CITADELLES TRAIL 08, neiges en Pays Cathare...
Après deux participations sur la distance du 40 km, je passe au 70 km. A moi les crêtes de Madoual au lever du jour, la forêt de Bélesta, les ruines de Péchiquelle et le col du Tremblement... Montségur, le sentier Cathare, la forêt de Mondini et le château de Roquefixade.
Les superbes cascades de Roquefort et les gorges de Péreille, puis Lavenalet, point ultime de ce périple dans les Pyrénées Cathares... Un beau week end de Pâques en famille et entre amis, avec mon père, ma soeur et kiki sur le 20 km, Caliméro et Martxel sur le 40 km et moi sur le 70 km. Et des oeufs en chocolat... que du bonheur... avec une invitée surprise : LA NEIGE !!!
Cet ultra trail des Citadelles s'est déroulé dans des conditions hivernales. Le Pays d'Olmes s'est recouvert d'un magnifique duvet blanc. La neige et la boue ont rendu la progression difficile. Quel plaisir de courir dans la neige ! Surtout lorsqu'on ne s'y attend pas. J'avais couru le trail blanch de Font Romeu sans neige (mais avec de la glace vive) en 2007 et cette année, je pensais bien ne pas avoir l'occasion de faire un trail hivernal. C'était sans compter les caprices de miss météo deux jours après le début du printemps.
A ces conditions hivernales s'est ajouté un deuxième élément. Les trails, c'est mon péché mignon. Et pour ce week-end de Pâques dans les Pyrénées Cathares, j'ai péché par orgueil : la distance de 40 km m'aurait largement suffit ! Mais bon, j'avais envie de faire le grand circuit et j'en ai profité au delà de mes espérances : 10 heures pour faire un peu moins de 70 km et 3000 md+. A croire que j'ai pris le temps de ramasser des œufs… et bien non pourtant.
Dimanche 23 mars, Villneuve d'Olmes, charmant petit village ariégeois. Réveil matin à 4h30. Un bon petit déjeuner avec Martxel et Kiki qui m'accompagnent au départ de cet ultra des Citadelles. Les flocons tombent sans discontinuer. Le départ est décalé à 6h15. Je fais la connaissance de quelques amis basques de Pittika. Nous passons ensuite sous le chapiteau de la place pour le briefing. Michel nous accueille chaleureusement et nous donnent quelques indications. La montée à Montségur est supprimée, ce qui se comprend aisément. Déjà qu'en temps de pluie, les pierres et roches sont glissantes, j'ose pas imaginer les conditions actuelles. Il faudra être prudent sur ce parcours.
Une chanson narrant la tragédie cathare nous met dans l'ambiance et puis c'est un petit décompte en toute simplicité : 5, 4, 3, 2 , 1, c'est parti. Nous nous élançons pour ce périple dans le Pays d'Olmes. Je pars vraiment prudemment. Je fais un petit signe à Kiki et Martxel en passant devant le cinéma. Nous quittons Lavenalet. J'allume ma frontale, les flocons tourbillonnent. Progression vraiment tranquilou. Je suis dans le premier tiers des traileurs. Bientôt les premières côtes, synonyme de marche rapide… et de premières photos d'ambiance nocturne et hivernale.
Premières lueurs du jour...
Passage en sous bois en direction des crêtes de Madoual. Les chutes de neiges s'intensifient. Le jour pointe son nez. Il ne vente pas, la température est curieusement clémente. Traversée d'un beau petit hameau, chaleureux encouragements. L'épaisseur de neige au sol devient plus importante. Je dis au gars qui m'accompagne à ce moment là que la chasse aux œufs va être délicate, « surtout les blancs » ajoute-t-il… Je lance même une boule de neige à des bénévoles qui me la rendent bien. Très sympa ce trail. Je poursuis ma progression en direction du Col Figuier, pour ensuite basculer dans une superbe descente.
Des flocons à profusion...
Je me fais super plaisir. C'est la première fois que je cours si longtemps dans la neige. Du coup, je ne m'économise pas. Je ne suis pas la trace, je préfère m'enfoncer dans la neige vierge. C'est grisant, mais aussi plus fatiguant. Arrivé au premier ravito Bélesta, km 18. Un ravissement tellement c'est copieux. Je me contente cependant d'un simple soupe, qui fait un bien fou.
Paysages d'hiver !
Je repars à l'assaut d'une montée de 500 m pour atteindre la crête du Millet. Ensuite, c'est un superbe paysage d'hiver en forêt. Il neige abondamment. Les branches plient sous le poids de cette neige humide et lourde. Les chaussures talochent. Une route forestière nous fait basculer dans la descente. Excellentes sensations. Je suis même trop bien. Fougax km 31. Je suis dans les 25 premiers. Je me ravitaille. J'ai eu chaud pendant cette descente. Je fais un léger détour pour passer devant la fontaine intermittente de Fontestorbes.
Fontaine intermittente de Fontestorbes
Encore une belle montée au menu. Passage devant les ruines de Péchiquelle, puis longue traversée à flanc des bois. Un ressaut et enfin un combe qui permet de rejoindre la montée vers le col du Tremblement. Mon rythme de progression se ralentit. Je ne sais pas si c'est le froid, mais j'ai la sensation de m'ankyloser. J'ai froid aux bras, aux doigts et dans le dos. C'est la sueur qui fait des siennes. Je ne me suis peut-être pas assez couvert. Ou alors, je me suis un peu cramé en courant dans le neige (ce qui me semble une évidence à posteriori).
Ruines de Péchiquelle
Bon, j'avance quand même. Mais, un, puis deux, puis trois gars me doublent… et j'arrive pas à m'accrocher. Le moral en prend un coup. Et puis, je commence à avoir l'onglet. Je déteste ça. J'ai un rythme de bonhomme de neige et je commence d'ailleurs à en devenir un. Je croise bientôt des randonneurs qui m'encouragent et me disent qu'il reste à peine 10 mn pour atteindre le col.
En chemin, il ne fait pas bien chaud...
ENCORE 10 mn, qu'est-ce que je fous dans cette galère (cette pensée négative me vient à l'esprit... mais est bien vite oubliée). En fait, je crains le froid. C'est mon ennemi. C'est un révélateur pour moi. Lorsque je sens le froid s'imprégner en moi, je sais que c'est un signe de fatigue. Bientôt, le col est en vue. Montségur est dégagé, je prends une photo. Même avec de bons gants, j'ai les doigts gelés. J'appréhende le retour du sang, ça va faire mal.
Le Château de Montségur, Haut lieu du Catharisme
Les pointeurs m'encouragent chaleureusement. Ça fait du bien. Eux aussi doivent avoir froid, ils sont bien courageux. Col du Tremblement... un nom tout à fait approprié !Heureusement que les organisateurs ont biffé la montée au château, j'aurais vraiment eu du mal à partir à l'assaut de cette citadelle enneigée. Je me remets à courir dans la descente et rapidement, je me réchauffe. Je file vers Montferrier. J'ai laissé pas mal d'énergie avec ce coup de froid. Et je me sens un peu faiblard, pourtant, il reste encore 28 km.
si si, ça monte (encore un peu !)
Au ravitaillement, je prends le temps de me requinquer. Et je me dis que la fin va être longue. Je repars avec un gars qui a des bâtons. Je pensais en prendre également, mais depuis une casse matériel au Trail de l'Origole, un de mes bâtons est orphelin. Va falloir que j'investisse dans une nouvelle paire plus tôt que prévu ! J'avoue regretter à ce moment là de ne pas en avoir. Et la suite me donnera raison, lorsque la boue se substituera à la neige.
Je ne préfère pas suivre le rythme du gars et je le laisse filer. Il vient de faire une saison de ski de rando et il a la pêche. Arrivé à Girol, une grosse descente boueuse à souhait s'offre à moi. Et j'arrive en bas sans une seule chute, ni grabuge. Content le Pilou. Je passe sous la route par une passerelle aménagée, puis c'est une longue ascension vers le village de Roquefixade et son fameux château.
Quelques rayons de soleil toisent la neige. Superbe. Beaucoup d'encouragements en traversant le village. Passage au pied du promontoire rocheux sur lequel se trouve le château et je rejoins le sentier cathare. Un magnifique belvédère sur la citadelle en ruines. Je profite au maximum de ce panorama si inattendu. Les grosses difficultés sont passées. Je craignais d'avoir à nouveau froid, mais aucun souci cette fois.
Le magnifique sentier Cathare
La Citadelle de Roquefixade
La descente vers Roquefort les Cascades est fort agréable. Petits chemins en forêt. Seul un passage vraiment boueux est un peu plus délicat. Je sollicite les branches bienveillantes pour limiter les dégâts. Les Cascades sont superbes. Le niveau d'eau est élevé, je prends tout mon temps à contempler ces merveilles de la nature et à prendre des photos.
Roquefort les Cascades
La végétation est luxuriante, d'une verdure éblouissante qui fait penser à un micro climat. Après cette pause revigorante, j'en fais (encore) une autre au ravitaillement. Puis c'est la dernière côte de cet ultra. Le Cap de la Coume, 400 m à gravir, jusqu'à un feu, m'a dit un bénévole. Au niveau du feu justement (un superbe foyer), je discute (encore) avec un couple bien sympa qui me décrit le panorama que l'on peut apercevoir de là lorsqu'il fait beau.
Crêtes de Lavenalet
Je cours ensuite sur les crêtes, en direction de Lavenalet. Au niveau du Calvaire, c'est une descente tout schuss. Il neige à nouveau. Le terrain est glissant. Je me gamelle à trois reprises, sans mal. Bientôt, j'entends les cris de mes supporters, toute la dream team est là pour me voir arriver, ça me fait super plaisir.
35ème. Je termine cet ultra heureux mais fatigué. 10 heures dans de telles conditions, c'est difficile. Verdict sans appel : je manque de foncier et de dénivelé en ce début de saison. Mais en même temps, je l'ai savouré cet ultra des citadelles sous la neige - et j'en garderai un excellent souvenir à tous points de vue. Marie-France, Paul, Kiki, Martxel et Caliméro ont tous apprécié leur participation à ces beaux trails des Citadelles avec de très bons résultats. Les p'tits supporters également (Thomas, Alexis et Sara) choyés par Anne-Marie.
Un grand merci à Michel et à son équipe pour leur sang froid. Beaucoup auraient baissé les bras avec une telle météo. La relève est là pour continuer à faire vivre la légende des Citadelles et du Trail dans ce beau Pays d'Olmes. Bravo à tous.
Merci à Hélène Dagues - CapPhotos
Le château de Montségur. Au soir du 16 mars 1244 fument encore les braises du bûcher de Montségur où viennent de périr 210 parfaits ayant refusé de renier leur foi. La rédition de la citadelle met fin à la croisade contre les Albigeois qui, depuis 1209, a embrasé et ruiné le Midi. Le pog de Montségur reste aujourd'hui le symbole de la résistance cathare et du combat pour la liberté.
Le château de Roquefixade. Juché au sommet d'une impressionnante falaise, le château de Roquefixade fait face à celui de Montségur depuis le XIème siècle. Durant la croisade contre les Albigeois, le château devient un refuge pour les cathares. Il sera détruit en 1632 par ordonnance de Louis XIII.
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