A chacun son sommet

A chacun son sommet

TRAIL DES HOSPITALIERS 2012 : Du Bel Ouvrage

 

Que cette tranche de pain tartinée de Roquefort me fait du bien. Je m’en régale, tout comme de cette bonne soupe bien chaude, à l'image de cette journée de trail au grand air. Vous en prendrez-bien une deuxième, me suggère la bénévole du ravitaillement d’arrivée. Et comment avez-vous trouvez le parcours ? Est-ce que ça vous a plu ? Vous reviendrez ? Bref, ici, à Nant, on se sent comme chez soi. L’hospitalité n’est pas qu’un vain mot. Bien au contraire. Lorsque j’explique à la si gentille mamie que c’est ma huitième participation (6 Templiers et 2 Hospitaliers), elle est ravie. Et lorsque je lui apprends que nous sommes chaque année hébergés au Domaine de Castelnau, elle est fière. Pour moi, venir en automne dans cette belle région est désormais une vraie tradition. Qu’importe si je suis arrivé très fatigué de mon séjour à Bucarest, l’essentiel pour moi était de partager ce Trail des Hospitaliers.

 

 

Il est 5 heures, ce premier dimanche de novembre. Nant, Aveyron. Bientôt, le départ est lancé au coup de fusil de Monsieur le Maire de la Commune, pour près de 76 km et 4000 d+ et 500 participants. 300 bénévoles mobilisés pour notre plaisir, parfois égoïste, de courir sur les chemins. Alors pour moi, dès que je le peux, je remercie, je salue d’un sourire, j’échange quelques mots. J’ai lu qu’Arnaud Lejeune détestait l’idée d’abandonner. Je ne connais pas ses motivations, ni ce qu’il pense vraiment lorsqu’il dit cela, mais je le rejoins dans ses propos. Je déteste cette idée d’abandonner. J’imagine très bien l’énorme travail fourni par l’organisation, par les bénévoles, par les partenaires. Tout ce temps et cette énergie pour autrui. Pour mon propre plaisir en fait. La moindre des choses, c’est de faire honneur à cette générosité. Et sur ce Trail des Hospitaliers, ce sera une joie de croiser tous les habitants de cette belle région des Causses et des Cévènnes. Car tous les villages sur le parcours se sont engagés.

 

 

Lors des deux premières heures, je suis vraiment bien. C’est si agréable de courir de nuit. Le balisage est parfait. Heureusement, car la brume est parfois épaisse. L’environnement est magique dans le Bois du Roi. La veille, je me suis régalé d’un bon repas d’après course (pris avant la course) avec mes amis et mon père qui avaient fait le Trail Larzac-Dourbie. A Sauclières, les encouragements sont nombreux. Aux premières lueurs du jour, me voilà à Saint Jean du Bruel, où nous avons nos quartiers dans le si agréable Domaine de Castelnau (Isabelle et Dominique, charmant couple producteurs de lait de brebis pour l’AOC Roquefort). Passé le village, il s’agit désormais d’atteindre le Sommet du Saint Guiral. Mais bien sûr, rien ne serait facile ici, si on montait directement. A la différence des cols du Tor des Géants, on monte et on redescend de multiples fois avant d’atteindre le point haut. Un gars me questionne pour savoir si on arrive bientôt au Saint Guiral. Je lui détaille ce qui nous attend et il semble un peu défait.

 

 

Puis je remonte Fred, mon compagnon du Tor des Géants. Il était parti un peu avant nous ce matin pour se faire une belle sortie longue. Comme Didier d'ailleurs (qui a fait 26ème sur le Trail Larzac-Dourbie la veille). Je leur avais parlé (et donné envie) du Trail des Hospitaliers lors du Tor. Mais au moment de s'inscrire, ils n'ont pas eu la chance d'avoir un dossard et ont savouré à leur façon. La montée vers le Saint Guiral me semble un peu fastidieuse, car le panorama sur les Cévennes est complètement bouché. Pas de lever du soleil. A la Croix de Guérite, aucune vue. Pour autant, je savoure ces moments à progresser dans les sous-bois au cœur du Parc Naturel Régional des Grands Causses. Et bientôt, c’est le Pic du Saint Guiral (1386 m). Ensuite, il s’agit de plonger vers Dourbies. Une belle descente sur des lits de feuilles, cachant par endroit des pierres. Toujours de la vigilance. Je discute alors avec Arnaud du Trail des Sorcières, couru sept jours plutôt avec Eliott et la joëlette. L'émotion est toujours là.  

 

 

Je continue avec un autre gars, que je suis sans faire attention au balisage. J’ai l’heureuse surprise d’avoir bientôt Philippe dans mes pas. Et voilà, nous descendons 400 mètres trop bas. Pas assez attentifs à la bifurcation, il faut tout remonter. Pas grave, c’est le trail. Nous continuons pour rejoindre le beau Village de Dourbies. Encore de nombreux encouragements. Je profite pour prendre une bonne soupe. Que ça fait du bien. Il faut dire que j’ai été bien léger au sujet de mon alimentation pendant mon séjour en Roumanie et les sucres lents me font défaut pour une telle distance. D’autant qu’ici, ça se court véritablement. Je ressors rassasié. Je prends désormais la direction de Trêves. Toute cette portion du parcours est très agréable. Nous dominons les Gorges de la Dourbie et les couleurs d’automne sont magnifiques. Une fois sur les hauteurs de Trêves, il s’agit de descendre sur le Village. Un itinéraire modifié suite à la présence (miraculeuse) d’un aigle royal à proximité.

 

 

Une belle descente dans les buis. Parfois assez glissante, mais toujours beaucoup de plaisir. Arrivé à Trêves, je retrouve mes accompagnateurs. Mes parents et amis. Marie et Christophe faisant par la même une sortie de VTT. Je me ravitaille correctement. Encore une bonne soupe. C’est important car la section entre Trêves et Cantobre est harassante, le long des Gorges du Trévezel. Il est très difficile de courir, tant les chemins (ou tout du moins la trace qui s’y apparente) sont minimalistes. Mais le cadre, en partie au dessus de St Sulpice, est majestueux. On peut parfois apercevoir des vautours dans le ciel. Ces mêmes vautours qui guettent les brebis égarées… mais pas encore les traileurs fort heureusement. La montée finale sur le Grand Causse est un bon morceau. A ce moment là, je suis vraiment tout seul. Finalement, un gars me remonte et on discute un peu. Il semble ravi de ce parcours en pleine nature. Tout comme moi. Ce tracé nous a permis de contempler la beauté des Causses (Larzac, Noir, Bégon). 

 

 

Sur le haut du Causse, je cours plutôt bien pour rejoindre le point de contrôle avant la descente. La vue est dégagée sur toute la Vallée. Désormais, il va falloir redescendre sec pour passer la rivière. Une vraie descente de montagne. On se demande parfois où ça passe. Faut y mettre les mains pour se sécuriser. Juste en face, devant nous, c’est le beau village de Cantobre. C’est là que nous allons. Je gère très bien ce passage le long des roches ocre de toute beauté. Je franchis une passerelle métallique au dessus du Trévezel et me voilà à l’assaut des contreforts de Cantobre. Dans la montée, le vent se lève et j'ai droit à un bombardement de glands. A la sortie du champignon, je suis encouragé comme jamais. Beaucoup d’enfants sont là. C’est merveilleux. Je poursuis alors jusqu’au poste de ravitaillement avec une idée en tête : déguster une bonne crêpe. Je me régale à ce niveau de la course.  Bien sûr, je ne suis plus très frais. Je sens une fatigue générale, et il me manque cette énergie pour vraiment « bien » finir.

 

 

Je ressors du ravitaillement pour basculer dans des petits jardins et remonter en direction du Pont de Cantobre. Je sais que c’est le dernier endroit où je vais voir mes accompagnateurs. Ensuite, il s’agit d’atteindre le Roc Nantais. Le cheminement est agréable. Une pluie froide et un vent glacial viennent cependant gâcher un peu le moment. J’aspire à arriver au Roc Nantais pour être protégé des sous-bois. Une fois au (faux) sommet, j’entame alors la descente. J’entends la sono de l’arrivée. Je descends sans forcer. Le terrain est désormais bien humide. Je passe les cordes et me voilà ensuite le long du muret. Il reste le Pont de la Prade qui enjambe la Dourbie et une légère remontée pour atteindre la ligne d’arrivée. Très peu de spectateurs, mais je le comprends avec tout ce qu’il tombe comme eau. Je dis tout le bien que je pense de cette épreuve au micro du commentateur et c’est avec plaisir que je rejoins mes amis. J’apprends alors avec joie que Sébastien et Karine ont remporté le Trail. 

 

 

 

J’aime être ici, à Nant. Le village est vraiment charmant et les gens sont très accueillants. Le Trail s’intègre parfaitement dans ce cadre et cet état d’esprit, fait de simplicité, de respect et d’humilité. Ici, point de « supermarché » du trail. Chacun est considéré plus comme un invité que comme un client. Enfin, pour tout dire, on retrouve les vraies valeurs du trail. Comme au début des Templiers, justement. Une époque pas si lointaine, où courir dans la nature était tout simplement normal, pas forcément à la mode, ni l'objet d'un business effréné. Karine Herry l’a très bien dit au moment du départ : l’âme du trail est à Nant. Un esprit trail réinventé, grâce à la volonté d’une équipe motivée. Et c’est vraiment un plaisir d’y être à nouveau. Mais je ne tomberai pas dans la vacuité en critiquant systématiquement le trail dans son ensemble. C’est bien trop facile. Chacun est libre de choisir ses épreuves. Personne n’est obligé de suivre le diktat du milieu. Nous avons notre libre arbitre. Nous ne sommes pas des moutons. 

 

 

Le Festival des Hospitaliers a su, justement, trouvé le bon compromis. C’est à la fois un rendez vous convivial et authentique, des paysages superbes et une bonne date pour celles et ceux qui veulent en profiter pour venir passer quelques jours entre amis ou en famille. Les parcours des différentes épreuves sont assez techniques et variés, permettant à tout un chacun de s’exprimer totalement et de profiter de l’environnement exceptionnel des Causses et des Cévennes. Tous ces villages aux noms chantants et ces nombreuses traditions et coutumes encore présentes donnent beaucoup de charme à ce Festival. A cela s’ajoute la riche histoire des lieux, les spécialités culinaires locales et nous voilà dans les meilleures conditions pour profiter de notre voyage en terres hospitalières. Du bel ouvrage, comme on pourrait dire d’un artisan. Du Trail AOC, organisé par de belles personnes. Merci de tout coeur.  

 

 « Avant, pendant, et après, la convivialité
et le contact humain restent notre ligne de conduite » 
 
Les organisateurs du Festival des Hospitaliers

  

Mon reportage 2011 : La clef des chants

Office de Tourisme de Nant - Domaine de Castelnau

 www.festival-des-hospitaliers.com



06/11/2012
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