A chacun son sommet

A chacun son sommet

GRUISSAN PHOEBUS TRAIL 2013 : Cheminer dans la Garrigue

 

 

Après le Trail Glazig, ses chemins côtiers et les embruns bretons (mon reportage), me voilà face au Golfe du Lion, le Massif de la Clape et ses cailloux. Le contraste est saisissant. Et c'est ce que j'aime. Le Gruissan Phoebus Trail, cela faisait un bon moment que j'en avais entendu parler. Et surtout en bien. Et cette année fut la bonne. Après deux participations à la Course du Mont Cameroun, le mois de février était libre. Du coup, je l'avais bien noté. Et une chose de certaine, je n'ai pas été déçu. Tant par le parcours, les paysages, les rencontres, l'organisation. Bref, je suis allé chercher le soleil dans le sud. Et je l'ai trouvé. Ici, les paysages parlent. Et les gens vous racontent. Gruissan, c'est l'ancien port de Narbonne. Il y a des histoires de corsaires et de flibustiers. Le trail emprunte mille traces parmi la végétation odorante (thym, romarin, genévrier…), les amandiers en fleurs, la garrigue, les pinèdes.

 

Un petit air de vacances avec cet hiver bien tristounet et pluvieux. Déjà l'accent des gens du pays met d'humeur joyeuse. C'est chantant et accueillant. En accompagnement du dossard, on vous remet une bouteille de Corbières. Ça donne le ton. Gruissan est un ancien village de pêcheurs, au bord de la méditerranée. Le parcours du trail va nous permettre de faire une belle boucle sur le "tas de cailloux" (le massif de la Clape) et sur l'Ile Saint Martin. Les marais salants habillent les côtes. L'horizon de la Grande Bleue illumine le regard. La chaîne des Pyrénées vient mourir dans ces belles eaux. Et on peut apercevoir le Canigou tout de blanc vêtu. Les conditions météo sont particulièrement favorables en ce week-end de février. Nous sommes particulièrement chanceux. Doublement devrais je dire, car le vent est miraculeusement absent. C'est franchement un temps à mettre un traileur dehors.

 

 

Le Trail de Gruissan compte une distance de 50 km pour un peu plus de 1300 m de dénivelé positif. Et même si nous ne sommes pas véritablement en montagne, ce n'est pas toujours roulant. Ici, place à des monotraces dans la garrigue, place au rocher et au caillou. La végétation est très méditerranée. Les couleurs des arbres vont du bleu au vert lézard. Le départ du trail n'est pas particulièrement matinal. 8h45 au Casino Le Phoebus. Un peu moins de 300 participants. C'est vraiment bien, car nous ne serons pas pris en embuscade dans les sentiers. Je pars prudemment. Tout comme Calimero. Nous ne nous sommes pas donné le mot, et pourtant, nous ferons un beau trail ensemble. Une fois l'un devant, une fois l'autre. Franchement très agréable, une superbe sortie longue de près de 5 heures. Avec régulièrement les encouragements toujours bienvenus de la petite famille.

 

Dès la première cote (Fontaine des Chevriers), nous commençons à remonter du monde. C'est toujours impressionnant de voir combien partent beaucoup trop vite. Un 50 km, ce n'est pas anodin pourtant. Il s'agit désormais d'une succession de bosses, sur des singles extra. Que c'est plaisant de pouvoir courir enfin dans les chemins. Sans risquer la gamelle et les glissades. Je me régale. L'environnement est envoûtant. Cette végétation basse, puis ces pins. Nous sommes dans une zone Natura 2000. Tout est préservé. Il faut penser à bien s'hydrater, car l'air est assez sec. Et le premier ravito n'est qu'au km 30. En un mot, il faut mieux gérer, plutôt que de subir. Je me sens particulièrement en forme. Aucune trace du Défi Glazig du week-end précédent. Je m'en réjouis, car à l’origine je ne devais pas être à Plourhan, mais comme des amis le faisaient, je n'avais pas résisté. Tout se passe si bien que nous remontons des coureurs tout le temps. Parti dans les 150 premiers, me voilà pointé 70.

 

  

Je dis toujours que le trail est pour moi un voyage. L'occasion de découvrir de nouveaux endroits, de nouveaux horizons. Je mets mes pas dans les pas du traceur. Je profite de ses connaissances, de son expérience. Lorsque je découvre un bel endroit, je me dis que ce n'est pas fortuit. Que les organisateurs m'ont guidé, m'ont conduit vers leurs trésors. Pour nous les faire découvrir, comme j'aime le faire lorsque j'organise moi-même des rando-courses. Si je ne suis pas un compétiteur dans l'âme (je sais prendre le temps pour regarder, apprécier, prendre des photos ou s'arrêter pour discuter), j'apprécie tout de même de pouvoir performer. Au sens le plus noble du terme. C'est à dire, selon moi, de mettre à profit mes capacités physiques et mentales pour réussir mon unique objectif : me faire plaisir. Et pour cela, il faut s'en donner les moyens. C'est toujours le fil conducteur de ma passion.  

 

Du coup, je me fais plaisir et j'en suis toujours si heureux. Et pour ce Trail de Gruissan, c'est clair qu'il faut absolument être vigilant. Cela faisait des mois que je n'avais pas couru si longtemps. Sur ces pistes, on se laisse aller à courir vite. C'est grisant. Les quelques descentes techniques me rappellent combien j'aime me laisser filer dans le vide. J'aime courir sur ces cailloux, sur ce sol qui se dérobe sous vos pas. Les bénévoles, avec leurs blousons rouges, sont toujours là pour nous encourager. Cette ambiance sur les trails, on ne l'a pas sur les "off", qui sont devenus à la mode en ce moment. C'est tellement tendance de dénigrer le trail, alors qu'il y a tellement de belles organisations... qui n'attendent que les coureurs. Je ne cracherai jamais sur ce monde du trail qui nous a tant donné et qui nous donnera encore longtemps. Il suffit juste d'aller là où nos envies nous guident.

 

 

Et sur ce Gruissan Phoebus Trail, l'authenticité est palpable. Même s'il fait partie du Trail Tour National (comme le Trail de Faverges que j'ai beaucoup aimé), il faut en faire abstraction. C'est une belle épreuve, tout simplement. Je ne crains pas plus la FFA que les Traileurs du Mont Blanc (organisateurs de l'UTMB).  L'UTMB (épreuve que j'ai faite 6 fois et qui est pour moi l'une des plus belles au monde) s'était prévalu de référence en matière d'ultra-trail. Quand on sait qu'ils ne donnent aucun point à l'Andorra Ultra Trail pour une question nébuleuse (usage du terme ultra-trail sous licence) ou qu'ils n'ont même pas de parcours B au bout de 10 ans, je n'y accorde que peu de crédit. Le trail est un sport épris de liberté. De choix, de mouvement, de décision. En courant dans ce beau Massif de la Clape, jusqu'au dernier moment, nous n'avons eu aucun répit. Et c'est ce que nous recherchons, des sensations.

 

L'île Saint Martin et son bienvenu ravitaillement nous ont offert un final assez costaud, où il fallait en avoir encore en réserve pour bien terminer. Lorsque je suis arrivé sur les hauteurs, face à la Tour de Barberousse, j'ai savouré cet instant présent. Puis j'ai basculé vers le port et l'étang pour parcourir les derniers kilomètres nous conduisant au Palais des Congrès de Gruissan. 4h53 pour une 24ème place. Un peu plus de 10 km/h de moyenne. Calimero arrive quelques minutes plus tard. Un beau trail comme je les aime. Un sacré bon entraînement également. Sur un tel circuit, on se laisse happer par les sentiers et les cailloux. Et lorsque la forme est là, c'est particulièrement agréable. Une bonne bière me fait le plus grand bien. Et voilà donc 50 km de fait dans ce Massif de la Clape. J'ai mis du temps à venir à ce Gruissan Phoebus Trail... et c'était pour une belle journée. 

 

 

Merci à tous, et tout particulièrement aux bénévoles, aux organisateurs,

à nos accompagnateurs, à Calimero et à Michel Hortala.


Le site internet du Gruissan Phoebus Trail



19/02/2013
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