys… Puis nous avons fait demi-tour à temps. Pour ne pas en faire trop, pour ne pas chercher la douleur, pour ne pas risquer l’accident. Le défi à tout prix, quel en est l’intérêt ? Quel en est le sens ? Nous ne sommes pas des singes.
La générosité des Antillais
J’ai le goût du voyage depuis ma plus tendre enfance. Je n’ai jamais d’apriori, je ne me fonde jamais sur les convictions des autres. Je tiens à mon libre arbitre, tout comme à mon propre jugement. Avant de venir en Guadeloupe, j’avais entendu plusieurs avis assez négatifs sur l’accueil aux Antilles. J’ai pu constater lors de cette épreuve combien les Antillais sont généreux. En sourires et en disponibilité. Aude BELENUS, la deuxième dauphine de Miss Guadeloupe en est la parfaite ambassadrice. Le Guadarun est à l’image des Antillais. Une épreuve aux multiples facettes, dans un pays qui ne connaît pas l’hiver.
Une flore exceptionnelle
Mon étape préférée fut celle sur Terre de Haut. Une belle boucle de 15 km qui nous a fait découvrir toute la beauté des Saintes et procuré de belles émotions. Le parcours nous a conduits au Fort Napoléon. Suite à ma demande, la personne à l’accueil du Fort nous a autorisés à entrer pour en faire le tour et aller voir des iguanes. Le panorama sur la baie des Saintes était fabuleux. Gaspard était aux anges. Nous avons ensuite atteint une autre Tour, au niveau du Chameau. Et là, encore une fois, ce fut superbe. Morgane était très émue. D'origine Guadeloupéenne, c'était la première fois qu'elle venait sur l'Archipel.
La magnifique Baie des Saintes
Ces moments de partage sont essentiels dans les courses avec Dunes d’Espoir. Ils permettent à chacun de discuter, d’échanger et de se reposer. Courir avec Dunes d’Espoir n’est pas une performance en soi. En revanche, faire ressentir au jeune toutes les sensations de course, être à son écoute, capter son attention, savourer ses éclats de rire, entonner une chanson… permettent de démultiplier tous les efforts et de repousser ses limites. Bref, de donner encore plus d’espoir à ces jeunes pleins de vie et d’envie.
Une séléction de mes photos prises lors de cette Guadarun
Un grand merci aux organisateurs, bénévoles,
coureurs, accompagnateurs, sponsors et mécènes.
Un grand bravo à Inès, Morgane, Gaspard et Jonathan.
Et 1, et 2, et Dunes d’Espoir.
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