A chacun son sommet

A chacun son sommet

ANBOTO KM BERTIKALA 2011 : à plus appuyer sur les genoux, à plus aller vite

 

 

Après l’Italie, voilà l’Espagne. Deux pays où la montagne est sanctifiée. Deux pays où l’effort en montagne est glorifié. C’est pour moi un réel plaisir d’être là, à Atxondo, au cœur de ces Pyrénées Espagnoles, pour prendre part à l’édition IV de l’Anboto Kilometro Bertikala. Une montée sèche de près de 1100 m de dénivelé positif, sur 3,8 km de distance. Un effort très particulier, intense. Et surtout, un effort réalisé au rythme des encouragements d’un public de passionnés, qui pousse chacun dans ses retranchements pour donner le meilleur de soi. Et les meilleurs… ils sont tous là. Le plateau de coureuses et de coureurs est exceptionnel… pour un kilomètre vertical superbe. Plus de 350 inscrits !

 


 

Ce samedi 1er octobre 2011, par une journée digne des plus belles d’un été, nous arrivons dans ce typique village basque d’Atxondo, dominé par la Cima del Anboto (1331 m). Une belle montagne aux contreforts assez impressionnants. Cet « Anboto BK », j’ai envie d’y participer depuis le récit que m’en a fait Niko le Lémurien. Je ne sais expliquer pourquoi, mais atteindre un sommet, d’une seule traite, le plus vite possible, ça me plait. C’est un défi sur soi. C’est surtout un challenge simple et quasiment enfantin. Savoir gérer son effort pour ne pas se retrouver hors jeu à mi parcours… tel est le principal enjeu d’un kilomètre vertical. En plus, Anboto se court en chasse, avec un départ toutes les 20 secondes entre chaque partant. Une sacrée émulation !

 

(cliquer sur la photo pour zoomer)


15 jours après le Tor des Géants, ses 330 km de distance… et ses 24 kilomètres verticaux (voir une Aventure Alpine), j’ai donc pris un dossard pour ce kilomètre vertical. Est-ce raisonnable ? Je ne me pose pas la question. Pour autant, je sais très bien que mon organisme a fortement subi pendant cette épreuve en Val d’Aoste. Mais j’ai envie d’y prendre part, pour « vivre » de l’intérieur cette course si particulière. C’est – encore une fois – l’appel de la montagne. Depuis le TdG, j’ai toujours la tête dans la montagne. J’ai même cette sensation si particulière (et trompeuse) d’avoir récupéré plus vite du corps, que de l’esprit. Je suis toujours dans le Val d’Aoste, empreint de l’ambiance, des paysages, des cimes…


Initialement, j'avais songé à être spectateur d'Anboto KB, pour voir le spectacle, pour encourager les amis. Je tiens d’ailleurs à remercier les organisateurs de m’avoir si gentiment accordé un dossard au dernier moment. L’accueil est ici simple et chaleureux. Du retrait des dossards au fronton… jusqu’à un buffet d’après course gargantuesque. Ce qui est sympa, en plus, c’est de venir en bande sur une telle épreuve. Nous sommes donc un bon petit groupe de la Lemur Team sur les flancs de la montagne. Pour y participer en tant que coureur ou en tant que supporter… et en profiter pour revendiquer notre hostilité à la future LGV qui doit, de ce côté aussi, balafrer la montagne.

 

 

 

Plaza de Arrazola, 239 m. Vers 15h53, je m’élance donc pour 3,8 km. Les encouragements sont nombreux… et s’intensifieront tout le long de cette belle ascension. Un peu plus de 800 m d’une petite route bitumée, puis c’est un agréable chemin qui nous conduit vers un petit plateau. Ravitaillement, puis direction le pied du mur, au km 2,5. Et là, c’est droit dans le pentu. Plus à cogiter. On débranche le cerveau… et on pousse. Je paraphraserai ici la citation de Ludo, un vosgien du Tor des Géants « à plus appuyer sur les genoux, à plus aller vite ». Je suis très à l’aise dans toute cette portion. Je suis dans la montagne et dans mon élément. Je vis, encore une fois, pleinement mon effort. Il faut y mettre les mains désormais, tant c'est raide. Je remonte des concurrents, dont Benoît, Chaba, Christophe, Bibiss. On s'encourage. Je me fais doubler également. Pas à réfléchir, l'objectif est au dessus de nous.


C’est vraiment une très belle épreuve. Aupa, aupa !!! Venga, Animo ! J’aime cette culture montagne, cet enthousiasme. Plus je m’approche du sommet, plus les spectateurs sont nombreux. C’est grisant. J'aperçois plus haut une foule qui crie et encourage. J’entends des Marco, Marco… et bientôt, Marco de Gasperi me passe. Impressionnant de facilité, il battra le record de l'épreuve (tout comme Oihana Kortarrek chez les féminines). Mes amis sont là pour m’encourager. Je pointe au contrôle. La Cima del Anboto est atteinte en moins de 50 mn. 49’43’’ pour être précis. Ça fait plus de 1300 m/heure. Un pur régal. Je toise les sommets environnants. Et encore une fois, je poursuis mon introspection avec la montagne. La course verticale est une épreuve très exigeante, physiquement et mentalement, pour aller chercher les ressources au plus profond de soi. Par contre, c’est peu traumatisant.

 

  


 

Nous resterons un bon moment, là haut sur ce sommet, à profiter de l’instant. Cela me fait penser aux dolomites italiennes. Le rocher est blanc, lumineux. Les crêtes sont aériennes et élancées. J’avais encore la tête dans la montagne depuis le Tor, et je suis heureux d’y être à nouveau. De partager cet effort avec les amis, avec tous les passionnés de montagne, de cimes et d’effort gratuit. Après une photo d'équipe de la Lemur Team, nous profiterons de la belle descente pour rejoindre le village et retrouver nos supporters et de nombreuses connaissances. 

 

Je remercie ici toutes celles et tous ceux qui ont contribué à ce bel intermède montagnard. Dommage qu’en France nous n’ayons pas un tel enthousiasme collectif, une telle reconnaissance, un tel état d'esprit. Nos montagnes pourraient accueillir de superbes épreuves. Vraiment dommage. Il faut venir en Italie, en Suisse ou en Espagne pour pouvoir vivre cette expérience de la course de montagne et du skyrunning. Des parcours techniques et engagés, surtout pas aseptisés, comme parfois chez nous. Et cette ambiance de folie. Une ferveur populaire qui transforme chaque épreuve en une véritable fête.  

 

 

Bravo à tous les amis. Merci à Niko et au Xtef pour cette belle incursion au Pays Basque Espagnol, prolongée le lendemain matin par une superbe rando-course sur les flancs du Jaizkibel, le long du litoral entre Pasaia et Gadaloupe. C'était vraiment un bien beau week-end. A bientôt sur les chemins, les cimes, les crêtes, les traces… bref, la  M O N T A G N E !


 

Le Site d’Anboto KB  Classement complet

Les clichés de Xtef Salerno  Euskadi Immersion by Niko



03/10/2011
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Nature pourraient vous intéresser