A chacun son sommet

A chacun son sommet

EUSKAL TRAILS 09 : Au coeur des Montagnes Basques

Le Pays Basque… ce n'est pas que je m'y sens chez moi… mais presque ! Depuis ma découverte de cette magnifique région, à la frontière de l'Espagne, à l'occasion de l'Euskal Endurance de septembre 2007, je n'ai cesse d'y revenir pour de nombreuses sessions trails entre amis.                 

 

Les contreforts rocheux des Pyrénées, l'océan et sa côte, les crêtes et les falaises, les villages et hameaux, les pottocks et vautours, les ambiances et couleurs… tout m'inspire en ces lieux. Terre d'authenticité, de rusticité, de tradition et de contraste, le Pays Basque offre un cadre somptueux aux épreuves de l'Euskal Trail, chaque mois de mai : le Trail Gourmand, le Trail des Villages et l'Endurance Trail.

 

Organisées par l'Euskal Raid Association, le principe de ces épreuves est simple : deux équipiers courent ensemble pendant deux jours, se supportent... et se portent parfois ! C'est un concept génial, où le goût de l'effort, le partage, l'engagement et la pugnacité atteignent des sommets.

 

                           

 

Après une participation au Trail des Villages en 2008 avec mon beau-frère, Caliméro, me voilà l'équipier de Francky (« le Poulet »), sur la version longue : l'Endurance Trail. Cette aventure s'annonçait exceptionnelle – et ce fut le cas.

 

Les festivités de ces trois jours basques se conjuguent avec le plaisir de retrouver tous les amis pour un sacré week-end (et un de plus !). Car parmi la ménagerie d'amis, les équipes sont nombreuses (14 !) : le Lémurien et Jean-Marc, Pittika et Benat, la Grenouille & Yon, les Darmaillacq Brothers, Paulo et Fred, La Cabri et Marie, Le Sanglier et Benoît, Marie la Globe Trotteuse et Jean-Luc, Sylvain et Mathieu, Thomas et Seb, Claude et Jean-Christophe, Kiki et Christian, Thierry et Nathalie...

 

               

 

Et alors, alors… cet Euskal Endurance ??? et bien, ce fut une superbe épreuve sur deux jours et une sacrée équipe. Une première étape magnifique au cœur de ces belles montagnes basques, où nous avons mis en œuvre la "trotte dog" ou "doggy run". Une deuxième étape plus difficile, où "chaud bouillant" a pris tout son sens pour moi.

 

130 km et plus de 7100 md+, l'Euskal Endurance : gourmet, certainement, gourmand, peut-être trop... Le Poulet a eu du mal à éclore... mais c'est le Pilou qui a laissé des plumes sur la fin. Reste plus qu'à récupérer d'un tel périple !

 

 

Jeudi 21 mai 09, Hameau de Guermiette

 

Nous voilà arrivés dans notre gite, au hameau de Guermiette, sur les hauteurs de Saint Etienne de Baïgorri, Porte de la Vallée des Aldudes. Un bon déjeuner tous en commun, arrosé par un excellent vin proposé par Jean-Marc. Nous faisons le plein de calories pour ce programme bien chargé ! Martxel nous rejoint pour le café (ravi de le revoir), avec gâteau basque dans sa besace...

 

Après ce repas "léger", direction le fronton du Village pour la session du Trail Expérience by Asics. Je descends en courant avec Jean-Marc... et nous voilà fin prêts pour la séance de 14h00 (avec un peu de retard quand même, désolé). Nous sommes une douzaine de participants et c'est toujours aussi intéressant. Je teste cette fois ci les dernières Trabuco. Le protocole du TEBA est simple : 10 mn plutôt cool (mais dans les pentes basques !), 1500 m à allure plus soutenue… puis retour au calme.

 

 

              

 

Tout est enregistré grâce au cardio suunto… puis les coachs du team Asics analysent avec chaque participant les résultats et promulguent leurs conseils. Et puis aujourd'hui, Pilou est chanceux : je gagne au tirage au sort une PETZL. Dernier modèle ultra compact. Parfait pour la technicité du Trail du Mercantour (mon prochain périple).

 

Après les entretiens individuels, chacun repart avec son petit dossier... et ses bonnes résolutions pour ses futurs entraînements ! Après avoir récupéré nos dossards (qui mentionnent le prénom et la ville d'origine, très bonne idée), je passe faire un tour au camping de Baïgorri où je retrouve avec joie Marie la "Globe Trotteuse" qui découvre pour la première fois ce beau Pays. Elle en rêvait... elle va être gâtée !

 

              

 

En soirée, pasta party organisée par le Lémurien, le Sanglier et la Carpe. Tout est à profusion... et l'humeur si joyeuse. Nous regardons les parcours avec Seb, Thomas et Niko. Le Poulet m'offre deux belles tenues de courses, pour que nous soyons habillés tout pareil. Un grand muxu. Avec cet excellent repas et ces petites bières, nous voilà définitivement blindés pour affronter les terres basques (et les éléments). Ensuite, courte nuit, car le réveil sera matinal ! 

 

 

Vendredi 22 mai 09, Saint Etienne de Baïgorri

 

4h30, je retrouve Francky et nous filons vers le centre du Village, près du Fronton. Toutes les équipes sont là pour le contrôle du matériel et pointage, l'activation de la puce… et c'est le départ. Nous traversons le village en direction du quartier d'Urdos. De nombreux lèves tôt sont déjà là pour nous encourager... dont les bretons et Steph ! Merci à toi !

 

              

 

Avec Francky, nous prenons un bon petit rythme, en veillant bien à ne pas nous emballer. Un peu de bitume… et nous voilà sur une piste. Il fait particulièrement doux et mon Francky n'est pas au mieux. Un vrai diesel et le moteur ne démarre pas. Du coup, on gère et laissons filer de nombreuses équipes.

 

Nous poursuivons notre chemin, le jour se lève. Mais on ne voie rien. C'est brouillard basque. Normalement, nous devrions avoir une magnifique vue sur les crêtes d'Iparla (voir des photos ici), mais là, non !!! Dommage, mais c'est ainsi. Nous passons dans de magnifiques sous bois. Bientôt, Thierry et Nat nous recollent. Nous sommes au km 10, et mon poulet n'a toujours pas éclos. Pas grave, on gère.

 

              

On s'applique à suivre la technique de Nat, appliquée lors de sa diagonale des fous (Nat à fini 3ème féminine en 2008) ; la « trotte dog » ou « doggy run » comme je l'ai surnommée ! Il s'agit de toujours trottiner, des petits pas, comme un petit chien. C'est économique et ça permet de bien avancer. Pour ceux qui ont déjà eu l'occasion de courir avec elle, c'est la technique de course utilisée par Karine Herry également.

 

Pour l'instant, j'ai un poulet grillé à point, manque juste les frites… mais le poulet n'est pas un usurpateur… et petit à petit, les ailes lui repoussent. Une fois quitté la forêt, nous filons vers le col d'Harrieta (808 m). Une succession de montées et de descentes nous attendent : le pic d'Aatate (1022 m), le col de Buztanzelhay (843 m) et le col d'Antziaga (776 m).               

 

Et nous voilà au premier ravitaillement. La vue est grandiose : on ne voie RIEN. Je prends quand même quelques photos… Je discute un peu avec les pointeurs et bénévoles. L'organisation de cette épreuve est nickel.

 

Nous repartons pour le col d'Ispeguy (672 m), mon Francky a passé la seconde, et ça va beaucoup mieux. Super. Direction le col d'Elhorrieta (831 m), puis vers le pic d'Antchola (1119m). Dans cette pente, nous recollons certaines équipes. Avec Francky, nous formons un super binôme et tout va bien. Au sommet, bascule dans une belle descente, où nous nous lâchons bien !

 

Nous poursuivons sur une piste et nous voilà à Banca. 3h45 depuis notre départ matinal. Nos supporteurs sont là, c'est un plaisir. Je me sens super en forme. Et Francky est bien également.  Lucas court avec nous jusqu'à la sortie du village.

               

 

Nous entamons un nouveau gros morceau de cette étape : la montée vers le col d'Otsachar. Là, nous scotchons sur place de nombreuses équipes. Nous rattrapons Thierry et Nat. Nat est impressionnante de facilité. Un bon ravito, une petite photo express… et c'est la descente… pour rejoindre le Col de Lepeder, puis le village des Aldudes. Ce site est vraiment superbe. Et en plus, nous retrouvons tous nos supporteurs, génial. Même Lana est là et j'ai droit à la bise.

 

Une bonne collation… et nous montons vers le col de Berdaritz (685 m). Une sacrée montée, que nous allons bien monter justement. Un vrai plaisir. Une fois au col, nous entrons en Navarre, pour un petit détour en Espagne. Belle descente sur la petite ville de Elizondo, puis une remontée vers le col d'Eyhartze (856m). Une section de route est un peu fastidieuse… mais on gère. Une petite inattention nous fait perdre le balisage, mais rien de bien grave. Le temps se dégage, la vue est magnifique sur ce Pays Basque Espagnol.

 

               

 

En haut du col, nous retrouvons la Vallée des Aldudes. Belle descente sur le hameau d'Esnazu (540m). Particularité des descentes dans le Pays Basque : quand ça descend, ça monte aussi. Nous retrouvons de nombreuses équipes du Trail des Villages. Urepel et son église sont en vue… nous arrivons. Plutôt contents. En moins de 9h30, nous avons bouclé cette première étape. 

 

Accueil chaleureux, collation et douche… puis tous (coureurs et accompagnateurs) se retrouvent pour le buffet gargantuesque de l'Euskal Trail. C'est excellent et fait du bien à tous. C'est vrai que ces ballades montagnardes creusent l'appétit ! Benat et Martxel terminent premiers de cette étape, je suis ravi pour eux. Certains sont frais... d'autres déjà entamés... et puis des équipes sont forfaits pour la deuxième étape, suite à des blessures (bon rétablissement à La Grenouille).

              

 

Après ce repas, nous nous installons ensuite au bivouac, pour une deuxième courte nuit. Francky nous a trouvé des lits... et que c'est agréable de s'allonger. Je n'ai pas besoin de compter les moutons (pourtant nombreux dans la Vallée !) pour trouver le sommeil. Je tombe d'une masse.

 

Samedi 23 mai 09, Urepel

 

Réveil à 4h00. Petit déjeuner. Bruine basque. A 5h08, le départ de la seconde étape est donné. Avec Francky, nous voulons à nouveau bien gérer cette journée. Nous sommes bien tous les deux. Je n'ai aucune courbature, c'est vraiment impressionnant. Certainement le fruit du long travail de foncier, ainsi que du dernier bloc d'entraînement (Euskal Runner Camp par le Lémurien).

 

Nous quittons Urepel (Village natal de Martxel). Nous rejoignons Les Aldudes. Normalement, ça devait descendre… mais en fait non. En arrivant  aux Aldudes, une charmante bénévole nous indique le chemin à suivre : à droite, dans le pentu. On monte… on monte… plus de rubalise. Je redescends en courant… et il s'avère qu'elle nous a indiqué la mauvaise direction. Elle est désolée pour nous. Mais ce n'est pas grave. Nous traversons les Aldudes pour reprendre le tracé emprunté la veille en direction du Col de Lepeder (505 m).

 

              

 

Nous avons droit à un sentier « dré dans le pentu » ou « à la basque ». Ici, les lacets n'existent pas ! Nous voilà au sommet d'Ostamunho (901 m), puis nous basculons vers le col d'Otsachar pour un bon ravito.  Une fois le plein fait, direction le col de Meharroztegui (738m). Le tracé est magnifique, tout à flanc de montagne… des sentiers comme je les aime tant. Nous franchissons une magnifique forêt, avec les passages (hasardeux pour certains) de plusieurs ruisseaux… 

 

Et nous voilà au pied du « must » de la journée : la crête d'Olapide. Je me souviens très bien de cette section que nous avions empruntée en sens inverse, l'an passé, sur le Trail des Villages. Une fois en haut de la crête, une mono trace tout à flanc nous conduit sur la droite au col de Mehatze (1209m). Le panorama est grandiose sur toute la Vallée. Belle descente vers le pointage d'Urtaico.

 

              

Ensuite, nous prenons la direction du Col d'Ehuntzaroy (971m). Un endroit où je suis déjà venu. Le temps est au grand beau, il commence à faire chaud, même un peu lourd. Et je suis sur mon nuage, à courir tous ces beaux balcons. Seuls les chachis ralentissent la progression, lorsqu'ils piquent un peu trop !! Francky suit bien le rythme. La descente nous conduit vers Valcarlos. Nous avons droit à une longue partie de route bien monotone qui nous amène à Arneguy (245 m). Il nous reste à passer la crête de Madaria pour atteindre le col d'Ehuntzaroy. Je me ravitaille.

 

Francky fait le plein d'eau. Je prends quelques photos… puis nous repartons. Francky accélère un peu le rythme et j'ai du mal à la recoller sur ce long faux plat. Et portant il marche le Poulet. Le Mont Harrigorry nous accueille puis nous basculons dans une descente bien raide vers Banca. Je casse un bâton au passage d'un ruisseau. Depuis quelques km, je commence à avoir sacrément chaud… et je réalise que je ne bois pas beaucoup.

 

Nous voilà à Banca. J'oublie de pointer et on vient me chercher pour la puce. Je demande une soupe. Je la bois… et je vomis tout dans la foulée. Je sens que je ne suis pas bien… mais c'est trop tard. J'ai dû me déshydrater. Nous sommes pointés en 9ème position. Mais je ne suis vraiment pas bien. J'avale juste une pâte de fruit. Puis nous repartons tranquillement.

 

               

 

Il reste le Munhoa (1021 m).Dans notre stratégie de course, on devait arriver frais à Banca, pour pouvoir enquiller dans la montée. Et bien là, c'est cuit. J'ai mal à la tête et j'ai toujours envie de vomir. J'ai terriblement chaud. Les encouragements de Francky résonnent dans ma tête comme en échos, j'ai mal à la nuque. C'est dur. Je mouille la casquette dès que je peux. Beaucoup d'équipes (une bonne dizaine) nous remonteront avant la fin. Toujours un mot sympa.

 

Certains s'inquiètent de mon état. La solidarité entre équipes n'est pas un vain mot sur cette épreuve. Désormais, c'est uniquement mon mental qui me fait avancer et les encouragements de mon équipier de choc. Je puise les ressources au fond de moi… et j'avance quand même... mais je ne vais pas me refaire la cerise !

 

               

 

Dans la descente vers Guermiette, je descends tranquillement. Des gars en motos trials m'encouragent. Je ne suis franchement pas à l'aise. Encore une remontée. Francky me porte mon bâton, car je le trouve trop lourd. Je n'ai mal nulle part, mais je me sens vide et nauséeux. Et j'ai soif, vraiment soif. Je pense à une bonne bière !

 

Nous arrivons sur Saint Etienne de Baïgorri. Il nous reste à faire tout le tour du Village. Et bientôt, c'est l'arrivée. Au niveau du Pont, tous les supporters sont là… j'aperçois l'arche Asics. C'est la fin. Nous terminons 20ème au classement général de l'Euskal Endurance 2009. Gégé m'avait dit que c'était un gros morceau ! Je confirme.

 

              

J'apprends que Thomas et Seb ont remporté l'épreuve. Super content pour eux deux… J'apprends que Martxel a abandonné à Banca laisant Benat terminer seul. C'est vrai que sur une épreuve aussi exigeante… ça passe, ou ça casse… Lolo et Benoît ont très bien géré la deuxième journée du Trail des Villages. Niko et Jean-Marc se sont également fait bien plaisir (récit ici), comme de nombreux participants.

 

Fier d'avoir relevé la gageur de ce périple basque. Déterminé par le fait que l'abnégation, le dépassement, le goût de l'effort et le partage sont les valeurs de notre sport. Conscient qu'il faut être à l'écoute des limites de son corps et de sa gestion de course… d'autant plus difficile lorsqu'on participe à deux.

 

              

Mais surtout, heureux d'avoir vécu avec près de 700 coureurs, 150 bénévoles, des centaines d'accompagnateurs et tous les amis, cette passion qui nous anime tous. Merci à l'Euskal Raid Association et bravo à tous. Récupérez bien et à très vite pour de prochaines sessions en montagne !

 

Lors de l'apéro à la Cave d'Irouléguy, Gégé m'a confié réfléchir à de petites surprises pour l'édition 2010 des Euskal Trails… je suis persuadé qu'avec toute son équipe, ils préparent des parcours bien pimentés… ezin bertzean.



25/05/2009
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