A chacun son sommet

Pointe Saint Mathieu, Bretagne, Dimanche 12 juillet 2009. "J'aimerais bien recommencer". Ces quelques mots, ce sont ceux de Marie et de Charmand, prononcés sur le site d'arrivée du "Trail du Bout du Monde". Des mots simples pour nous dire combien cette aventure bretonne leur a plu. Et je pense ne pas me tromper en disant que ce sentiment fut partagé par tous : coureurs et accompagnateurs des Dunes d'Espoir, participants, organisateurs, bénévoles, familles, supporteurs, randonneurs...   

Une invitation de la Breizh Team 

Lancez-vous à l'aventure du Bout du Monde ! Cette invitation de la Breizh Team nous vient droit au cœur. Ce Trail du Bout du Monde offre des panoramas magnifiques sur la Mer, des sentiers côtiers superbes et un formidable accueil. Les joëlettes des Dunes d'Espoir sont déjà venues à plusieurs reprises en Bretagne, notamment pour le Trail Glazig.

Point commun entre le Glazig et le TBM : l'enthousiasme, la générosité et l'audace des organisateurs. Sur ces deux trails, tout est fait pour faire vivre aux enfants handicapés une vraie aventure. Ce Trail du Bout du Monde en joëlettes fut un bonheur à chaque instant. Les sourires n'ont pas quitté les visages de Marie, Charmand, Noémie, Baptiste, Inès et Wally. Tous les coureurs étaient si solidaires de cette action, avec des encouragements à profusion et beaucoup de sensibilité envers les enfants. 

Le départ du Vélodrome de Plouzané, sous les applaudissements de 500 traileurs… l'arrivée au Clos des Moines, à la Pointe Saint Mathieu… resteront des moments forts pour tous. Ce TBM fut à l'image de cet « esprit trail » que je défends, fait de respect, d'engagement, de solidarité et d'humilité. C'est une épreuve pour laquelle j'avais déjà beaucoup d'estime, et cette édition « en jaune » ne vient que la conforter. 

Un regard différent sur le handicap

Denis Caillibot, grand traileur breton, résume bien l'esprit des Dunes d'Espoir : faire plaisir et donner du bonheur. Que ce soit du côté des organisateurs, des coureurs et accompagnateurs, des simples participants, des bénévoles… la motivation est la même. Il s'agit tout simplement d'être généreux. De donner plus qu'on ne peut à ces enfants qui n'ont pas choisi d'être handicapés.

En ce sens, tout a été fait pour accueillir les deux joëlettes sur ce trail de 36 km, assez engagé et technique. Les organisateurs ont fait preuve de beaucoup de professionnalisme pour tout mitonner aux petits oignons, les coureurs et accompagnateurs de Dunes d'Espoir ont comme toujours assuré un maximum, les familles nous ont confié leurs enfants en totale confiance, tous les participants du TBM nous ont porté de leurs encouragements, par leur gentillesse et leur compréhension… et je n'oublie pas les 180 bénévoles et les randonneurs le long du parcours. 

Nous n'avons pas la prétention de changer la vie de ces jeunes enfants handicapés, mais simplement de leur permettre de vivre des moments si magiques. Des moments qui les ressourcent, qui les font rêver… Des moments où ils sont excités, heureux, parfois même un peu effrayés… mais surtout des moments de vie qui les intègrent parmi les autres. Comme les autres.

Pendant tout ce week-end, les enfants se sont amusés, se sont fait de nouveaux amis, ont dépassé leurs limites, comme Noémie. Ils ont fait des choses qu'il leur semblait impossible (ou interdit) de faire. J'aime me souvenir de cette petite anecdote, après l'épreuve. Elisa, la fille de Francky, me demande : « Dis Pilou, on pourrait nous aussi, faire une course en joëlette, une course pour les enfants qui ne sont pas handicapés ? ». Et à Wally (qui a participé en joëlette), de répondre au tac au tac « N'y compte pas ! ». Les enfants handicapés sont fiers de prendre part – véritablement – à une épreuve. Cela se voit dans leurs yeux. Cela se traduit dans leurs mots. 

Un ticket pour des montagnes russes en Bretagne

J'avais promis aux enfants des sensations fortes… ils en ont profités. Un véritable luna park face à la Mer. Charmand et Marie furent les deux premiers « aventuriers » de ce Bout du Monde. Et ils ont remporté leur titre haut la main. La Vallée de Saint Anne en a marqué plus d'uns. De belles bosses, des passages bien techniques et glissants. Chamand et Marie en ont été sans dessus dessous. Et toujours avec beaucoup de joie et de rires. Charmand porte bien son prénom : il a été génial et a rigolé tout du long.

Pendant cette première section, nous avons tous tant apprécié la solidarité avec tous les coureurs du trail. Personne n'a fait aucune remarque, aucune objection, du fait que nous créions parfois un petit bouchon dans ces chemins sinueux et pentus. Mieux même : qui ne fut pas à nous aider à tirer, qui ne fut pas à nous aider à pousser… les joëlettes étaient portées par une sacrée belle énergie de tous. La solidarité n'est pas un vain mot.

Sur tout le parcours, nous avons donc profité de ces beaux sentiers le long de la côte bretonne. Les enfants ont dévoré des yeux cette belle mer iroise. La Pointe du Diable a donné quelques frissons bien sûr ! A chaque fois, l'esprit d'équipe qui unie chaque joëlette a fait bloc, et à chaque fois, la confiance régnait. 

De phare en phare 

Le premier changement d'enfant se déroulait au Phare du Petit Minou. Magnifique carte postale de Bretagne. Charmand et Marie ont donc fait le tour de ce beau phare, puis ont laissé leur place (à contre cœur…) à Noémie et Wally aux sons d'un accordéoniste. Nos deux petits champions ont poursuivi ce périple au Bout du Monde. Les accompagnateurs sont aux petits soins. La sortie du Phare fut épique. Une entrée en matière un peu rapide pour nos deux jeunes traileurs.

Beaucoup d'émotion, bien sûr, un peu d'appréhension, certainement. Noémie, depuis son Marathon de Nantes, attendait ce trail avec tellement d'impatience… qu'elle en était stressée. Mais rapidement, Wally et Noémie ont pris confiance… et ont profité pleinement de cette magnifique portion du parcours. 

Le chemin des douaniers entre le Minou et la Plage du Trez Hir propose un panorama superbe sur les Trois Pois, sur l'Océan… Les enfants – et les coureurs – en ont pris plein les yeux. Beaucoup de sérénité partagée par tous. Et après la Vallée de Saint Anne (qui a laissé quelques traces de fatigue dans les jambes … et les bras !), ce sentier permet a chacun de se reprendre un peu.

Le Trail du Bout du Monde propose un très beau tracé, avec des difficultés qui rendent la progression des joëlettes un peu plus lente. Pas mal de portage pour passer les barrières, ainsi que les escaliers. Toujours dans la bonne humeur, avec de très bons relais entre tous les équipiers. Les Pointes du Diable, de Créac'h Meur, le Fort de Bertheaume… beaucoup de souvenirs pour chacun de nous. 

La plage du Trez Hir 

A trois reprises, nous sommes venus sur cette belle plage : le samedi après midi pour une reconnaissance du parcours, le dimanche pour le deuxième relais enfant et dans la soirée pour un feu d'artifices. A chaque fois, un moment privilégié pour tous.

Samedi après-midi, nous sommes tous là pour reconnaître une section du parcours. La plage du Trez Hir est au km 25 du parcours. Nous en profitons pour faire découvrir les joies de la mer aux enfants. Des secouristes nous prêtent gentiment des tiralos pour faire des courses dans l'eau. Les enfants (et les coureurs) s'éclatent. Ce week end breton s'annonce génial. Marie a même envie de se baigner. Wally y va même tout franco. Il est ravi. Ces moments sont essentiels pour moi. Car il n'y a pas que le trail qui compte. Il faut que chaque instant apporte quelque chose aux enfants. 

Nous faisons la connaissance d'Inès. Inès a 8 ans et habite Brest. Elle va passer son baptême de joëlette lors de ce TBM. Point commun avec deux de mes amis, venus en renfort pour conduire les joëlettes : Didier (de Bourg en Bresse) et Francky (Le Poulet) de Dordogne.

Dimanche, lors du trail, la Plage du Trez Hir fut le lieu du relais entre les enfants. Noémie et Wally laissèrent leur place à Baptiste et Inès. Tous deux sont impatients. Point commun de nos deux petits champions : leurs papas respectifs sont également coureurs sur la joëlette de leur enfant. Une émotion particulière que chacun pourra partager. Nous nous ravitaillons tous bien. Le pain d'épices de kiki est toujours si apprécié. Les bénévoles toujours aussi prévenants. C'est si agréable. 

Tout le long de ce parcours, les enfants ont été particulièrement applaudis. Cette bonne humeur permanente, c'est également à mettre au crédit du Trail du Bout du Monde. Ici, tout le monde a l'air ravi de voir ces traileurs fouler leur beau pays. Des habitants et des touristes forts accueillants, c'est très plaisant. Bruno (de la Breizh Team) est là, tous sourires. Le bonheur, tout simplement.

Dimanche soir, bouquet final de ce week-end en « Breizh Land » : un feu d'artifices. Les enfants ont les yeux qui pétillent. Ils se délectent de toutes ces fusées multicolores qui illuminent le ciel. Tout le monde est réuni pour ce moment de fête. Ce dimanche au Bout du Monde se termine comme il avait commencé : un bouquet d'émotions. 

Point de gigot, ni de flageolets... 

L'histoire du gigot et de ses flageolets, sur les courses avec les Dunes d'Espoir, c'est un petit clin d'œil à Valéry… un gars bourré d'humour qui fut le capitaine de notre joëlette sur ce Trail du Bout du Monde. Car le principe de base d'un bon équipage de joëlette, c'est le respect. Le respect de l'enfant, passager de ce drôle (et ingénieux) moyen de locomotion qu'est la joëlette. Les coureurs se doivent d'adapter leur vitesse de progression à la sécurité de l'enfant et à son bien être.

Point de chrono en tête. Ici, c'est avant tout le plaisir de faire partager ses sensations de course aux enfants. Le respect des autres participants : la joëlette ne doit pas les gêner. Nous devons nous intégrer dans la course, tout simplement. Le respect également de chaque équipier, car ce n'est pas facile de courir à huit. Ne pas trop s'emballer… pour le regretter un peu plus loin, bien se relayer... pour que chacun y trouve satisfaction... C'est une gestion particulière de son effort.

J'aime courir avec les Dunes d'Espoir pour cette raison : un esprit d'équipe pour mener à bien cette frêle embarcation (qui fait tout de même 25 kg !) et son petit passager à bon port. Comme à mon habitude, j'ai « prêté » la conduite de la joëlette à un participant du trail pendant quelques minutes. Le coureur en fut particulièrement ému.

C'est aussi l'un des objectifs de cette action : démocratiser l'usage de la joëlette (qui reste un investissement important à 2700 euros l'unité)… pour permettre à un maximum de personnes handicapées d'en profiter. Il existe en effet plusieurs associations qui prêtent des joëlettes, pour des randonnées notamment.

La Bretagne, Terre de trail

Le Trail de Guerlédan, le Trail de l'Aber Wra'ch, le Trail Glazig… et bien sur ce Trail du Bout du Monde. Pour qui aime le trail, la Bretagne recèle quelques belles pépites. Moi qui affectionne les trails montagnards… j'aime également venir en ces terres bretonnes. Car ici, les trails se courent véritablement avec tout de même du bon dénivelé, de belles côtes, des relances… Certains s'en souviennent encore !

C'est ma grande satisfaction d'avoir pu faire découvrir à ces jeunes handicapés les sensations de course sur un tel trail. Et lorsqu'ils ont brandi leurs coupes sur le site de la Pointe Saint Mathieu, nous avions de vrais petits champions, honorés et fiers d'avoir atteint ce bout du monde. Pas à pas, par jambes interposées, ils ont réussi. Pour leur bonheur et celui de tous les participants.

Le Trail du Bout du Monde en joëlette, ce n'est ni une gageur, ni un défi. Pour nous coureurs des Dunes d'Espoir, ce fut simplement l'occasion d'offrir un rêve à 6 gamins… et de les aider à le réaliser. La Breizh Team a tout fait pour que ce rêve prenne vie… et ils ne le regrettent pas, tant la force et la folie qui anime les Dunes se diffuse sur toute l'épreuve. Et 1, et 2, et Dunes d'Espoir… cette petite musique fera encore échos longtemps dans les ruines de l'Abbaye.  

Un partage de tous les instants

Fabrice et Bruno m'avaient dit combien ils souhaitaient associer tous les participants à la joie des enfants. Ils l'ont fait de la meilleure des manières. Le départ des joëlettes fut donné à 9h40, seulement 5 minutes avant le départ « officiel » du TBM. Plus de 500 traileuses et traileurs étaient là pour encourager les coureurs en jaune. Nous étions portés par ces encouragements et les enfants étaient particulièrement fiers de prendre part à cette épreuve tant attendue.

La tête de course nous remontera avant d'entrer dans la Vallée de Saint Anne. Et tous auront un encouragement, un petit mot sympa. Un vrai plaisir pour nous tous. Cette solidarité envers les enfants n'était pas feinte. Simple et spontanée. Et tout au long, nous avons eu cet accueil si généreux de toute part.

La première féminine fut ralentie par un bouchon. Elle aurait pu manifester son mécontentement à perdre de précieuses secondes… que ne ni, Rosine Guibouin n'a eu que de gentils mots d'encouragements pour Marie et Charmand et a attendue qu'un passage plus large lui autorise le dépassement... Certains coureurs nous remerciant même pour les « aider » à gérer leur effort… et donc ne pas se griller en début de course !

L'arrivée du TBM à la Pointe Saint Mathieu fut un grand moment pour tous. Près de 800 personnes étaient là, à 15h30, soit près de 6 heures après notre départ de Plouzané pour accueillir les enfants. Le site si particulier et l'atmosphère qui régnaient ont rendu cet instant « magique » pour tous. Une émotion partagée par toutes les personnes présentes et très bien illustrée par les mots du Vainqueur de l'épreuve, Pascal Redou.

Pour les enfants, la remise des prix vint couronner cette aventure au Bout du Monde. Une aventure qui les marquera pour longtemps. Comme nous tous probablement. Les Dunes d'Espoir était l'Association Partenaire du TBM 2009. Au travers de sa participation, chaque traileur a reversé un euro. Merci à vous tous. Kenavo.