A chacun son sommet

A chacun son sommet

PETITE AIGUILLE VERTE : Le Paradis (c’est pour nous)

 

 
Dans le Massif du Mont Blanc, la Petite Aiguille Verte, juste en dessous de son aînée, offre un panorama renversant sur tout le bassin d’Argentière. Et que dire des sommets que nous avons sous nos yeux. Les Drus, bien sûr, mais aussi ce Mont Dolent, l'Aiguille du Chardonnet… et tant de belles cimes. Pour ce retour dans les altitudes, la Petite Verte est vraiment la course idéale. D’autant qu’en ces premiers jours de juillet, la neige est encore bien présente dans le Massif, comme dans toutes les Alpes d’ailleurs. Donc, nous voilà, moi et mon compagnon de cordée, Jeanfi, au pied du téléphérique des Grands Montets à Argentière. La première section nous conduit à la gare intermédiaire de Lognan. La seconde à l’Aiguille des Grands Montets. De là, nous rejoignons par les escaliers le Col des Grands Montets (3233 m), où nous nous équipons. Le temps est magnifique, les sensations excellentes. Quel plaisir de revenir en altitude. J’aime toujours autant cette ambiance de haute montagne.
 
 

 
Dans un premier temps, il s’agit de rejoindre la rimaye (fracture du glacier) de la Petite Verte. Une montée d’acclimatation bienvenue. Le crissement de la neige sous les crampons nous informe que les conditions sont au top. Peu de cordées se sont données rendez-vous en ce premier juillet. Très bien pour nous. Car j’avais en souvenir une Petite Verte bondée de monde. Là, nous sommes quasiment seuls. Une vraie chance que nous avons su saisir. Nous nous rapprochons bien vite de l’arête, que nous allons longer un bon moment. Puis vient ensuite deux pentes bien raides (40°), qui nous permettent de prendre pied sur l’arête. Un rocher magnifique. Et je réalise ensuite combien j’apprécie le mixte. Finalement, cheminer avec des crampons au pied, entre glace et rocher, permet d’avoir une bonne accroche. La vue sur les Drus et la Verte est somptueuse. Tout comme l’est l’environnement tout autour de nous. Et toute la Chaîne du Mont Blanc s'offre à nous.
 
 

  
Voilà désormais la section un peu plus aérienne de cette course. Nous poursuivons sur cette arête jusqu’à un mur. Une cordée est juste devant nous. Elle nous révélera lors de sa progression la clé de cette ascension. Il suffit de passer à califourchon le bloc devant nous, de se laisser glisser pour prendre pied sur une dalle. Facile à écrire. Heureusement, la confiance en mon compagnon de cordée m’a permis de franchir allègrement cet obstacle, où beaucoup de cordées font demi-tour. Ainsi, la Petite Verte permet, très rapidement, de retrouver cette assurance nécessaire au grimpeur et alpiniste. Le vide est omniprésent, et pourtant, il fascine. C’est toute la force de la montagne. On y vient non pas pour « dominer », mais plus humblement, pour faire corps avec elle. Pour s’inviter dans ces hauteurs où l’homme n’a pas normalement sa place. Les lames des roches constituent les plus beaux des promontoires. A 3512 m, nous voilà au sommet de cette Petite Verte.
 
 

  
Ambiance haute montagne, que nous savourons d’autant plus que nous venons de nos plaines. La vue est magnifique sur toute la Vallée de Chamonix, sur toutes ces cimes environnantes, sur le Mont Blanc bien sûr. La verdure contraste avec le blanc immaculé. Nous y resterons un bon moment, avant d’entreprendre la descente. Toujours avec vigilance, sans empressement, nous progressons sur l’arête. Le fameux mur est facile à franchir, pour rejoindre la salle à manger. De là, nous profitons encore de cette vue sur les Drus, si proches de nous. Juste avant l’Epaule de la Petite Verte, la pente raide en neige se fait très bien, et nous voilà à nouveau sur le Glacier des Grands Montets. Des parachutistes jouent avec les courants d’air chaud. Nous rejoignons le Col des Grands Montets en passant juste à côté d’un petit lac gelé. Après s’être déséquipés, nous rejoignons la Table d’Orientation des Grands Montets (3295 m) pour profiter pleinement du panorama à 360°.
 
 

 
Du Buet au Désert de Platé, toutes les Aiguilles Rouges sont maculées de blanc. C’est absolument magnifique. Les Lacs des Chéserys et le Lac Blanc sont sous la neige. Versant Mont Blanc, la Gare du Montenvers semble si proche, juste de l'autre côté de la Mer de Glace. Et toutes les Aiguilles de Chamonix en enfilade sont majestueuses... jusqu'à l'Aiguille du Midi. Pour le retour, et afin de  préserver nos forces pour la suite, il reste à reprendre le téléphérique pour rejoindre Argentière. Des images plein la tête bien sûr. Cette envie de revenir au plus vite dans les altitudes. Bref, la Petite Verte est excellente pour retrouver la haute montagne. A ne pas sous-estimer, s’il on veut vraiment en atteindre le véritable sommet. C’est une course à faire… lorsqu’il y a peu de monde. Pas de marche d’approche, une dénivellation modeste (300 m) pour profiter de la haute montagne de Chamonix... et s'approcher du Paradis.  
 
 
 
 
« Comme tous les besoins profonds de l'homme, celui de l'altitude est universel.
D'accord avec les poètes, les enfants croient que le paradis est au ciel ».
 
Pierre Dalloz


08/07/2013
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