A chacun son sommet

A chacun son sommet

OLYMPUS MARATHON 2012 : Des Montagnes et des Mythes

 

 - LE TRÔNE DE ZEUS -

(cliquer sur les photos pour zoomer)

 

Plaka Litochoro, au bord de la Mer Egée. Vers 19h, il fait encore chaud ce dimanche 24 juin. L’orage s’annonce. Et voilà les premiers éclairs qui tombent sur le Mont Olympe. Zeus se manifeste sur son trône. Depuis l’aube, nous baignons dans la mythologie de la Grèce Antique. Le départ de l’Olympus Marathon se trouve au sein même du site archéologique de Dion, l’ancienne cité de Zeus. Avec les premières lumières du jour se dévoilent les pierres, les colonnes, les mosaïques… c’est un émerveillement. L’Olympus Marathon emprunte le parcours que suivaient les Dieux pour rejoindre leur résidence, tout en haut du Mont Olympe, sommet culminant de la Grèce à 2917 m d’altitude.   

 

C’est une véritable épreuve de montagne pour rejoindre les flancs du Mont Olympe, à la cote 2700. Des passages en sous bois, puis la végétation disparaît petit à petit pour laisser sa place à la roche. La montée se termine au km 21 face au Trône de Zeus. Ensuite, c’est une formidable traversée, puis une descente pour rejoindre Prionia au km 31. Et c’est là que beaucoup peuvent se faire piéger, car à partir du km 31, il reste 13 km à parcourir dans un large canyon. Celui-ci débouche sur la mer et sur le village de Litochoro. Le tracé dans ce canyon subit alors moult bosses successives… on est donc bien loin d’un final facile ! La plus grande difficulté de cet Olympus Marathon réside en cette dernière portion.  

 


 

 

 

Vers 5h du matin, j’entre dans la cité antique de Dion. Nous sommes juste à la sortie de la nuit, les premières lueurs du jours vont bientôt se livrer. Me voilà dans des vestiges datant de 420 avant J.C. Les coureurs arrivent progressivement. Pas un bruit, pas un éclat. Je me promène sur l’ancienne grande voie de Dion. De part et d’autres, les fondations d’une villa, d’une maison, d’un temple, d’une basilique, de thermes. Nous pouvons divaguer librement et savourer ce cadre si enchanteur. Je découvre une remarquable mosaïque, puis une statue, des colonnades. Le riche passé de la Grèce s’offre à nos pas et à notre regard. Le temps file tranquillement et bientôt, le speaker nous appelle.

 

Il fait désormais jour. Nous sommes regroupés au niveau de l’arche de départ. Près de 600 participants à cette 9ème édition de l’Olympus Marathon. La météo s’annonce superbe. Nous allons même avoir très chaud. Beaucoup de nationalités sont représentées : les grecs en grand nombre, mais aussi des roumains, des allemands, des britanniques, des italiens, des albanais, des autrichiens… et quelques français. Nous sommes tous prêts pour un grand voyage sur le Mont Olympe. Partir de cette cité de Zeus est évidement tout un symbole. Le départ est donné et nous voilà en route pour 44 km et 3200 d+, en majeur partie dans le Parc National du Mont Olympe, inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité.

 


 

 

 

Les 6 premiers kilomètres sont très roulants sur la route bitumée. La tête de course est partie à vive allure. Je suis impressionné par ces avions de chasse. Nous longeons de nombreuses petites maisons et suivons les panneaux « Olympus ». J’aime voir toutes ces indications en alphabet grec, c'est une belle écriture et c’est dépaysant. Déjà, la chaleur ressentie est impressionnante. Il fait plus de 24°. Les montagnes sont devant nous, et derrière, nous avons la Mer Egée. Nous empruntons ensuite une piste parmi une végétation très odorante. Ça sent vraiment bon. Je profite de chaque instant. C’est vraiment une chance de prendre part à cet Olympus Marathon. Encore une de ces épreuves qui me faisait rêver.

 

Bientôt, c’est l’amorce du vrai sentier. A partir de là, la montée commence réellement. Nous apercevons une belle cascade sur la droite. Sur cette première partie du parcours, nous trouverons de l’eau en abondance. Il y a de nombreuses sources. Et puis les ravitaillements sont de toute façon très largement pourvus. Nous progressons dans un sous-bois, avec un passage sévèrement raide. Puis nous amorçons une courbe sur la gauche, parmi les buis. Déjà, nous avons pris de la hauteur en quelques kilomètres. Nous rejoignons une piste pour un gros ravitaillement. Je fais le plein d’eau. J’ai déjà bu pas mal, et pourtant, j’ai cette sensation de dessécher. Il va falloir vraiment être vigilant par cette chaleur.

 

  

 

 

Ensuite, nous abordons une végétation totalement différente. Fini les arbres et arbustes. Désormais, il s’agit d’herbes rases, plus proches des plantes alpines. Nous nous rapprochons du Trône de Zeus. La vue sur la Mer est superbe. Nous sommes un bon petit groupe à courir ensemble. Bientôt, nous voilà sur les hauteurs, dans les cailloux… et la cime du Mont Olympe se révèle. Le tracé sur une ligne de crête qui nous fait descendre légèrement, puis un court passage technique nous permet de prendre pied sur un large plateau. Le Trône de Zeus apparait dans toute sa splendeur. C’est grandiose. Pas un nuage à son sommet. Les conditions idéales pour comtempler cette montagne aux parois abruptes.

 

Nous approchons du refuge Oropedio, km 21. Beaucoup de personnes sont venues tout spécialement ; il y a de nombreuses tentes de bivouac. Les encouragements sont chaleureux. Ensuite, on emprunte un sentier qui traverse dans le flanc du Mont Olympe. Je vais alors prendre tout mon temps pour profiter de ce cadre. A l’amorce de la descente, j’hésite même un instant pour prendre la bifurcation à droite qui conduit au sommet du Mont Olympe. Il ne reste qu’un peu plus de 200 m positif pour l’atteindre. Mais le parcours ne passe pas en son sommet, je le sais depuis le début. Le passage final est jugé trop exposé pour une course de trail. C'est ainsi, et finalement, je poursuis sur le tracé officiel.

 

 

 


 

La descente jusqu’au refuge A est assez technique. Le seul passage réellement engagé de ce Marathon d’ailleurs. Une fois au refuge, il reste 6 km pour rejoindre Prionia. La chaleur devient assez humide. Il fait vraiment très chaud. Je m’assèche. Mais je profite pleinement de cette descente. Le sentier est super à courir. Bientôt, me voilà à Priona. Je me rafraichis à la Fontaine. Les bénévoles sont super sympa. J’ai droit à quelques mots en français. Puis je repars à l’assaut de la Vallée d’Enipeas. Il s’agit d’un vrai canyon qui débouche sur la Mer. A partir de ce point, c’est une succession de bosses. Nous empruntons de nombreuses passerelles pour franchir à  la rivière qui coule au fond du canyon.

 

A plusieurs reprises, je fais des pauses à l’ombre des arbres. Je souffre réellement de cette chaleur. Mon organisme n’y est pas habitué à cette période de l’année. Mais je prends cela avec beaucoup de philosophie. Je me sens affaibli, c’est un bon coup de chaud avec de la déshydratation. Il faut que je sois vigilant pour que cela ne s’aggrave pas. Je progresse donc à un rythme tranquille, en trottinant. Le chrono m’importe peu de toute façon. J’arrive bientôt à une petite chapelle, sous une grotte. Un endroit charmant. Je mouille la casquette dès que je peux. Je me languis de sortir de ce canyon. Il me reste une dernière remontée, en plein cagnard, et me voilà sur les hauteurs de la petite cité de Litochoro.

 

 

 


 

Les premiers toits des maisons, les premières ruelles… j’entre dans la ville sous de vifs encouragements. Beaucoup d’enfants courent à nos côtés. Voilà l’Eglise Orthodoxe, puis le Parc de Litochoro. On me remet un rameau de laurier, puis je franchis la ligne d’arrivée. Une belle médaille autour du cou. Moi qui ne suis pas adepte de ces breloques, je dois dire que celle-là à une saveur toute particulière. Ensuite, je file sous la cascade de la pièce d’eau pour faire baisser la température. Que j’ai eu chaud pendant cet Olympus Marathon. Normal avec 36°. Les arrivées se succèdent les unes après les autres. Mais au final, c’est la première fois qu’il y a tant d’abandons (plus de 30 % des partants).

 

Je prolonge l’après-midi sur la plage de galets de la Mer Egée. C’est reposant. Je revis cette belle épreuve. Et je suis particulièrement heureux d’avoir pu y prendre part. C’est une magnifique épreuve de course de montagne, avec tout ce que nous pouvons y rechercher. Et lorsqu’on réalise tout ce que la Grèce Antique a apporté à nos civilisations (la démocratie et la pensée, la discipline de la pratique sportive), cela ajoute un caractère particulier à cette épreuve. Bref, l’Olympus Marathon a ce petit supplément qui le fait entrer dans la cour des grandes épreuves de trail et de montagne. Tout en simplicité et en humilité, à l’image de ses vainqueurs, Michel Rabat et Cecilia Mora.  

 



28/06/2012
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