MONT EMILIUS : Une Via-Ferrata avec les Bouquetins
Depuis Aoste, le Mont Emilius, du haut de ses 3559 mètres, domine toute cette belle Vallée des Alpes Italiennes. C’est un beau pic pointu aux parois sombres qui offre un panorama remarquable. Juste en-dessous (3142 m) se trouve la Becca di Nona qui donne lieu, chaque mois de septembre, à une belle course de skyrunning très disputée dans le circuit mondial (un aller-retour depuis Aoste). Une via ferrata a été aménagée sur la crête ouest du Mont Emilius. Elle débute un peu au-dessus du Col Carrel (2906 m), pour se terminer au sommet du Mont Emilius, soit plus de 600 m de dénivelé ! Une superbe via dont la difficulté est plus la longueur que la technicité, même si certains passages sont plutôt aériens et parfois engagés.
Le mieux est de partir de la station de Pila, à la côte 1850. De là, on doit rejoindre l’Alpe de Comboé. Tout d’abord par une piste de ski assez raide, puis par un très agréable sentier en balcon. Il faut poursuivre jusqu’à un petit col (Plan Fenêtre, 2234 m), où depuis une belle croix, on peut admirer la vue sur la Becca di Nona et le Mont Emilius. Le Col Carrel est bien visible également. Par une petite descente en sous-bois, nous voilà à Comboé. Un bel hameau où la bergerie vient tout juste d’être remarquablement restaurée. On longe un peu un torrent par la droite, puis on franchit un pont qui nous conduit à l’amorce de la montée du Col Carrel.
Une via ferrata à plus de 3000 m
A partir de là, la pente va aller en s’accentuant, quittant petit à petit les alpages pour atteindre les pierriers. Les derniers 300 m sont dans la caillasse, en zigzag, pour finalement arriver au Col et au Bivouac Federigo. Compter 2h30 de marche d’approche (même si les indications annoncent bien une bonne heure et quart de plus). Le Bivouac comporte 9 lits. Il est donc envisageable d’y monter la veille pour y dormir (si on a de la chance d’y trouver une place). De l’autre côté du Col, il y a un petit Lac. Et on aperçoit également très bien la Vierge de la Becca di Nona (accessible en moins de 20 mn). Il s’agit ensuite de s’équiper du matériel pour la Via Ferrata… et c’est parti pour une sacrée ballade.
On contourne le Bivouac Federigo pour emprunter, sur la gauche de l’arête, une trace bien évidente parmi les rochers. Suivre les cairns et au bout de 50 m environ, on trouve le premier câble, où il convient de fixer les mousquetons de sa longe. La progression va nous conduire à un gros bloc de rocher rouge, d’où part un beau pont tibétain. Il permet de rejoindre le pic suivant. Et là, nous avons la surprise d’être en compagnie de quatre bouquetins. Magique. Ensuite, la via se poursuit jusqu’au Mont Ross de Comboé (3285 m). Ce sommet offre dès lors un panorama à 360° sur toute la Vallée. Massif du Grand Paradis, Rothor, Mont Blanc, Grand Combin, Cervin, Mont Rose… Plein les yeux ! Un très bel univers de haute montagne.
Depuis le Col Carrel
Le pont tibetain
En compagnie d'Ibex
Impressionnants d'agilité
Nous dominons la Becca di Nona
Le Mont Emilius
Le Mont Emilius est droit devant, précédé du Petit Emilius. Poursuivre sur l’arête est-ouest sur un cheminement à l’horizontal. Ne pas descendre trop à droite (sinon, ça jardine… expérience vécue). Au bout de 200 m parmi les blocs et dalles, on retrouve le câble de la via. On arrive ensuite à un croisement, d’où part sur la droite, l’échappatoire de la via ferrata. Pour ceux qui en ont eu assez, ce sentier conduit au Lac gelé en contre bas. A ce petit col, la vue sur le Vallée d'Aoste est superbe. La via ferrata se poursuit, quant à elle, en direction du Petit Emilius (3342 m). Cette portion est plus athlétique, mais magnifique. Nous y trouvons les passages les plus verticaux de l'itinéraire. La partie équipée se termine une centaine de mètres sous le Mont Emilius.
Pour rejoindre le sommet, il suffit juste de continuer sur un sentier évident… et bientôt, la Madone nous apparaît à 3559 m d’altitude. Une belle vierge en inox de verre, sculptée par W. Bardzki. Le point de vue est bien évidemment à la hauteur de l’attente. Toute la Vallée d’Aoste s’offre à notre regard. Et face à nous, la Grivola et le Grand Paradis (qui possède également une très belle vierge en son sommet). Dans le piédestal de la statue, il y a un petit tiroir dans lequel on trouve de nombreux documents, photos et carnets… qui génèrent une émotion certaine. Le Grand Combin domine toute la Vallée du Grand Saint Bernard. A ce moment là, je songe alors à l'ampleur du Tor des Géants. On réalise ici la beauté (et la démesure) de cette épreuve exceptionnelle.
Un superbe équipement
Bientôt le sommet
La Madone sculptée par W. Bardzki
Un panorama sur toutes les cimes
La descente se fait par la voie normale, c’est-à-dire par l’arête sud. Au début parmi les éboulis face à un très beau lac gelé. De nombreux cairns marquent la trace. Il faut rejoindre le Col des Tre Capuccini (les Trois Capucins), à la côte 3222, puis basculer à droite dans les blocs. Il reste, à ces altitudes, encore quelques névés à franchir. Nous longeons un torrent encore couvert, en de nombreux endroits, par des ponts de neige. On retrouve une flore abondante, puis les alpages. Ensuite, cap sur le Refuge d’Arbolle (2496 m) et son Lac, puis une courte montée au col de Chamolé (2641 m) en un petit quart d’heure. Il reste ensuite à rejoindre le beau Lac éponyme, puis prendre la direction de la station de Pila et rejoindre le lieu de départ.
Descente sur le Col des Trois Capucins
Cap sur le Refuge d'Arbolle
Les eaux vives de montagne
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