A chacun son sommet

Inès, Elsa, Emmanuelle et Camille au Bout du Monde !

Dimanche 11 juillet 2010, plus de 1200 traileurs venus des quatre coins de la France…et même d’autres contrées sont là, près du Bout du Monde, pour participer à la septième édition du Trail du Bout du Monde à Plouzané. Trois distances au programme : 15 km, 35 km et 55 km. Cette année, le TBM a retrouvé sa place dans le Challenge National Salomon et c’est fort mérité. Organisée par la Breizh Team, cette épreuve entre selon moi dans le Top 10 des plus beaux trails de France et porte haut les couleurs de ce sport : la qualité du parcours, la compétence de l’organisation, une ambiance chaleureuse et des paysages magnifiques.

4 sur 7 et 10 sur 10. C’est quel score ? 

Sur les 7 éditions de ce TBM, j’ai pris part à 4 d’entres elles. Deux fois en coureur « individuel », sur le 35 km. Et deux fois avec l’Association Dunes d’Espoir, dont je m’occupe pour le Grand Ouest. Et le score est sans appel : 10 sur 10. On sent que cette organisation est rondement bien menée. On sent que chacun prend plaisir à accueillir tous ces participants sur leur terre. Savoir gérer autant de personnes sur une épreuve qui, rappelons le, est un trail en ligne. A savoir que le lieu de départ et celui d’arrivée diffèrent. Tous ont rendez-vous à la Pointe Saint Mathieu… le « bout du monde » en question. 

Le parcours du 35 km du Trail du Bout du Monde longe toute la côte entre Brest et la Pointe Saint Mathieu, en empruntant de beaux chemins face au Goulet de Brest et la Mer d’Iroise. La première portion, dans les terres, permet de relier le Vélodrome de Plouzané à la Plage de Porzic par un début assez roulant… qui rapidement se transforme en montagnes russes au niveau de la Vallée de Saint Anne. Une fois en bord de mer, le tracé longe le Goulet de Brest, face à la Pointe des Espagnols, en passant en de nombreux points remarquables : la Pointe du Diable, le Fort du Mengant, le Phare du Petit Minou, la Plage du Trez Hir, le Fort de Bertheaume… pour rejoindre le final au niveau de l’Abbaye Saint Mathieu. 

De petites criques, des plages, des sentiers de douaniers, des escaliers… le parcours du Trail du Bout du Monde est très exigeant, car il faut sans cesse relancer pour garder un bon rythme de progression. Ce qui est vrai pour un coureur individuel… le fut encore plus pour les équipiers de la joëlette de Dunes d’Espoir. Ce fut une véritable aventure… qui a fait partager les joies de ce sport à des enfants différents. 

Départ du Vélodrome de Plouzané

Energisant et solidaire

8h30 ce dimanche matin. La nuit pluvieuse a bien rafraichi l’atmosphère… et nous sommes tous là pour encourager les traileurs du 55 km qui partent pour leur périple. Mes amis Sébastien et Enrique sont dans le bon tempo. Je m’en réjouis et leur souhaite bon vent ! Ils réaliseront une très belle course, Seb faisant un podium, juste derrière David Pasquio et Christophe Malardé ! De bon augure pour le Grand Raid des Pyrénées ! Une fois les dossards distribués, nous installons Inès sur la joëlette. L’an passé, Inès avait vécu le bonheur de l’arrivée à la Pointe Saint Mathieu (TBM 2009)… cette année, ce sera le départ au Vélodrome ! Ses petites copines de l’aventure sont Elsa, Emmanuelle et Camille. Ainsi, ces 4 petites filles vont se relayer sur l’embarcation des Dunes d’Espoir pour parcourir les 35 km de l’épreuve.

Vers 9h00, toute l’équipe descend au centre du Vélodrome. Les coureurs en jaune sont : Marie, Christophe, Michel, Paul, Charlie, Franck et moi-même. Olivier, le père d’Inès s’est joint à nous. Parti pour à peine 8 km… il en fera plus de 25 ! Energisant, disais-je… A 9h10, Fabrice, le Président de la Breizh Team, lance le départ de la joëlette devant plus de 400 traileurs. Un beau moment ! Inès est ravie de ce départ et sa course s’annonce joyeuse. Après un tour de chauffe, nous voilà dans les rues de Plouzané en direction de la Trinité. Le rythme est bon, chacun prend sa place. On explique aux petits nouveaux le maniement de la joëlette et le fonctionnement des relais entre équipiers.  

Les premiers km roulants... avant la Vallée de Saint Anne

Tout fonctionne à merveille… et les kilomètres défilent. Mais attention ! Il ne faut pas se laisser trop gagner par l’enthousiasme, car ces premiers kilomètres ne sont pas du tout à l’image de ce qui nous attend ! Et si nous sommes à près de 12 km/h… la moyenne sur le trail sera d’à peine 6,5 km/h. Soit dit en passant, c’est mieux ainsi… à quoi sert d’aller trop vite… pour réduire le temps de cette aventure ?

Inès exprime son contentement par de multiples sourires et des encouragements. Bientôt, la tête de course est à notre niveau et les coureurs ont tous un mot sympa. La consigne est simple : « passer à gauche ». Nous ne voulons créer aucune gène pour les participants et tout se déroule bien. Une fois dans la Vallée de Saint Anne, nous retrouvons de petits sentiers bien agréables, ainsi que trois grosses montées. Les cordes sont bien utiles. Le terrain sec facilite la progression de la joëlette… et bientôt, nous apercevons la mer ! 

Et voici la mer !

Les copains d’Elsa

Qui dit mer… dit fin de ce premier relais. Et Inès aurait bien continué l’aventure, je crois. C’est désormais à Elsa, une petite angevine, de s’installer dans la joëlette. Elsa est très tendue et crispée. C’est sa deuxième course en joëlette et la petite fille est à la fois impatiente et inquiète. Ses parents sont là pour la rassurer… et une fois que son doudou est installé à ses côtés sur la joëlette… tout va beaucoup mieux ! Et puis tout le monde est là pour l’encourager.

Chrystelle, la maman d’Elsa s’élance avec la joëlette. Elle va accompagner sa fille sur un petit passage. Pas de chance : c’est du pentu ! Mais Chrystelle a du tempérament et poursuit son effort. Comme lors de Pellouailles-Angers, on constate combien la joie des enfants transcende celle des adultes et leur communique toute leur énergie. Qui plus est lorsqu’il s’agit des parents et de leur propre enfant. C’est le plus beau des cadeaux pour nous bénévoles. 

Les sentiers côtiers de ce magnifique trail breton

Le parcours passe ensuite par la Pointe du Diable et se faufile entre rochers et arbres le long de cette magnifique côte bretonne. Elsa a les yeux rivés sur la mer. Elle commence à se détendre un peu et semble vraiment être heureuse. C’est toujours difficile de savoir ce qu’il se passe dans la tête d’un enfant, surtout lorsqu’il ne parle pas. Mais là, les signes ne trompent pas. En échangeant quelques regards, je réalise qu’Elsa vit littéralement son aventure.

Nous contournons le Fort du Mengant. L’équipage fonctionne toujours aussi bien. Nous avons l’aide de « Petit Franck », un gars qui s’était spontanément présenté à l’organisation pour proposer son aide. Ça tombait bien, car nous avions eu un désistement bien involontaire d’un coureur. Franck est très attentionné et veux bien faire. Il est très engagé dans son rôle et sera vraiment à la hauteur : un grand merci à toi ! 

Le Phare du Petit Minou et la Plage du Trez Hir

Des pas par procuration

Nous sommes désormais sur des chemins côtiers typiques de Bretagne : une alternance de montées et de descentes, de nombreux escaliers et barrières. Et donc pas mal de portage de la joëlette. Nous avançons donc assez modérément. Pour autant, nous croisons toujours des coureurs du 35 km et les échanges sont très sympas. 

Une dernière anse… et le Phare du Petit Minou est en vue… Bien vite, nous y voilà. Nous retrouvons toute la petite équipe des Dunes d’Espoir et les supporters. Elsa fait le tour du phare au son d’un accordéon… puis c’est au tour d’Emmanuelle de prendre le relais. C’est un moment particulier. Emmanuelle a découvert la joëlette au Trail Glazig au mois de Février et en est depuis devenue une adepte. Elle a eu l’occasion de faire plusieurs courses avec l’Association Nantaise « Courir Avec ».

Ravito pour tous !

Une fois bien installée, Manue part faire son tour du Phare, puis direction la Plage de Trégana. Emmanuelle est très expressive et a un large sourire. Son père, Jean-Michel, nous a rejoint et renforce donc l’équipage de la joëlette. Son aide est la bienvenue. La vue sur la Mer d’Iroise est absolument magnifique. Panorama sur les Trois Pois et la Pointe du Raz. Le ciel s’est dégagé et il fait désormais un soleil radieux.  

Au niveau de la gestion de course… nous avons en revanche manqué de clairvoyance ! Nous nous attendions à un ravito complet… et nous en sommes restés à l’eau. Du coup, la faim taraude certains. Le vrai gros ravito a lieu à la Plage du Trez Hier au km 25. Et comme il est midi passé, certains ont un petit coup de moins bien… mais rien de grave, l’équipage poursuit ses pas… vers le bout du monde ! 

Vers le Bout du Monde

 Un moment singulier

La Plage du Tez Hir est en vue. La plage est bien dégagée, du coup, nous nous approchons des belles vagues. De nombreux baigneurs sont là pour nous encourager. Arrivés au Trez Hir, Camille est là pour prendre son relais. Bruno de la Breizh Team s’enquiert de l’état des troupes. Vus les larges sourires… il comprend bien vite que tout le monde savoure ce trail. Chacun se ravitaille bien et ça fait un grand bien ! 

Manue laisse sa place à Camille, puis nous partons pour la fin du périple ! Direction les hauteurs du Fort de Bertheaume. Une belle montée, que nous gérons tous très bien. Christophe, dont c’est une première participation avec les Dunes d’Espoir, tout comme Michel, continue à filmer pour en rapporter de belles images. Nous voilà à la Pointe du Creac’h Meur. Camille est apaisée et profite au maximum de ce voyage. Comme lors du Trail d'Angers, elle se laisse aller et ne manifeste aucun signe de lassitude… sauf lorsque la faim vient lui chatouiller son estomac. Dans tous les cas, c’est une belle expérience pour cette jeune fille, sa sœur et ses parents. 

Le Phare de la Pointe Saint Mathieu est en vue. Et il se rapproche bien vite… Plus qu’un kilomètre, et Camille sera au Bout du Monde. Les spectateurs sont nombreux et chaleureux. A l’amorce du Jardin des Moines, les autres enfants rejoignent Camille et tout le monde franchit la ligne d’arrivée. Le dossard de chaque enfant est badgé… comme tous les participants ! Des sensations de course jusqu’au dernier instant !

La Pointe Saint Mathieu

La Breizh Team Touch 

Engagement et plaisir. Des mots qui définissent bien le « trail ». Le Trail du Bout du Monde en joëlette n’est ni un tour de force, ni un défi. Bien que difficile, le parcours est tout à fait faisable. Il convient juste de bien le gérer, comme doit le faire tout un chacun sur cette épreuve. Avec le Trail Glazig, le TBM est l’une des deux épreuves de l’Ouest Trail Tour à accueillir les joëlettes. Un signe fort de solidarité et d’acceptation de la différence. Et connaissant bien les organisateurs de celui de l’Aber Wrac’h et du Guerlédan, je sais bien que si leurs parcours respectifs le permettaient, ils auraient déjà accueilli les joëlettes. 

« Qui s’inscrit, finit », la devise de la Breizh Team s’inscrit pleinement dans l’état d’esprit de ce Trail du Bout du Monde. Il y a des distances et des difficultés pour tous les niveaux… et c’est à chacun de mesurer sa capacité à en découdre. Une aventure au Bout du Monde : voilà ce que propose, depuis déjà 7 ans, la Breizh Team. Une aventure à vivre pleinement et intensément. Voir tout ce travail de plusieurs mois aboutir à une telle réussite ne peut qu’aller dans le sens de ce type d’organisation : des passionnés, aux motivations sincères et respectueux de leurs engagements.

De la joie tout simplement

Photos de Virginie, Aurélie, Charlie, Michel, Anne-Marie et Pilou

Bravo à tous les bénévoles et aux participants de cette édition 2010. Bravo pour votre respect des sites parcourus, pour l’éthique de ce sport nature qu’est le trail et pour votre action solidaire. Un remerciement tout spécial à Bruno, Claudie et Fabrice. Un grand bravo à Inès, Elsa, Emmanuelle et Camille, ainsi qu’à tous les équipiers de cette course en jaune. Kenavo.   

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