A chacun son sommet

A chacun son sommet

VIGNEMALE : dans les Pas des Pionniers

 

A chacun son sommet, à chacun son imaginaire de la montagne. Des Pyrénées, que je ne connaissais que peu il y a encore trois ans, j’étais marqué par deux choses : le Cirque de Gavarnie et sa mythique Brèche de Roland et le Vignemale, « le » Sommet Français des Pyrénées. La Brèche de Roland, j’ai eu l’occasion de la traverser en venant de l’Espagne par un itinéraire somptueux à partir du Cirque de Pineta pendant la Traversée des Pyrénées 2010 (à lire ici). Le Vignemale, je l’ai vu du Sommet du Mont Perdu (mon reportage) et j’ai foulé sa cime quelques jours plus tard.

 

 

Parti de Cauterets (935 m), j’ai emprunté un beau tracé : La Raillère (1033 m) – Le Pont d’Espagne (1450 m) – Le Lac de Gaube (1720 m) – Le Refuge des Oulettes de Gaube (2150 m) – La Hourquette d’Ossoue (2730 m) – La Pique Longue du Vignemale (3298 m) – Le Refuge de Baysselance (2651 m) – Le Col du Labas (2719 m) – Le Lac d’Estom et son Refuge (1804 m) - La Fruitière (1371 m) – Cauterets.

 

 (utiliser la souris pour zoomer et naviguer) 

 


 (cliquer sur le profil pour agrandir)

 

Ce fut une sacrée boucle entre « trail et alpinisme », riche pour moi de sens. En effet, c’est quasiment le tracé du « Trophée du Vignemale », cette course historique créée en 1904 par la Cie des Guides de Cauterets. Une épreuve qui a marqué mon inconscient de traileur – montagnard pour ce qu’elle représente : un défi de l’homme face à la montagne. En effet, à chaque fois que je me lance dans un trail ou un sommet, je recherche avant tout cet accomplissement, ce partage avec la nature pour pouvoir dépasser ses propres limites. C’est la raison d’être de ma passion pour la montagne et la course. 

 

 

 

La course du Vignemale est un challenge qui porte haut les valeurs d’engagement, de respect et d’humilité. Son parcours nous fait emprunter de beaux sentiers, des alpages, puis des pierriers, des névés et des glaciers et enfin des parois et des crêtes ! Voilà mon topo en images de ce formidable itinéraire, réalisé en un peu plus de 10 heures (avec pas mal de pauses pour profiter du cadre !). 

 

 Le Chemin des Cascades, le Pont d'Espagne et son Hostellerie


 

Ce samedi 30 juillet 2011, il est 7h30 à la Maison du Parc National des Pyrénées de Cauterets. Me voilà en route pour le Sommet du Vignemale, plus précisément la Pique Longue (3298 m). Je tiens à partir de Cauterets même, pour ne surtout pas escamoter l’itinéraire. Je prends rapidement de la hauteur pour rejoindre par un beau chemin la Raillère (1033 m), un bâtiment historique des termes de Cauterets laissé à l’abandon. De là, me voilà bien vite au début du chemin des cascades. Les échoppes et commerces du Pont d’Espagne sont encore fermés à cette heure. J’emprunte le sentier qui conduit au Pont d’Espagne. C’est un très beau chemin, ponctué de magnifiques cascades. La végétation est d’un vert tendre, c’est magnifique. A la côte 1450 m, c’est le Pont d’Espagne et son Hostellerie. De là, direction le Lac de Gaube, qui n’est pas bien loin. La brume l’enserre encore ce matin. 

 

Vers le Refuge des Oulettes de Gaube

 

La portion entre le Lac (1720 m) et le Refuge des Oulettes (2150 m) se fait très bien. Par endroit, le chemin est tout empierré. C’est un sacré boulot qu’ont fait les anciens. Je constate que cet itinéraire est très prisé des randonneurs. J’entends les cailloux qui rigolent sous mes pas et les marmottes qui sifflent à mon passage. Bientôt se dresse devant moi, dans toute sa grandeur, le Vignemale. Les brumes matinales ont disparu… et les cimes se dessinent parfaitement dans un ciel azur. On retrouve toute la verticalité de cette face nord impressionnante. Le Couloir de Gaube me fait face. J’accélère le pas tant je suis impatient. Arrivé au Refuge des Oulettes de Gaube, je prends la direction de la Hourquette d’Ossoue. Une rapide montée qui offre une large vision sur les Petit et Grand Vignemale.

 

La Hourquette d'Ossoue

 

Une portion en balcon permet même de courir. A la Hourquette, je bascule en direction du Vallon de Baysselance. Je reste sur le flanc droit, bien en retrait du refuge du même nom, pour pouvoir virer sud ouest dès que je le peux. Mon objectif est de tracer direct sur le sentier de la voie normale venant du Barrage d’Ossoue. J’y suis bien vite. Ensuite, il suffit de suivre la sente cairnée… qui nous approche des premiers névés. Je chausse mes crampons légers sur les trails et je sors le piolet… et me voilà à l’assaut du Glacier d’Ossoue. Je le remonte par sa rive droite, contournant la zone crevassée, le long de la Crête du Montferrat. J’aime cet univers fait de glace et de rocher. Pour autant, il faut redoubler de prudence. Il s'agit bien d'un glacier. Avec des ponts de neige, des lignes de fracture et tous les pièges liés.

 

 Direction le Glacier d'Ossoue

 

La progression est évidente, mais il faut rester très vigilent tout de même. Des alpinistes sont au sommet du Pic du Cerbillona. Je traverse tout le glacier pour arriver au pied de Pique Longue. Il reste ensuite une escalade assez facile pour rejoindre le point culminant des Pyrénées Françaises ! Je monte droit dans une belle cheminée, qui me permet d’atteindre la crête sommitale du Vignemale. La roche est rouge. Me voilà à 3298 m, au Sommet du Vignemale. La vue est bien dégagée à l’Ouest, sur la Vallée l’Ossau et le Pays Basque. En revanche, c’est bouché sur Gavarnie et le Mont Perdu. Je profite pleinement de ce panorama sur ces nombreux 3000. La Vallée de Marcadau, les Lacs de Respomuso, le Balaïtous, la Grande Fache… je resterais un long moment sur ce promontoire des Pyrénées. J’hésite même à rejoindre le Pic du Clot de la Hount par une belle crête qui me fait vraiment envie… 

 

 Au sommet du Vignemale, Seigneur des Pyrénées !

 

Mais je me ravise, en me disant que le chemin est encore long, et qu’il ne faut pas en rajouter trop non plus… Je réalise donc la descente avec prudence, car les rochers sont instables. Il ne faut surtout pas faire tomber de pierres sur les cordées en dessous de moi. Une fois sur la neige, je remets les crampons et je me fais une traversée du Glacier. Par endroit l’eau de fonte ruisselle sur la glace et créé des bédières, comme de petits cannaux d'irrigation. Il y a même de petits moulins, où l'eau de surface s'engouffre dans l'abîme du glacier. On aperçoit des ponts de neige. Il faut toujours progresser sans empressement. Une fois passée la zone des crevasses, je file en ramasse pour rejoindre les barres rocheuses. J’ai repéré une trace dans le flanc du Petit Vignemale qui m’évite de redescendre trop bas. 

 

 La descente de la Pique Longue

 

Me voilà à nouveau sur le sentier. Je remonte jusqu’au Refuge de Baysselance (2651 m). Il me reste à trouver le chemin vers le Col du Labas… qui n’est pas très évident. Après une petite virgule inutile au dessus de petits lacs (mais offrant un superbe point de vue sur le Lac d’Ossoue), cap sur le Col, qui s’atteint assez rapidement par une vire dans une barre rocheuse. Cet itinéraire est emprunté par la Course du Petit Vignemale. En effet, le Glacier d’Ossoue est jugé trop dangereux par les organisateurs (le Club Athlétique du Vignemale), et désormais, c’est le Petit Vignemale (3032 m) qui est le point culminant de la course du même nom. Cette épreuve s’est courue pile une semaine avant. 

 

 La voie normale par le Barrage d'Ossoue

 

A 2719 m, je bascule vers Lac d’Estom. Toute cette section est d’une grande technicité. C’est du skyrunning de haute volée. Impossible de courir, il s’agit plutôt de sauter comme des chamois, de blocs en blocs ! C’est sûr, il faut avoir un pas sûr et avoir confiance en soi pour ne pas perdre de temps dans ces passages. Traversée d’un beau névé, puis on rejoint un sentier à flanc qui conduit au Lac d’Estom (1804 m). Me voilà donc sur l’itinéraire de la Course des Refuges (mon reportage), emprunté deux jours avant (mais dans le sens contraire). Le retour, par la magnifique Vallée du Lutour permet d’atteindre la Fruitière (1371m) et finalement Cauterets (935 m). Un parcours de plus de 45 km pour 3000 d+. Une magnifique course de montagne marquée par son histoire. 

 

 Le retour sur Cauterets par la Vallée la Fruitière

 (tous les montages photos peuvent être agrandis en cliquant dessus)

 

Même s’il n’est que le quinzième sommet des Pyrénées de part son altitude, le Vignemale est pour moi le sommet mythique de cette chaîne de montagnes entre Atlantique et Méditerranée. L’itinéraire par Cauterets est de toute beauté. J’y reviendrai à ce Vignemale ! Et pourquoi pas par la fameuse voie du Prince de Moscowa, depuis la France ou l'Espagne. Un autre itinéraire, certes plus engagé, qui doit offrir une autre vision de ce Géant des Pyrénées. Que la montagne est belle.

 

Carte 1647 OT Vignemale – Ossau – Arrens – Cauterets – PN des Pyrénées.

Expérience de la haute-montagne requise.

Télécharger la trace GPS

45 km et 3000 d+



01/08/2011
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