A chacun son sommet

A chacun son sommet

UTMB 07 : Une sacrée aventure autour du Mont Blanc

Le Massif du Mont Blanc m'a toujours fait rêver. Cette concentration de sommets de plus de 4000 m est vraiment extraordinaire. Pouvoir en faire le tour d'un seul trait, en traversant 3 pays alpins, c'est une aventure personnelle unique. Et grâce à l'UTMB, on peut vivre ce rêve.

 

                  

    

Ma première participation à l'UTMB remonte à 2004. Le récit de mon UTMB 2004, c'est ici

 

En ce vendredi 24 août 2007, à 18h30, je prends mon 4ème  départ. Je suis particulièrement calme et serein, la météo s'annonce radieuse et je me sens en forme. Je suis à Chamonix depuis une dizaine de jours, j'y ai fait quelques courses d'alpinisme.

 

                

C'est le grand jour !

 

La conquête du Paradis, c'est pour moi, lorsque la musique de Vangelis envahie la Place du Triangle de l'Amitié. Il y a foule cette année, alors on marche tranquillement avant de pouvoir trottiner. Mes parents m'encouragent aux Gaillands et ensuite, la course démarre vraiment. J'ai d'excellentes sensations, ce tour va bien se passer.

 

Mais rapidement, je dois changer d'avis après les Houches (seulement le km 8). Ce que je prends au début pour un point de côté se révèle plus grave : j'ai des douleurs à l'estomac, qui se transformeront en crampes. Ces problèmes vont durer jusqu'à Champex, ce qui me causera quelques soucis pour pouvoir avancer correctement, des vertiges, des somnolences (pas tout à fait recommandées en montagne), quelques hallucinations et beaucoup, beaucoup de coups de bambou (une forêt cette année).

 

En fait, mon organisme ne garde absolument rien. Je ne m'alimente pas beaucoup, je fais un régime spécifique à base essentiellement de coca-cola. Grâce à l'intervention d'un médecin au Refuge Elisabetha, je pourrai commencer à prendre des soupes et finalement à Champex, je mangerai des pâtes. Comme quoi, il faut toujours faire attention à son alimentation avant la course, une petite erreur coûte très cher. Et cette erreur, je l'ai faite malheureusement. J'ai voulu associer les saveurs, comme dans Ratatouille, mais ça ne m'a pas réussi !

 

Je n'ai pourtant aucun regret car cet UTMB restera gravé dans ma mémoire. De mes 4 participations, cette édition m'a fortement marquée. Bien sûr, je suis loin de mon objectif initial, passer enfin sous cette barre des 30h00.

 

Des 37h55 heures sur les chemins du Mont Blanc, je ne garde que les bons moments.

 

Apercevoir Laurine au Grand Col Ferret vers 15h30 (je pensais passer 4h plus tôt), puis Léo et Pascal, qui m'ont offert du chocolat, comme promis, pour mon passage en Suisse ; j'étais véritablement en perdition à ce moment là et ma seule crainte était qu'ils ne soient pas au Grand Col Ferret.

 

                

Mon arrivée au Grand Col Ferret                      Passage en Suisse, j'adore ce pays,

(je souris, mais euh, en fait, ça va pas...)                 et la descente passe bien !

 

Découvrir toute la chaîne du Mont Blanc, versant italien, le Glacier de Miage, la Noire et la Blanche de Peutrey, les trois Mont Blanc, la Dent du Géant, les Grandes Jorasses, le Dolent… tous ces versants magnifiques que nous ne voyons que rarement.

 

              

Lever de soleil sur le Versant Italien du Mont Blanc et la Noire de Peutrey (ahh !!!)

 

                

Col Chécrouit                                     Panorama Dent du Géant

 

Nouer de vraies amitiés avec Marcel, du Pays Basque, et Liliane "la gazelle", que j'avais déjà croisée sur des trails (on est pas dans les temps les gars ! j'avais dis 20h00 à Champex pour rentrer en moins de 40 heures).

 

C'est sûr, nous ferons équipe une nouvelle fois sur une prochaine aventure, et rapidement, je l'escompte bien. Vous êtes super, avec des caractères bien trempés (c'est indispensable), une joie de vivre communicative, mais surtout, beaucoup de gentillesse et d'attention.

 

 

                

Marcel me retrouve à La Fouly, il est en forme,

on part ensemble retrouver la gazelle Liliane un peu plus loin !

 

Regarder en arrière au Col de la Seigne et voir cette file de lumières traversant toute la vallée depuis les Chapieux, en se disant qu'on a déjà parcouru toute cette distance et que pourtant, à l'échelle de l'UTMB, ce n'est presque rien.

 

Avoir été rythmé par les sonneries de portables ! sur l'UTMB, ce qu'il y a du monde qui téléphone, les opérateurs doivent se frotter les mains ; et encore, Liliane me disait qu'elle faisait le tri entre les messages importants, mais c'est sûr que pour ses petits bouts de choux, ça doit être rassurant d'avoir sa maman au téléphone, surtout qu'elle est toujours en pleine montagne, qu'elle ne s'est même pas lavée les dents et qu'en plus, elle doit se coltiner un gars qui blanchit dès que ça monte, et qui vomit en plus dès qu'il mange (là, je parle de moi). Et en plus, le loup a été aperçu tout récemment dans les Alpes ! 

 

Passer dans les différents villages, chalets, refuges et points de ravitaillement : Saint Gervais (et son petit pont !), les Contamines, la Balme (et son feu d'enfer), la Croix du Bonhomme, les lumières des Chapieux, Maison Vieille à Chécrouit, Dolone, Bertone, Bonati et Arnuva, La Peulaz, La Fouly et tant d'autres.

 

                

Le feu de la Balme                             Départ pour la Croix du Bonhomme

 

 

Avoir retrouvé sa vision d'enfant, en voulant (tu coches la case de ton choix) : £ se téléporter en haut des cols, £ prendre son jet privé, £ se muter en homme araignée (oui, en spiderman, le vrai, pas celui en costume de carnaval), £ se transformer en minimoys et sauter dans le sac à dos du traileur qui te précède (s'il avance bien sûr), £ autres propositions ?!?

 

Rencontrer tant de personnes qui t'encouragent dans toutes les langues, des bénévoles toujours à tes petits soins, qui t'accueillent avec leur plus grand sourire, même en plein milieu de la nuit.

 

Passer Trient, lieu de mon abandon l'année passée, et partir à l'assaut des dernières montées de ce tour, avec notre fine équipe, unie comme une cordée d'alpinistes et en profiter pour faire une micro sieste (8 mn chrono), en pleine montée des Tseppes : Marcel s'est endormi en 2 minutes et Liliane a rechargé ses batteries au maximum.

 

                

Liliane recharge les batteries                           Sieste express pour Marcel

 

Avoir enrichi le vocabulaire de Liliane et Marcel d'un nouveau mot, fort utile sur l'UTMB : BAVANTE, usité pour caractériser une pente au fort dénivelé positif, du genre Bovine, surtout de nuit (encore une première pour moi et pour Marcel également).

 

Constituer une liste assez exhaustive de motifs d'abandon avec Laurine et Léo, en cas de perte soudaine de motivation ou d'envie de passer à autre chose : pavé au km 0,2, empalement involontaire sur un bâton (ce qui a bien faillit arriver avec un gars qui ne savait pas trop quoi en faire dans les rochers de Bovine), glissade persistante dans une descente, ratage de virage, envie soudaine de prendre le p'tit train express mont blanc ou les cars du Grand St Bernard, arrêt définitif sur la chaise dans la descente du Col Ferret (juste avant la Peulaz pour les plus attentifs) et bien d'autres...

 

Passer deux nuits dehors, en pleine montagne, avec une loupiote (mais il y avait la lune), alors qu'on a payé un hébergement dans le sympathique village de Servoz, avec un lit super confortable (merci Didier et Sylviane).

 

Avoir parlé de toutes ces randonnées et courses déjà faites, à faire ou à refaire (j'ai un agenda de ministre maintenant), avec en mémoire les tous récents Dômes de Miage, Mont Blanc du Tacul (1er 4000 m de Léo, un alpiniste/traileur/orienteur/gardien de moutons/étudiant en sport qui a beaucoup d'avenir), sans jamais faire preuve d'orgueil et en restant toujours très humble.

 

 

              

Le chemin de nos aventures !

 

Retrouver les supporters et parents (et même Apache) tout le long du parcours, nous encourageant toujours avec le même enthousiasme, leur disant au Col de la Forclaz : EH ! C'EST NOUS, C'EST NOUS ! (en pleine nuit, avec une frontale aveuglante, rien ne différencie un traileur d'un autre). Merci d'avoir passé le tunnel et tous ces cols pour nous encourager, d'avoir dormi dans les voitures, d'avoir mangé sur le pouce.

 

Voir les rochers se transformer en marmottes, en bouquetins, en voiture, voire en paquets cadeaux (si si !), suivant les divagations de l'esprit. Note bien, cher internaute, que Liliane a même vu des rochers bouger en plein jour ! sérieux ! je me demande encore ce qu'elle avait dans sa poche à eau (je ne veux pas être médisant, mais d'après moi, il n'y avait pas que de l'eau...).

 

Courir toute la partie Col des Montets – Chamonix en compagnie de Liliane, avec des jambes d'enfer, sur un parcours que nous avions reconnu dans la semaine avec Laurine et Léo : j'avais parfaitement mémorisé le profil, de l'emplacement du banc pour la pause (qui n'a finalement pas eu les honneurs de nos fessiers), jusqu'aux fameux Epoux Ventail, qui se sont dédoublés à ma grande joie en Laurine et Léo…

 

                

Arrivée à Chamonix avec Liliane, 8h27, dimanche 26 août 2007,

c'est un peu flou car on va trop vite !

 

Retrouver sur la ligne d'arrivée Marcel : on s'était promis de finir ensemble, tous les trois avec Liliane, mais un peu avant Argentière, Marcel a reconnu Catherine, l'épouse d'un de ses amis, et s'est excusé de ne pas continuer avec nous, pour pouvoir accompagner Cathy jusqu'à Chamonix, vraiment un grand bonhomme ce Marcel !

 

Et surtout, d'avoir vécu une aventure si humaine, dans un cadre aussi splendide que le Massif du Mont Blanc.

 

Merci de tout cœur à mes deux compagnons d'aventure : Liliane Cléret et Marcel Elgart.

 

Merci à tous ceux qui m'ont supporté, sur place, par internet ou par la pensée.

 

Pierre Horeau

 

              

 

Merci aux Traileurs du Mont Blanc d'avoir imaginé et concrétisé cette superbe course nature en montagne, fruit d'un travail acharné tout au long de l'année et dont nous sommes des acteurs privilégiés.



29/08/2007
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